Accueil-Recherche - Adhésion - Nous écrire - Blog - Maladies - Traiter - Exercices - Index - Vocabulaire

Introduction: Une maladie génétique Maladie réputée comme étant celle des bons vivants, presque honteuse, la goutte est en fait une affection génétique: l'uricase, enzyme responsable de la dégradation de l'acide urique est moins efficace et celui-ci s'accumule dans le sang (hyperuricémie). L'excès d'acide urique peut provoquer la précipitation de petits cristaux d'urate dans une articulation: celle-ci s'enflamme très très vivement. Classiquement le goutteux atteint d'une crise au gros orteil ne supporte même pas le contact d'un drap. L'excès dans les urines peut aboutir à la formation d'un calcul, se révélant par une colique néphrétique. Malgré ces complications impressionnantes, la goutte est considérée comme une maladie relativement bénigne: classiquement l'accumulation d'acide urique ne semblait pas donner de complications vicieuses, comme l'encrassement des artères par d'autres troubles métaboliques. Beaucoup de gens ignorent qu'ils ont, pour des raisons héréditaires, un taux élevé d'acide urique et ne s'en plaindront jamais au cours de leur vie. Cependant, les études de ces dernières années sont en faveur d'un rôle aggravant au plan cardiovasculaire: l'hyperuricémie semble aggraver le risque vasculaire en présence des autres facteurs de risque d'artériosclérose (hypertension, diabète, obésité, cholestérol, antécédents familiaux). De plus, les gouttes sévères finissent par détériorer les articulations, soit par des dépôts osseux ou autour des articulations, soit parce que si les crises des grosses articulations ne sont pas traitées activement (les comprimés d'anti-inflammatoires ne sont pas toujours suffisants, il faut ponctionner systématiquement un gros genou goutteux), elles peuvent laisser des raideurs très gênantes. Par contre, un avantage possible pour les hyper-uricémiques : ils semblent moins exposés à la maladie d'Alzheimer. On recommande à présent le traitement dans ce contexte, avec l'objectif d'atteindre une uricémie inférieure à 60 milligrammes/litre.

Tophi (dépôts d'acide urique dans une goutte ancienne)

L'histoire naturelle de la goutte

Les premières crises:
Les débordements alimentaires jouent le rôle d'un déclencheur sur le terrain familial prédisposant: un repas riche en purines, les précurseurs alimentaires de l'acide urique, va faire bondir son taux dans le sang et déclencher la crise.
Les aliments responsables sont: surtout les abats, charcuteries, viandes rouges, noix d'apéritif, bouillons de viande, certains poissons (sardines harengs anchois, truite carpe brochet), la bière (avec ou sans alcool). Certains aliments n'apportent pas de purines mais peuvent déclencher des crises: alcool (surtout vins blancs et champagnes), graisses, voire d'autres aliments spécifiques à certaines personnes (champignons, chocolat).
La crise peut être aussi déclenchée par un traumatisme local, probablement parce qu'il désagrège un dépôt local d'acide urique. Typiquement, vous vous cognez le pied, pas méchamment, et dans les 24 heures, le gros orteil se met à doubler de volume et vous faire chanter.

Causes générales:
peuvent déclencher des accès même chez des personnes sans hérédité goutteuse. Ces causes doivent être cherchées attentivement chez les femmes, car la goutte primitive familiale est rarement féminine (5 fois moins fréquente chez les femmes).
-La cause la plus fréquente est la prise de diurétiques:
Fréquemment prescrits pour une hypertension ou une insuffisance cardiaque, ils diminuent pour la plupart l'élimination rénale de l'acide urique. Le médecin changera de médicament si c'est possible.
-Une intervention chirurgicale est un déclencheur classique de goutte chez un sujet prédisposé, car la résorption du saignement et des tissus lésés augmentent transitoirement le taux d'acide urique.
-A part: les hyperuricémies sévères dans les suites de traitement des cancers du sang par chimiothérapie: les nombreuses cellules détruites déversent une quantité importante, mais temporaire, de déchets dans le sang, dont l'acide urique.

La goutte à l'âge mûr:
Selon l'importance du taux d'uricémie, des dépôts tissulaires d'acide urique vont se former plus ou moins rapidement. Ils sont invisibles au début à l'intérieur des tissus. Ce sont de petits cristaux qui s'agglomèrent les uns aux autres et finissent par former un "caillou" de consistance crayeuse, visibles au voisinage des articulations superficielles (pieds, mains, coudes...): ce sont les tophi (tophus au singulier).
Mais avant le stade des tophi, les dépôts sont moins fermes et plus susceptibles de se désagréger, particulièrement si des variations brutales de l'uricémie modifient le phénomène de cristallisation. C'est vrai aussi si la cristallisation s'inverse et que l'acide urique redevient soluble, ce que l'on observe en faisant baisser l'uricémie: le dépôt est moins solide et peut provoquer une crise.
C'est l'origine des déconvenues en début de traitement de fond: le goutteux est souvent découragé de voir survenir davantage de crises après avoir commencé l'allopurinol, parce que le médecin a oublié de l'avertir ou de lui associer un traitement anti-crise pendant les 6 premiers mois, ou plus souvent parce qu'il oublie de temps en temps son comprimé (-> pic d'uricémie) ou pense qu'il n'est plus obligé de surveiller son régime...

Régime anti-goutte:
Les purines sont les précurseurs alimentaires de l'acide urique, dont l'excès sanguin déclenche la goutte.

Le régime anti-goutte: les aliments de la catégorie 1 sont proscrits. Ceux de la catégorie 2 doivent être pris en quantité modérée et de préférence pas tous les jours. A noter que les viandes jeunes sont les plus déconseillées; le poulet et le mouton sont celles qui contiennent le moins de purines. Les aliments de la catégorie 3 pourraient être consommés librement si le régime était seulement un régime pauvre en purines, mais c'est aussi un régime limitant les graisses. Préférez donc les laitages pauvres en matières grasses.
Attention, certains aliments contenant peu de purines sont pourtant connus pour déclencher des crises: alcool (surtout champagnes, bourgognes, bières fortes, porto), champignons, chocolat, asperge, oseille, rhubarbe... Cette susceptibilité est très individuelle (tel aliment déclenche une crise chez telle personne et pas chez une autre). Thé et café ne posent pas de problème.

Bibliothèque >