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L'origine rhumatologique
d'une douleur du thorax est fréquente mais doit être
affirmée avec prudence. C'est ce qu'on appelle un diagnostic par
élimination. Ont la priorité: les affections cardiaques,
pulmonaires, digestives. Le moindre doute sur une maladie d'un de ces
systèmes doit faire pratiquer les investigations nécessaires.
Ce n'est qu'en cas de normalité que l'on peut se rabattre sur une
explication rhumatologique.
Il existe cependant des signes d'orientation dans votre douleur qui aideront
votre médecin à soupçonner une origine rhumatologique
et à éviter des examens et des traitements inutiles. Appelons
la douleur rhumatologique "douleur de paroi" par opposition
aux douleurs profondes causées par les affections des viscères.
Nous décrivons bien sûr les grandes lignes. Il ne s'agit
pas de faire un auto-diagnostic: c'est très difficile, même
pour un médecin qui s'ausculte lui-même. Il s'agit d'aider
le médecin qui vous prend en charge à s'orienter lors de
votre interrogatoire.
La douleur de paroi est fréquente, voire
permanente, pas toujours déclenchée par un effort important,
plutôt par des mouvements précis ou des positions. Un changement
de position peut l'aggraver ou la soulager. Elle peut être vive
mais n'est jamais inquiétante (vous n'avez pas l'impression que
votre vie est menacée). Elle semble superficielle; même si
elle peut faire le tour du thorax, c'est comme une ceinture, elle n'est
pas transperçante. Vous pouvez la réveiller par une pression
sur l'endroit douloureux. Elle est facilement influencée par la
respiration (mobilisation de la cage thoracique).
La douleur cardiaque survient en une crise unique,
favorisée par un effort épuisant, dure rarement au-delà
de quelques minutes (sinon vous êtes mal parti), est très
angoissante, irradie volontiers à l'épaule gauche. Ce n'est
pas une douleur sur laquelle vous réfléchissez longtemps,
si vous êtes en état de réfléchir: vous sentez
tout de suite l'urgence.
La douleur péricardiaque (péricardite) est proche, sensation
de brûlure ou de serrement derrière le sternum, plus permanente
que la douleur cardiaque et influencée par la respiration.
La douleur pulmonaire est sourde, c'est une
oppression, parfois un coup de poignard dans le côté (affections
de la plèvre), parfois elle est aussi angoissante que la douleur
cardiaque (embolie) mais c'est rare. Elle est influencée par la
respiration, mais surtout il y a des signes d'accompagnement respiratoires:
toux, crachats, difficulté à respirer, fatigue.
La douleur de l'estomac et de l'oesophage est
centrale, derrière le sternum, à type de brûlure,
accentuée quand vous vous allongez, rythmée par les repas
(survenant une heure après, calmée par une nouvelle ingestion
d'aliments ou d'un plâtre).
La douleur du foie et de la vésicule est
à la base droite du thorax, peut irradier à l'épaule
droite. Elle est moins nettement rythmée par les repas que la douleur
de l'estomac et s'accompagne de gêne abdominale et d'autres troubles
digestifs: diarrhée, constipation, flatulences...
Les causes fréquentes de douleurs de paroi:
- le zona, névralgie intercostale très pénible avec
apparition (parfois retardée) d'une plaque de petites bulles claires.
- la névralgie intercostale de cause vertébrale, traitée
dans douleurs dorsales
- les fractures et fissures de côtes: le
piège le plus fréquent est quand le traumatisme responsable
vous a semblé tellement anodin que vous avez pu l'oublier: toux
sévère, chute banale, choc latéral. La douleur peut
être anodine au départ et se majorer secondairement, sous
l'effet de la respiration ou de positions forçant sur la partie
fragilisée de la côte. En cas de doute, il est toujours plus
malin de faire une radiographie des côtes que de se lancer dans
des explorations compliquées du foie, du poumon ou du coeur.
Il n'y a pas de traitement. A la phase douloureuse initiale la plus forte,
une immobilisation relative, par plusieurs épaisseurs d'élastoplaste
ou équivalent collées sur zone de fracture, est utile. Le
médecin peut faire des injections locales d'anesthésique,
dont l'effet reste temporaire. L'amélioration peut ne prendre qu'une
dizaine de jours en cas de contusion simple. Mais s'il y a fracture, il
faut entre 1 et 3 mois avant disparition complète des douleurs,
en fonction de l'immobilisation relative dans la journée et surtout
des postures nocturnes, qui doivent éviter les contraintes en torsion
sur la côte.
Voir le post détaillé sur comment se débrouiller avec une fracture de côte. 
Il arrive qu'une douleur thoracique ne trouve pas d'explication et que
l'on vous parle de "crise d'angoisse". C'est peut-être
la bonne explication, mais ce ne devrait pas être un diagnostic
"d'élimination", c'est-à-dire évoqué
quand le bilan n'a rien trouvé d'autre. Ce diagnostic devrait être
motivé par une enquête personnelle soigneuse et de préférence
des antécédents du même type. Il est en effet difficile
d'affirmer qu'un bilan a été assez complet. Les médecins
ont toujours la possibilité de vous découper un peu plus
en rondelles. Le diagnostic de crise d'angoisse peut être évoqué
d'emblée au même titre que les autres s'il y a des circonstances
favorisantes, et être éventuellement confirmé par
un entretien personnel pour éviter des explorations plus agressives.
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