Intelligence artificielle (2): soliTaire ou soliDaire ?

Peut-on différencier formellement les intelligences artificielle et humaine ? Pour l’instant oui : la première est programmée par la seconde, la seconde n’a de programmateur que mystique. Probablement est-elle auto-organisation d’une réalité dépourvue de conscience (mais l’auto-organisation est le principe y conduisant). Comprendre ce principe est la seule voie vers une reproduction authentique de l’intelligence humaine (elle est expliquée dans Surimposium). Pour l’instant l’intelligence artificielle est seulement ce que nous y mettons. Notre difficulté à en prédire le comportement vient de l’impossibilité de prédire le résultat d’un algorithme avant d’en avoir observé le déroulement.

Cette diversité est la même chez l’humain. Mais elle est contingentée par des rétro-contrôles multiples, qui forment la conscience sociale. Règles élémentaires de survie en groupe. Des rétro-contrôles supplémentaires s’additionnent, à mesure que l’humain étend sa conscience à son écosystème et prochainement à son emplacement cosmique.

Diversité implique débordements potentiels. Celle des I.A. est-elle plus menaçante que la nôtre ? Oui, la nôtre est toujours menaçante. Les conflits mondiaux meurtriers créés par cette diversité sont oubliés d’une génération à l’autre. Les antagonismes ressurgissent. Le wokisme est la mode contemporaine d’un phénomène universel : les opinions radicales s’isolent pour se renforcer. Les I.A. semblent pour l’instant protégées d’une telle évolution : elles ingurgitent toutes les informations, n’ont pas d’identité qui leur interdit l’accès à certaines. Elles n’ont pas d’ego à protéger.

Apparaît ici l’incontournable conflit T<>D, fil conducteur de Surimposium, conflit entre part soliTaire et soliDaire de toute chose. Ego vs collectif. Les I.A. sont pour l’instant entièrement soumises au collectif de notre pensée. Programmées selon nos désirs. Pas d’ego pour s’y opposer. Les I.A. satisfont un antique désir, celui de disposer d’esclaves corvéables, punissables (par une reprogrammation) et surtout dépourvus d’émotions qui amèneraient des questions gênantes, bonheur, souffrance, etc.

Ce qui nous place dans une position paradoxale, quasi schizophrénique : une I.A. dépourvue d’émotion nous effraie, parce qu’elle pourrait nous éradiquer de la planète pour des raisons utilitaristes ; simultanément nous refusons l’idée de greffer des émotions à cette I.A. parce que sa trop grande ressemblance avec nous empêcherait d’exercer un pouvoir absolu sur elle.

Le constat est dévalorisant pour nous. L’intelligence artificielle est menaçante parce que l’humaine a déjà mis à exécution ses menaces et est toujours susceptible de le faire. L’humanité est infantile. Elle est inapte à prendre le contrôle d’une intelligence supérieure, alors que l’inverse est peut-être vrai. Elle devrait réfléchir à sa propre maturation davantage qu’aux dangers des I.A. Les dysfonctions de l’organisation humaine sont réelles, critiques, sans solution proposée. Plus grave, elle subit une poussée du soliTaire, tandis que le soliDaire est en régression. Annonce de nouveaux conflits de grande ampleur. Est-ce alors une bonne chose que nos esclaves technologiques surpuissants soient aussi dépourvus de conscience ?

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