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Sécheresse synoviale: arthrose 2009 Mise à jour mars 09

Existe-t-il une sécheresse synoviale dans l'arthrose?

C'est une de nos questions non résolues. Cette hypothèse repose sur un faisceau d'arguments:
-diminution des sécrétions exocrines avec l'âge (larmes, salive, sécrétions génitales, sueur...)
-dérouillage et craquements matinaux s'améliorant après le début de l'activité physique
-effets favorables de la visco-supplémentation articulaire
-effets favorables des techniques manuelles, massages, décoaptation articulaire,
qui peuvent agir en exprimant la sécrétion synoviale, en la répartissant sur toutes les surfaces articulaires libérées de leur adhérence après une immobilisation prolongée.
Cette hypothèse n'est pas démontrée... ni infirmée, parce qu'aucune étude ne s'en est préoccupée.
Elle ne heurte aucune constatation de bon sens.
Les bénéfices des conseils pratiques qui en dérivent sont immédiats.
Les effets indésirables semblent... plus hypothétiques que ceux de n'importe quel médicament sur le marché.
Alors?
La pratique...

1) Les médicaments de fond de l'arthrose:
Nous les citons car ils sont très largement prescrits et dépourvus d'effets indésirables, mais leur bénéfice est très modeste, car leur action constatée dans le tube à essai est difficile transposable à l'organisme vivant, une très faible fraction de ce que vous avalez arrivant jusqu'à l'articulation.
Comme avaler quotidiennement une caisse de ces pilules semble coûteux et contraignant, faites éventuellement l'essai d'un traitement classique pendant 1 mois, et stoppez en cas d'échec.
Stoppez aussi si vous sentez une amélioration... pour vérifier, avec le retour progressif de vos douleurs, que c'est bien une action du médicament et non une rémission spontanée (l'arthrose évolue par poussées).
Pour être strict, il faudrait qu'on vous leurre en changeant votre traitement habituel par un placebo. Apprendre qu'un placebo vous soulage aussi bien a un avantage: vous arrêtez le traitement, dégoûté, et faites des économies. Mais vous perdez aussi le bénéfice (vous vous sentiez mieux) -> à moins que le traitement vous soit trop coûteux, fiez-vous finalement à vos perceptions plutôt qu'à ce qu'on vous raconte, dans une optique de confort sans risque et non de "ralentissement de l'arthrose".
Mon traitement préféré: 1 gelule de Piasclédine® plus 3 gelules de Structum® ensemble le matin (pas une caisse mais ça remplit déjà l'estomac!)

2) La visco-supplémentation:
Réticence devant les piqûres... mais la charge articulaire en lubrifiant n'a rien à voir avec tout ce que pourriez avaler, sans doute en vain, pendant des années.
A vrai dire la seule justification des pilules reste qu'on ne peut pas tout piquer:
L'injection de nombreuses articulations ramènerait aux vilains jours de la médecine tortionnaire, multiplierait le risque très faible d'infection, d'autant que ces produits ne persistent pas éternellement dans l'articulation et qu'il faut les renouveler.
Mais il y a des articulations vitales à préserver: hanche, genou pour la marche, épaule pour la gestuelle.
Genou et épaule sont très faciles à injecter, la hanche moins mais c'est là que la chirurgie donne ses résultats les plus miraculeux
-> la balance avantages/risques de la visco-supplémentation est moins bonne pour la hanche.
Le meilleur produit, par sa viscosité élevée et sa durée d'action, est le Synvisc®. D'autres sont moins chers mais obligent à des renouvellements plus fréquents.
Une étude indépendante des labos a confirmé la supériorité du Synvisc au genou (1).
Faites ces injections chez un rhumatologue entraîné, car elles sont délicates si l'articulation n'est pas gonflée, si vous êtes grassouillet. Une injection mal faite n'a guère de risque de vous causer des ennuis (c'est un produit chimiquement inerte, utilisé d'ailleurs en médecine esthétique en injections sous-cutanée pour lisser les rides) mais elle n'aura aucun bénéfice non plus et risque de vous détourner d'un traitement très utile.

3) Le traitement physique a 2 objectifs:
a) stimuler la sécrétion synoviale
b) la répartir dans l'articulation et redonner un glissement articulaire normal.
La plupart des mouvements articulaires en effet, sont la combinaison d'un roulement et d'un glissement.
Exemple de l'épaule, articulation principale faite d'une petite soucoupe creuse, la glène, et de la tête humérale grossièrement sphérique:
Quand on lève le bras sur le côté, la tête humérale "roule" dans la glène, et sortirait rapidement de cette soucoupe s'il n'y avait un glissement de la surface de la tête contre celle de la glène, qui la garde bien centrée.
Normalement.
Car la pathologie la plus courante de l'épaule, la tendinite de la coiffe des rotateurs, vient d'une désynchronisation entre roulement et glissement, qui fait monter la tête humérale et écraser les tendons qui la coiffent contre la voûte osseuse de l'acromion, excroissance de l'omoplate.
Le traitement physique articulaire, en redonnant un bon centrage au mouvement, traite ainsi non seulement les dysfonctionnements articulaires qui vont favoriser une arthrose, mais aussi les tendinites autour de l'articulation.

a) Stimuler la sécrétion synoviale:
Massez lentement et profondément l'enveloppe articulaire, qui démarre, selon la taille de l'articulation, de quelques millimètres à quelques centimètres autour de la fente articulaire elle-même.
Faites un massage global, pas ponctué. Imaginez que vous avez une grosse éponge sous les mains et qu'il faut en drainer toute l'eau qu'elle contient.
Utilisez facilement une huile de massage (pas trop glissante) pour ne pas vous arracher la peau et les poils.
Ce massage n'a pas besoin de durer plus d'une minute. Répartissez plutôt votre temps entre toutes les articulations "rouillées".
Le mécanisme est le même que lorsque vous fermez les yeux très forts pour vous faire pleurer: Vous "exprimez" la sécrétion cellulaire dans la cavité articulaire, vous faites une (gentille) agression qui oblige ces cellules à réagir, vous stimulez la micro-circulation locale qui favorise le métabolisme cellulaire.
Tout ceci c'est la théorie. Augmente-t-on vraiment la sécrétion synoviale?
La science ne l'a pour l'instant pas démontré. Les bénéfices constatés sont bons, même s'il est difficile d'affirmer que la sécrétion synoviale est réellement augmentée. D'autres mécanismes sont possibles: détente musculaire, stimulation des terminaisons nerveuses avec effet de contre-stimulation sur la douleur...

b) Répartir la sécrétion et redonner du glissement articulaire:
Une partie des techniques est difficile à réaliser seul.
Il est assez facile sans aide d'obtenir une décoaptation, c'est-à-dire une séparation des surfaces articulaires:

Les doigts:
Tirez lentement dans l'axe du doigt tout en essayant de bien le relacher. Imprimez éventuellement quelques petites secousses latérales pour faciliter la séparation des surfaces articulaires. Ne tirez pas trop fort, vous allez vous contracter. Maintenez par contre une trentaine de secondes.
Le professionnel: peut imprimer des petits mouvements d'avant en arrière, de droite à gauche, et de rotation, à chaque petite articulation enraidie de vos doigts. Très utile si vous n'avez jamais fait ces traitements et que la jointure est déjà nettement bloquée. Des franges des enveloppes articulaires se désincarcèrent et le glissement des surfaces de cartilage reprend.

L'épaule:
Prenez une bouteille d'eau de 1 à 2 litres. Penchez-vous légèrement en avant. Laissez le bras se balancer en vous décontractant, de façon à ressentir une nette sensation de traction vers le bas, voire de déboîtement (gentil) de l'épaule.
Gardez votre bouteille d'eau en main. Asseyez-vous sur une chaise haute, de côté, en passant le bras de l'autre côté du dossier (le haut du dossier vient s'appuyer tout en haut de votre aisselle. Décontractez. Tirez le buste vers le côté opposé au dossier, pour vous décoller le bras à sa racine. Soyez très doux et progressif pour qu'aucune douleur ne vous contracte, mais maintenez une trentaine de secondes.
Le professionnel: peut faire la même chose en tirant la racine de votre bras vers l'extérieur, une main dans l'aisselle. Il place votre bras à l'horizontale, appuyé sur une table, et imprime de petits mouvement d'avant en arrière sur la tête humérale à la racine du bras. Enfin, bras le long du corps, il vous tourne brusquement mais pas violemment le bras vers l'intérieur et vers l'extérieur pour faciliter les glissements en rotation.

Le genou:
Plusieurs méthodes pour décoapter un genou: les jambes allongées par terre, coincez le pied sous le lit ou le canapé, attachez un bracelet autour de la cheville avec une cordelette fixée à un meuble lourd, et reculez les fesses pour mettre la jambe en traction tout en décontractant les muscles.
Vous pouvez aussi, quand vous avez piétiné debout longtemps, passer l'appui sur une jambe et secouer doucement l'autre vers le bas.
Occupez-vous plus spécifiquement de votre rotule: jambe complètement allongée, vérifiez que vous pouvez la pousser d'environ 1 cm vers la droite et vers la gauche. Sinon, tirez-la légèrement vers l'avant pour la décoller, et poussez-la de chaque côté pendant 20 secondes, en détendant la cuisse.
Appuyez ensuite à son extrémité supérieure (côté hanche), et poussez-la vers la bas pendant 30 secondes. Si ce n'est pas douloureux, commencer à plier le genou tout en maintenant une ferme pression vers le bas.
Le professionnel: vous allonge, le genou fléchi à 30°, empaume le haut de votre tibia sur un côté du genou, et imprime un mouvement de translation d'avant en arrière, sans que le fémur bouge. Cela redonne du glissement dans le sens du mouvement du ménisque. Pareil ensuite sur l'autre côté du genou. Le côté extérieur bouge plus facilement que l'intérieur, surtout en cas d'arthrose.
Le vélo: est un excellent exercice pour redonner un glissement normal à toutes les articulations du membre inférieur. Réglez la selle le plus haut possible, pour faciliter la traction quand la pédale est en bas, et éviter une compression permanente de la rotule.

La hanche:
Mêmes méthodes pour décoapter que pour le genou. Les secousses du membre inférieur laissé ramollo sont efficaces.
Le professionnel: mobilise votre hanche avec des petits mouvements d'avant en arrière, de dehors en dedans, et de rotation.
Cependant ne soyez pas trop déçu d'un effet moins probant de ces techniques sur la hanche: ce n'est pas une articulation qui alerte précocément de sa détérioration. Quand elle vous gêne sérieusement, elle est souvent sévèrement abîmée, et il n'est déraisonnable de songer rapidement à la chirurgie.

La cheville:
Sa mobilité semble moins essentielle, au point que les chirurgiens la bloque encore fréquemment plutôt que la remplace par une prothèse. Mais c'est un des "ressorts" de la marche, et sa disparition, entraîne des contraintes supplémentaires sur le pied, le genou, la hanche, la colonne vertébrale.
Asseyez-vous par terre, attrapez votre pied, plus précisément empaumez fermement votre talon, tirez doucement dessus pour détendre la cheville. Imprimez un lent mouvement de rotation à votre pied, que vous agrandissez progressivement. Changez de sens. Vous pouvez aussi basculer votre pied de droite à gauche.
N'oubliez pas les secousses de la cheville laissée ballante.
Le professionnel: imprime un mouvement de translation d'avant en arrière sur vos malléoles, bloque ensuite la cheville avec ses mains et bascule latéralement votre talon pour mobiliser l'articulation sous-astragalienne (entre la cheville et le talon), mobilise les petits os du tarse (le milieu du pied) et tire sèchement sur vos orteils.


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