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Proprioceptivité, douleurs, et discours ostéopathique Mise à jour: 7/09

Devez-vous faire plus confiance à ce que trouve l'ostéopathe qu'à ce que votre corps vous raconte?

L'ostéopathe se fie à des règles. Il cherche des asymétries, des défauts de mobilité, des mauvais positionnements. Mais comment savoir s'ils sont, chez vous, vraiment pathologiques?
Nous ne sommes pas symétriques. Nous sommes adaptés.
Adaptation qui se produit surtout pendant la croissance, beaucoup moins par la suite. Un enfant coureur aura des membres inférieurs bien conçus pour la course à pied. Un jeune tennisman ne fera pas de tendinites au membre supérieur, adapté tôt aux gestes contraints par ce sport.
Bien des problèmes de la maturité viennent des changements d'habitudes physiques: travail assis en permanence quand on était très sportif jeune, ou au contraire charges et marches fréquentes alors qu'enfant, on était fâché avec les activités physiques.

Nous sommes un ensemble d'automatismes et de programmes de correction.
Ce que va trouver l'ostéopathe peut être le résultat d'une compensation tout à fait adaptée à votre fonctionnement très personnel. Intervenir n'est pas, dans ce cas, judicieux.
Explication aux douleurs qui apparaissent en des endroits dont l'ostéo s'est occupé, ayant repéré un placement vertébral insatisfaisant, mais dont vous ne vous êtes jamais plaint...
Le thérapeute s'en tire par une pirouette, expliquant qu'il a "révélé" un trouble que vous ne ressentiez pas. En fait il a modifié un équilibre qui tenait par ce placement particulier.

L'idée de "symétrisation" ou de "schéma idéal" pour le fonctionnement global est une utopie, dont personne ne peut détenir les innombrables clefs. La santé ostéo-articulaire passe par de bonnes compensations, et c'est là une des grandes inégalités entre les individus, certains dits d'excellente "proprioceptivité" trouvant intuitivement et spontanément les meilleures attitudes, d'autres n'y comprenant rien.
Les premiers sont bien sûr ceux préférentiellement portés sur les activités physiques en tous genres, conformation cérébrale qui se manifeste très tôt dans la vie avec des enfants qui montrent de pétulants centres moteurs, tandis que d'autres restent plus longtemps la main pendouillant au bout du bras, avant de découvrir à quoi elle sert.
Mais l'activité physique n'est pas que compétition, elle est aussi adaptation à son mode de vie.

Pouvez-vous vous fier à ce que vous ressentez?
Vous en doutez certainement si vous êtes préventivement chez l'ostéo tous les mois.
Vous doutez surtout de vos capacités à le faire.
C'est le plus grave, surtout si vous vous entourez de personnes qui vous aideront à vous en convaincre, pour des motifs commerciaux.

Rendez-vous compte de la perfection de vos automatismes déjà existants:
Cet assemblage biscornu d'os, de cordages, d'organes, d'excroissances variées,
tient debout tout seul, sans que vous y pensiez !
(si vous vous êtes assis rien qu'à cette idée, je vous conseille de vous faire brancarder immédiatement chez le psy...)
Vous êtes donc, de base (et de sommet), très performant. Un édifice remarquablement stable.
Et capable, de surcroît, de vous avertir des adaptations à suivre pour que l'auto-réparation agisse en toute efficacité: la douleur est un signal fort. La douleur dit "non". Sa disparition dit "oui", bougez à nouveau.

3 erreurs vous guettent en respectant aveuglément le signal douloureux:

1) Ne tenir compte que de la douleur "valeur absolue" et non de sa quantité et de son évolution:
Beaucoup d'entre nous ont une attitude névrotique vis à vis de la douleur: elle réveille de telles angoisses qu'elle nous paralyse tant qu'elle n'a pas entièrement disparu. L'entourage et le corps médical n'aide pas toujours avec une attitude hyperprotectrice et sécuritaire, en vue de l'impossible risque zéro.
Or, l'immobilité entraînant ses propres perturbations, elle peut développer de nouvelles causes de douleurs -> on attend en vain la guérison.
Smartattitude: Reprenez très prudemment mais rapidement vos activités, en évitant celles qui réveillent manifestement une douleur vive et identique à celle du départ.

2) Se faire prendre au piège d'une douleur "projetée":
Le rôle normal du nerf est de conduire les informations des terminaisons nerveuses, de la périphérie du corps, vers votre cerveau.
S'il est lui-même irrité, il envoie exactement la même information (= que la région dont il s'occupe a un problème) alors que la lésion est située sur un point de son trajet, très souvent à son entrée dans la colonne vertébrale.
Si vous ne vous en rendez pas compte, votre conduite anti-douleur préserve une zone parfaitement en bon état, et peut surmener au contraire la zone de la lésion (exemple marcher avec la jambe raide à cause d'une sciatique, qui aggrave l'agression du nerf sur la colonne par le déhanchement).
Smartattitude: Vérifiez en appuyant en profondeur sur l'endroit douloureux et en le bougeant que c'est bien là que se situe le problème. Si seule la peau est douloureuse et que le mouvement n'aggrave rien, chercher plutôt ailleurs, le plus souvent sur la colonne vertébrale, le "point-gâchette", zone très précise où le nerf est irrité et qui réveille à distance, votre douleur habituelle.

3) Avoir un "seuil de la douleur altéré", le prototype de cet état étant la fibromyalgie:
Vous ressentez en permanence une douleur anormale et indépendante de quelconques lésions sur les endroits sensibles. C'est le fonctionnement de votre cerveau qui est altéré. Problème de programmation mentale ou anomalie neurobiologique indépendante du psychisme? On a toujours pas découvert cette dernière.
Smartattitude: Vivre sans croire que son corps est malade. Chercher dans son histoire personnelle ce qui a pu favoriser ce dérèglement mental. Ce n'est jamais évident ni facile. Pas la peine non plus de s'inventer une cause, qui sert parfois à en cacher d'autres. Travail très difficile à faire seul. Croyez-vous qu'un programme cérébral puisse repérer ses propres dysfonctionnements, et comment saura-t-il quelle est la meilleure solution? Certains y arrivent... parce qu'ils sont des programmes particulièrement intelligents !

Ces automatismes, qu'est-ce qui les perturbent?
Les troubles proviennent très souvent d'informations sensorielles anormales: vue, dysfonctionnement mandibulaires, appui plantaire anormal, oreille interne (équilibre), mais aussi toutes les positions contraignantes et/ou statiques pour des articulations bien précises, au premier rang la station assise.
Beaucoup d'accessoires courants sont contraignants: la chaussure contraint le pied, la raquette contraint le coude du tennisman, la chaise contraint le rachis. La plupart des douleurs ostéo-articulaires proviennent d'une insuffisance de mouvements libres, spontanés.

Si vous n'êtes pas intéressé par l'aspect ludique des activités physiques,
privilégiez celles qui favorisent les mouvements libres et évitent les coups:
jogging, marche rapide, natation, gymnastiques sans appareillage.

Entre ceux dont le corps fonctionne parfaitement, sans connaître bien profondément le "qui" aux commandes,
et ceux fascinés par leur seul esprit, au point de traîner leur corps comme une béquille inconfortable et tordue,
ferez-vous partie de ceux qui atteignent l'harmonie?