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Héritage animal 6/07

L'homme est le produit d'une évolution. Son héritage animal est incontournable. Reflété dans ses conduites les plus élaborées.
Le but du mâle est de se perpétuer en répandant son abondante semence dans le maximum de femelles susceptibles de devenir gravides. Il est en compétition avec les autres mâles. L'agressivité, au règne de l'anarchie animale, est un avantage.
Pour la femelle, la tâche est plus lourde. Elle fabrique l'essentiel du rejeton bien plus lentement que le mâle multiplie ses spermatozoïdes, et assure ses besoins jusqu'à un début d'autonomie. Tâche coûteuse, qui ne lui permet pas d'espérer laisser plus d'une dizaine de petits derrière elle, s'ils sont de bonne constitution.
Elle est donc plus attentive au choix de son partenaire. A vrai dire, la compétition des mâles décide souvent à sa place. Le plus performant l'emporte. Elle le garde pour les accouplements suivants sauf si un autre, aux attributs nettement plus attrayants, se présente, et élimine le premier sans vraie négociation...

Chez l'humain moderne, cet héritage peut être localisé:
-géographiquement comme le cerveau limbique
-fonctionnellement comme l'instinct
-psychanalytiquement comme le Ca ou les pulsions
-j'aime bien personnellement parler de la "chaudière" du cerveau humain, avec l'image d'un psy aux mécanismes de contrôle surdeveloppés, se chauffant aux pulsions débridées de ses patients comme un papillon hypnotisé par la lumière.

La chaudière est recouverte d'un épais filtre, tissé lentement dans l'enfance. Réseau de consignes, d'interdits, de routines, de frustrations, de désirs parentaux informulés.
Ce filtre canalise l'énergie de la chaudière. Parfois très épais à certains endroits, il se bouche. Comme il faut bien que l'énergie se libère quelque part, elle crée des enchevêtrements névrotiques ailleurs.
Ceux qui arrivent à juguler parfaitement tous les emballements de la chaudière... ont peu de conflits, et vivent peu de moments forts également.

Les experts du développement psychologique hésitent à définir le masculin et le féminin. Dans la recherche de l'égalité des sexes, l'héritage animal est enterré.

Il est pourtant sous nos yeux tous les jours, dans le ballet des adolescents, dont le filtre est encore perméable aux poussées hormonales. Les garçons papillonnent de fille en fille, espérant les avoir toutes. Les filles rêvent d'être emportées par le meilleur. Critères remodelés par la société moderne.

Source inépuisable de frustration, dont le cerveau démocratique moderne s'accommode mal. Les rapports humains se sont fortement compliqués. Irrésolu est le dilemme de la plus belle femme qui ne peut pas être engrossée par tous mais seulement par un bellâtre à fort relent d'infâme capitaliste. Tout aussi détestable est le même bellâtre s'il décide d'engrosser les autres femmes, même si cela répond parfaitement à leurs espérances.

Les cultures traitent différemment cet héritage.
Certaines tolèrent encore la polygamie. Le seul critère de mâle dominant est la richesse.
La majorité ont édicté la monogamie en règle. Paix sociale améliorée. Mais les pulsions sont en cage. Génératrices de névroses et de conflits conjugaux. Elles poussent les maris au Ca surdéveloppé à la recherche d'autres partenaires, et les épouses à conjoint routinier vers un reproducteur plus éblouissant.

Vous pensez le filtre civilisateur efficace? Il ne manque pas d'exemples d'homme marié à une superbe épouse et qui papillonne ailleurs, ou de femme n'ayant strictement rien à reprocher à son mari et qui vit pourtant dans l'insatisfaction.

Beaucoup de comportements s'emboîtent facilement en ayant notre héritage en mémoire:
-Le tempérament masculin, décrit par les psy comme "centrifuge", tourné vers ses partenaires. Le tempérament féminin, lui, est "centripète", tourné vers la protection de sa progéniture et la sienne.
-Le garçon attache une importance plus grande aux attributs physiques, en particulier ceux en rapports avec la gravidité, tandis que la fille a ses propres critères pour évaluer le meilleur père de son enfant, pas forcément physiques: position sociale, richesse, tendresse/protection, humour/réactivité.

Compliquons les choses: Parlons de tempérament masculin et féminin. Pas forcément hébergé par le sexe idoine. Des enfants se trompent à la naissance de mère, petits cygnes qui ouvrent les yeux sur une canne et la prennent pour leur génitrice. Situation favorisée par l'allaitement plus rare, la mère au travail, le père qui remplace la mère, le parent unique.

Le dilemme de notre héritage animal a 2 grandes solutions:
L'une est le fantasme.
L'autre est de tendre vers l'idéal de votre partenaire.

Là encore hommes et femmes sont inégaux:
L'homme peut gagner son statut de protecteur d'élite en multipliant les efforts pour s'améliorer, en bannissant les routines et les regards blasés, en s'habillant mieux, en grimpant l'échelle sociale et en devenant plus célèbre.
La femme, elle, peut difficilement se multiplier.
Je ne vous imagine pas, mesdames, recrutant des copines assez attirantes pour assurer de la diversité génétique à votre époux sans mettre votre couple en danger.
Bien sûr, votre amélioration personnelle a aussi de l'importance. Mais rappelez-vous que nous ne parlons pas de machisme mais de comportement animal: Vos attributs gravidiques tentateurs ne pourront masquer complètement ceux des autres femmes qui vous entourent, même si vous laissez un important budget chez le plasticien, ou achetez des lunettes en peau de saucisson à votre bien-aimé.

C'est pourquoi il nous faut, tant hommes que femmes, laisser le champ libre au fantasme.

Le fantasme a mauvaise réputation parce qu'étroitement associé à sa réalisation.
A tort.
Le fantasme est une idée, pas un acte. Vouloir éviter des actes jusqu'à abolir des idées a des relents de normalisation assez effrayants.
En l'occurrence pour notre sujet, fustiger le fantasme équivaut à réclamer une castration intellectuelle. Réfléchissons bien. Côtoyer une chaudière éteinte est bien triste. Le risque est d'enterrer sa vie sexuelle avec celle de l'autre.

Le fantasme est également mal vu... quand les supports en sont trop visibles. Ceux qui cherchent à enterrer leur animalité n'aiment pas se la voir rappelée par des rangées de magazines étalant la chair, par des sites internet et des films porno. Le fantasme passe mieux notre filtre quand il se cache dans le 7ème art, ou dans un livre aux caractères parfaitement identiques à ceux des autres.

Il est facile pour celui doté d'une belle imagination de bâtir tout un univers érotique à partir de quelques lignes d'un livre ou d'un bref regard sur une personne croisée. Caché dans un fourmillement de dépolarisations neuronales, ce monde est bien à l'abri d'une accusation de luxure.
D'autres sont moins autonomes pour fabriquer leur fantasmes. Il leur faut des stimulations sensorielles plus détaillées, surtout voir, car les autres sens sont moins favorisés par les médias.
Au bout du compte, quelle est la différence?
Les règles sociales et leurs gendarmes doivent se concentrer à la frontière entre idée et acte. Que soient respectés les souhaits dans les idées, et les refus dans les actes. Que soit respectée la liberté de chacun... ou du moins ce que l'inconscient nous en laisse.

Les adversaires du fantasme exposé regroupent les pseudo-désanimalisés et les cachottiers.
Les pseudo-désanimalisés sont les plus militants. Leur filtre civilisateur est généralement plutôt mince mais bien bouché. Ils pensent s'être débarrassés de leur animalité. La sexualité est éteinte certes, et souvent intestin et vessie prennent d'autant plus d'importance!
Les cachottiers n'avouent rien de fantasmes qui les inquiètent. Par ricochet, le fantasme affiché leur paraît nauséabond. Mais ils le dénigrent par entraînement plutôt que militantisme, ayant conscience de l'hypocrisie de la démarche.

Parmi les cachottiers, plus malins, certains avancent l'argument de l'exploitation des femmes et des enfants dans l'industrie du fantasme. Certes. Mais ils sont au bord d'un gouffre sans fond, espérant le combler en lançant une grosse pierre. L'exploitation est partout, bien enracinée, et plus profondément dans d'autres cultures que la nôtre. La violence morale générée par cette industrie est infime par rapport à celle, nichée au sein de la vie des familles, issue de l'insatisfaction des pulsions.
Où est l'exacte frontière avec l'exploitation des physiques à des fins publicitaires et cinématographiques? Pouvez-vous croire qu'il existe femmes (ou hommes) plus heureux de monnayer leurs charmes que d'avoir un obscur petit travail bureautique, où le compagnon de tous les jours est une machine sans âme, qui ne rosit que lorsqu'il s'ouvre sur le web, immense réservoir d'Autres?

2 moyens de lutter contre l'animalité: Epaissir son filtre... et la lobotomie.
Une 3ème voie: s'accepter dans son intégralité. Ne pas chercher à éteindre la chaudière, mais canaliser son énergie dans la voie que l'on choisit. Les frustrations sexuelles peuvent produire un élan farouche pour réussir dans d'autres domaines. Nombre de célébrités artistiques et scientifiques en témoignent.

A ce compte, considérez le fantasme comme soupape de sûreté et non comme finalité. Le fantasme peut être drogue, comme un jeu vidéo.
Il peut aussi disparaître, en identifiant les malchances qui nous sont inculquées... et les chances que nous avons réellement rencontrées.

Séquelles:
Ne voit-on pas dans l'héritage animal la raison du goût pour le mystère?
Que tout soit compris et connu... ramène trop à ce que l'on veut dissimuler de soi.
C'est pourquoi voyantes et patamédecins ont autant de succès, que les théories farfelues restent incompréhensiblement populaires, même quand la véritable explication est démontrée.

Un exemple: Les futures mères ont longtemps utilisé toutes sortes de techniques ésotériques pour deviner le sexe de leur enfant. A l'heure où l'échographie donne la réponse exacte, les mêmes demandent au gynéco de ne rien leur dire...


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