Hétéro ? La flemme

S’il existe une puissance indéniable au féminisme militant, c’est bien dans sa capacité à transformer une femme au cortex bien agencé en simplette de service. L’éboulement frappe aujourd’hui Victorine de Oliveira, philosophe par ailleurs merveilleuse intervenante sur Philomag. A la lecture de ‘Réinventer l’amour (Comment le patriarcat sabote les relations hétérosexuelles)’ elle voit confirmé ce « dont elle avait l’intuition depuis un bout de temps ». Intuition ou friandise pour un psychanalyste ? Victorine se livre sans fard.

Tout militantisme pèche par réduction. Le féminisme n’y échappe pas. Chaque constat de Victorine est un angle caricatural spécialement choisi pour masquer les autres. Voyons cela :

Les femmes sont encouragées par la société patriarcale « à se faire plus petites ». Cf Sarkozy et Bruni sur une couverture de Paris Match, qui inverse leurs rapports de taille. Mais Victorine, faites-vous la différence entre l’apparence que chacun choisit pour le collectif et l’image de soi ? Les femmes très maquillées sont-elles toutes des poules racoleuses ? En vous maquillant, n’êtes-vous pas en train de valider un code patriarcal ? Cette photo, à moi, ne dit rien des relations intimes entre Sarkozy et Bruni, seulement qu’ils souhaitent montrer une image conformiste de leur couple au public.

Victorine « ne compte plus les fois où elle a douloureusement fait l’expérience [de l’infériorité féminine] ». Bellâtres méprisants, inquiétés par son érudition castratrice. Mais Victorine, si vous n’avez toujours pas trouvé votre couple fusionnel, qui donc rencontrez-vous, à votre avis ? Les garçons sensibles, intelligents, drôles, prévenants, si sincèrement amoureux qu’ils sentent valorisés plutôt que menacés par vos qualités ? Non. Ces perles rares sont casées depuis longtemps, depuis le lycée sans doute. Restent les individualistes opiniâtres, ceux qui cherchent dans la femme de rencontre un miroir caquetant « Tu es beau, puissant, génial ». Dans la bouche d’une femme éveillée ça sonne faux. On évite sa fréquentation. Ces hommes-là dissimulent derrière une cuirasse musclée une fragilité terrifiante, une assurance tellement infantile qu’elle ne peut supporter aucun auto-examen.

Vous lirez bientôt sur ce blog ce que signifie le couple, en tant que ‘troisième larron’ surimposé aux egos des deux compagnons. Ce larron est rarement partagé équitablement. Raison du déséquilibre guettant la majorité des ménages. Vivre en couple n’est pas se rendre indispensable à l’autre. Cela, seul votre ego en profite. Rendre le troisième larron séduisant pour l’autre est que lui aussi soit valorisé. Ainsi, Victorine, si tu veux intéresser un compagnon autrement qu’en tant que paire de fesses, est-ce judicieux de parler seulement de tes attentes ? N’est-ce pas faire la même chose que le macho d’en face ? Égotisme peu soucieux d’un quelconque collectivisme dans cette relation…

J’en arrive aux définitions du masculin et du féminin, qui feront également l’objet d’un article indépendant. Je les déconnecte du sexe biologique, pour en faire les parts individualisante et collectivisante de notre personnalité. Il devient facile de parler d’hommes féminins et de femmes machos. Précisons que la féminité n’a rien à voir avec le féminisme. Les militantes sont au contraire des modèles de machisme XX. Je ne m’en fais pas des amies, en parlant ainsi. Mais je leur pose la question : Si la féminité est le collectivisme envers autrui, où est la vôtre quand elle exclue la moitié de l’humanité ?

Victorine n’observe jamais chez une femme cette propension à inférioriser l’autre. Elle n’a pas du fréquenter beaucoup les entreprises. La tendance inégalitaire n’existerait pas chez les homosexuels. Tiens ? Je constate au contraire chez eux la reproduction des mêmes postures féminines et masculines exacerbées, comme chez les hétéro. Si le couple est un lieu d’échange, ce qui passe dans les deux directions n’est visiblement pas la même chose. Peu importe, tant que les deux directions sont bénéficiaires. Un couple fusionnel, c’est deux astres qui gravitent très proches de l’autre, pas une identité unique, pas un double de son propre ego.

Victorine, si au lieu de bâtir des théories sur les étoiles solitaires comme toi-même, tu examinais les couples soudés ? Ceux qui ont réussi à échapper au conflictuel 50-50 en triangulant leur vote avec celui du troisième larron ?

Et pourquoi les mâles qui t’attirent sont-ils systématiquement ces machos aussi durs à l’extérieur que fragiles dans leur assurance intérieure ? L’extérieur séduit-il ton désir de sécurité ou l’intérieur celui de maternité ?

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