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Spondylarthrite
ankylosante (SPA)
Ce rhumatisme inflammatoire fréquent peut démarrer à
tout âge, le plus souvent au début de l'âge adulte.
On a cru longtemps que c'était une maladie masculine. Mais en fait
elle touche aussi souvent les femmes, de façon moins sévère.
Elle prend l'allure chez vous mesdames d'un banal mal de dos, particulier
par son opiniâtreté, sa prédominance matinale et le
soulagement net apporté par les anti-inflammatoires.
La SPA est un rhumatisme "axial", c'est-à-dire qu'il
touche surtout la colonne vertébrale, rarement les articulations
des membres. Il s'oppose ainsi à la polyarthrite rhumatoïde,
l'autre rhumatisme fréquent, qui est lui "périphérique".
La douleur lombaire est la manifestation la plus constante. Pour la différencier
de la lombalgie courante, liée à la souffrance du disque
intervertébral, voici les éléments les plus évocateurs:
-l'âge de début est inhabituellement jeune pour une lombalgie
discale, souvent entre 15 et 30 ans
-douleur diffuse prenant souvent les fesses aussi bien que le bas du dos
(lombalgie discale: "point" plus précis, sauf quand la
douleur diffuse le long des nerfs, fréquent chez les femmes trop
grosses et trop cambrées)
-douleur matinale, s'échauffant avec les activités physiques,
enraidissante si on reste sans rien faire (lombalgie discale: aggravée
par l'effort, la station assise et debout prolongée dans la journée)
-poussées douloureuses démarrant sans raison, durant plusieurs
semaines à plusieurs mois (lombalgie discale: déclenchement
par un effort ou une détérioration de l'hygiène de
vie, douleur variable d'une journée à l'autre)
-s'allonger ne soulage pas, les nuits sont difficiles lors des poussées
(lombalgie discale: on peut avoir du mal à s'endormir si les douleurs
sont en fin de journée, mais la nuit se passe bien si on a trouvé
sa position)
-d'autres membres de la famille ont eu (jeunes) mal au dos. Bien sûr,
s'il y a eu un diagnostic de SPA porté dans la famille, cela augmente
nettement la possibilité que vous en ayez une. Mais la lombalgie
est un problème tellement courant qu'avoir des parents qui souffrent
du dos n'est plus vraiment un critère évocateur.
-les anti-inflammatoires et l'aspirine sont très efficaces, permettant
d'avoir une activité physique normale (lombalgie discale: ces médicaments
vous sont utiles, mais ne font que masquer la douleur, les efforts importants
restent difficiles).
Le médecin confirmera le diagnostic avec des radiographies et une
prise de sang. Elle comporte éventuellement un test génétique,
la recherche du fameux HLA B27, gène présent plus de 9 fois
sur 10 dans cette maladie. Attention, c'est un gène relativement
fréquent dans la population générale: avoir mal au
dos et être positif pour le B27 ne veut pas dire que vous avez une
SPA, les 2 étant fréquents. Ce gène est plutôt
un argument de confirmation du diagnostic, utile dans des situations litigieuses
plutôt que devant des symptômes typiques. Le test B27 n'est
pas remboursé par la sécurité sociale. Inutile de
le faire parce que quelqu'un de votre famille a une SPA. Signalez plutôt
ce fait à votre médecin et demandez-lui si vos propres douleurs
peuvent être en rapport.
La SPA n'est pas un rhumatisme "méchant" dans la très
grande majorité des cas. C'est avant l'arrivée des anti-inflammatoires
qu'il a bien mérité son titre d' "ankylosant".
Les personnes touchées n'ayant pas grand chose d'efficace pour
se dérouiller devenaient peu à peu raides comme des bambous,
colonne rigide avec la tête regardant les pieds, limitation de l'amplitude
respiratoire. Ces SPA "historiques" ne se voient plus car les
anti-inflammatoires sont des médicaments efficaces. Ils ne doivent
pas être considérés juste comme des médicaments
de confort. Vous ne pouvez pas "esquiver" ces douleurs qui n'ont
pas de justification (pas d'effort physique déclenchant). Les supporter
finira par miner votre bonne volonté et vous ferez des compromis
physiquement qui vont favoriser un enraidissement. Les anti-inflammatoires
doivent être considérés comme un traitement de fond,
comme les exercices de rééducation. Vous n'êtes pas
obligé d'en prendre en permanence, car il y a des périodes
où votre maladie vous laissera tranquille. Mais n'hésitez
pas à en prendre en continu pendant les longs mois que durent parfois
les poussées douloureuses.
La rééducation est très utile. Un kiné vous
montrera des exercices d'assouplissement pour la colonne et la cage thoracique
(vous en trouverez bientôt ici un rappel). La répétition
des séries de séances dépendra de votre autonomie
dans ces exercices, et votre attirance pour la physiothérapie avec
laquelle il adoucira vos périodes les plus difficiles.
Dans certains cas, rares heureusement, la sévérité
de la maladie peut obliger à démarrer un traitement de fond
du rhumatisme. La cortisone est efficace, mais ses inconvénients
doivent faire discuter sa prescription au cas par cas. La SPA est une
maladie moins grave que la polyarthrite rhumatoïde: les effets indésirables
des traitements prennent d'autant plus de relief.
La complication à connaître quand on souffre de SPA: l'uvéite.
C'est une inflammation rhumatismale de l'oeil. Elle a l'allure d'une banale
conjonctivite, mais très douloureuse, survenue sans cause apparente,
et ne guérissant pas. Le traitement est urgent: foncez chez l'ophtalmo,
il faut mettre régulièrement un collyre à base de
cortisone, voire faire des injections intra-oculaires de cortisone dans
les cas difficiles (brrr...). Si vous négligez l'affaire, vous
risquez de garder des cicatrices à l'intérieur de l'oeil
et de subir une baisse définitive de vision. C'est une maladie
associée à la SPA plutôt qu'une complication. Elle
est également associée au gène B27. Certains peuvent
faire des uvéites à répétition sans jamais
faire de SPA et vice versa.
A signaler également, une manifestation particulièrement
casse-pied, au sens propre et figuré: l'enthésopathie.
C'est une inflammation de l'attache d'un tendon sur l'os (enthèse),
fréquente au talon (attache du tendon d'Achille). Les enfants et
les adolescents sont les plus souvent concernés. La douleur est
permanente, majorée par le sport (tractions sur le tendon). Mais
elle ne correspond pas à une réelle lésion du tendon.
Il n'est pas fragilisé et l'ado peut continuer à faire du
sport s'il le souhaite, malgré la douleur. Il est raisonnable de
prendre de l'aspirine par exemple, une heure avant l'activité sportive
pour la rendre plus tolérable. Les anti-inflammatoires, cependant,
sont peu efficaces sur les douleurs continuelles de l'enthésopathie:
c'est une zone peu irriguée où les médicaments arrivent
en faible concentration. Les gels ou pommades ont du mal à traverser
la peau, épaisse à cet endroit, et deviennent fastidieux
au bout d'une semaine ou deux. L'infiltration est efficace. Elle est désagréable.
Son effet n'est pas éternel mais le médecin peut la répéter
si vous trouvez que le résultat vaut le coup. L'enthésopathie
finit par disparaître spontanément, au bout de plusieurs
mois à quelques années. Elle laisse en cicatrice une ossification
de la naissance du tendon ("épine").
Autres spondylarthrites
Un rhumatisme identique peut accompagner le psoriasis et certaines maladies digestives chroniques: rectocolite hémorragique, maladie de Crohn...
Les traitements de la maladie causale et de la spondylarthrite sont généralement les mêmes,
sauf pour les anti-inflammatoires non stéroïdiens, contre-indiqués par les maladies digestives.
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