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Arthrose du genou, ménisques Mise à jour: 5/07

 

 

 

 

 


Ménisques vus d'avion

 

 

 

 

 


Schéma genou normal et arthrosique

Les points essentiels pour comprendre:

La mécanique articulaire
-Les extrémités osseuses au genou n'ont pas des formes qui "collent" bien: le fémur se termine par 2 boules accolées, le tibia est un plateau, dont une moitié est légèrement creuse, l'autre bombée.
-Ces extrémités sont recouvertes de cartilage, sorte de pneu très ferme d'un demi-centimètre d'épaisseur, qui amortit les chocs entre les os.
-Les ménisques sont des cales en cartilage qui adaptent les extrémités osseuses l'une à l'autre. Ils avancent et reculent dans le mouvement de flexion-extension.
-Les ligaments croisés sont tendus du fémur au tibia en plein milieu de l'articulation. Ils s'enroulent l'un sur l'autre, serrant les os en flexion, les desserrant en extension.
-La synovie est un liquide fabriqué par l'enveloppe articulaire (membrane synoviale), à consistance d'huile légère, présent normalement en petite quantité pour humecter les cartilages et diminuer les frottements.
-Ce mécanisme peut paraître biscornu, mais est en fait très performant pour assurer le mouvement essentiel, la flexion-extension, de façon stable, tout en autorisant de petits mouvements de rotation pour diminuer les contraintes en torsion sur les os longs, fémur et tibia (limite le risque de fracture).
-Le fonctionnement du genou est indissociable de celui de la hanche et de la cheville/pied. La souffrance d'une de ces articulations peut être favorisée par une anomalie, indolore, sur ses voisines. Le genou est y particulièrement exposé, lui qui est une liaison entre 2 points d'appui fixes, pied au sol et hanche fixée par l'inertie du poids du tronc. Une anomalie d'axe ou de torsion du membre retentit immédiatement sur le genou.

La réparation des tissus
-L'os comme le cartilage sont des tissus vivants qui s'auto-renouvellent en permanence, mais de façon beaucoup plus lente que la peau par exemple.
-L'os est alimenté par des vaisseaux sanguins. Pas le cartilage, qui est nourri par diffusion des nutriments à travers le plancher osseux, et par la synovie qui le baigne.
-Si les contraintes quotidiennes provoquent des lésions qui débordent la vitesse de réparation, des lésions vont apparaître, diminuant la résistance des tissus:
-Les lésions osseuses sont des microfractures. Elles donnent des douleurs de type "foulure", apparaissant dès que l'on appuie sur l'os (station debout), disparaissant en position assise ou couchée.
-Les lésions du cartilage entraînent un ramollissement du "pneu". Les frottements articulaires en arrachent des fragments. Ces fragments aggravent les lésions, comme du sable dans une mécanique. Ce sont bientôt de véritables filaments de cartilage, voire des lambeaux, qui se détachent de la surface et peuvent laisser l'os à nu (A).
-Les débris de cartilage sont très irritants pour l'articulation. Ils sont captés par l'enveloppe articulaire, membrane synoviale, qui s'enflamme pour s'en débarrasser. Elle fabrique du liquide en abondance (épanchement de synovie) pour diluer l'irritation causée par ces débris. L'afflux de cellules "éboueuses", qui vont détruire ces débris, entraîne une congestion douloureuse de la synoviale.
-Ainsi les douleurs causées par les lésions du cartilage sont plus permanentes que les douleurs osseuses. Parfois même, elles sont majorées la nuit en position couchée, alors que le genou n'est pas en charge. Caractéristique des douleurs d'inflammation. Elles peuvent durer de quelques jours à plusieurs mois, selon que les lésions se stabilisent ou non (de nouveaux débris entretiennent l'inflammation).
-La réparation de l'os est plus ou moins intense pour des motifs génétiques. Chez certains elle est presque trop efficace, aboutissant, si les microfractures se répètent, à un os très dense, qui devient un plancher dur pour le cartilage et dans lequel les nutriments vont moins bien circuler. L'os est ainsi responsable en partie de la dégradation du cartilage. Chez d'autres personnes (tendance à l'ostéoporose), la réparation est moins intense, les microfractures se répètent, les douleurs à l'appui persistent. C'est le principal motif qui fait réclamer la prothèse.
-La réparation du cartilage dépend d'une bonne circulation des nutriments, donc d'un bon état osseux, de l'absence de débris dans l'articulation et de nouvelles contraintes excessives sur la zone lésée.
-Attention! Le repos complet est un piège: Les pressions répétées sur l'os et le cartilage sont un facteur important pour stimuler sa réparation. L'alitement permanent, le repos prolongé, diminuent la résistance des os et des cartilages. Il faut donc réduire les pressions excessives et permanentes sur le genou, pas les supprimer.

Ménisque et cartilage d'encroûtement des os
Le cartilage qui recouvre les extrémités osseuses est tout à fait indispensable au bon fonctionnement du genou. Sa disparition laisse l'os sans protection contre les chocs de la station debout. C'est l'arthrose. En l'absence de cartilage artificiel disponible, les solutions chirurgicales sont lourdes (prothèse ou ostéotomie, cf ci-dessous).
Le ménisque, croissant stabilisateur intercalé entre les cartilages d'encroûtement, est moins indispensable. On peut l'enlever complètement par une opération bénigne, et si les cartilages des os sont intacts, les douleurs disparaissent complètement.
Mais l'arthrose survient ensuite plus rapidement, car ce stabilisateur est utile. Après avoir longtemps ôté les ménisques entiers, les chirurgiens s'efforcent maintenant de ne sacrifier que la partie abîmée, voire suturer les fissures d'un ménisque jeune.
Ménisque et arthrose ont des points communs: ce sont des lésions du cartilage. Mais les présentations sont différentes:
-Le ménisque est un cartilage libre et mobile: il peut se coincer (-> blocage du mouvement du genou), surtout si des fissures lui font prendre une forme anormale. Des fissures profondes ou des fractures n'ont aucune chance de consolider à cause des mouvements quotidiens. L'immobilisation n'est pas efficace: le ménisque ne saigne pas et ne forme pas de cal solide comme l'os. Pas d'autre alternative que la suture (chez le jeune, après un traumatisme du ménisque, sportif le plus souvent) ou plus couramment l'ablation de la partie instable.
-Le cartilage d'encroûtement est adhérent à l'os. Son altération libère de petits fragments qui se dispersent dans le genou et donnent une douleur plus globale. Il est rare qu'un gros lambeau se détache et provoque des blocages. Le chirurgien n'a pas de bonne solution: s'il enlève les zones de cartilage abîmées, l'os est à nu, les douleurs ne disparaissent pas.
-En fait, à partir d'un certain âge, la détérioration est mixte: les lésions du ménisques retentissent sur le cartilage d'encroûtement et vice versa. Les débris de l'un agressent l'autre. Il est rare après 50 ans qu'une arthroscopie pour traitement du ménisque ne trouve pas aussi des lésions du cartilage -> résultat moins bon, voire médiocre, sur la douleur.

Avez-vous bien une arthrose ou un ménisque abîmé?

Vous avez pris l'avis d'un bon clinicien. N'oubliez pas que, sur le site, seul le nom de votre browser est examiné ;-)) (même pas en fait).
Mais vous pouvez vérifier votre diagnostic. Si vous êtes intéressé, nous détaillons en annexe l'examen d'un genou.

4 grandes catégories de douleurs du genou, par fréquence décroissante:
I) Les maladies dites "mécaniques": limitée au genou, altération des mécanismes articulaires: os, cartilages, ménisques, ligaments, enveloppes articulaires, tendons, muscles. Nous les détaillons ci-dessous.
II) Les douleurs projetées au genou: Le genou fait mal, mais la hanche ou le rachis lombaire sont responsables, par irradiation le long du nerf crural. Ne croyez pas que la gêne soit moins vive: Ce sont au contraire les douleurs les plus pénibles que l'on puisse éprouver au genou. Pour vous en persuader, demandez à un tiers objectif si votre genou est vraiment gonflé (vos sensations sont perturbées), et pliez/étendez le genou sans rien bouger d'autre (en particulier pas de coup de rein) pour vérifier la liberté de l'articulation. Les douleurs projetées sont volontiers étendues à la cuisse, ce qui n'est jamais le cas d'une douleur originaire du genou.
III) Les arthrites rhumatismales et infectieuses: Maladies "inflammatoires", par opposition aux mécaniques. Elles font mal la nuit et le matin, touchent volontiers d'autres articulations, sont bien calmées par les anti-inflammatoires, ne s'expliquent par aucun surmenage ou traumatisme de votre genou. L'examen clef est la prise de sang, normale dans la catégorie I), élévation de la vitesse de sédimentation et de la protéine C réactive dans la catégorie II).
IV) Les douleurs neurologiques du genou: algodystrophie et maladies neurologiques touchant le nerf crural. Ce sont des douleurs très mal localisées sur la région du genou, permanentes quelque soit la position, avec gonflement et rougeur modérées dans l'algodystrophie, des radios normales. L'algodystrophie est souvent post-opératoire. L'IRM ou la scintigraphie la confirme si nécessaire. Les atteintes neurologiques limitées au crural sont exceptionnelles. De même que les tumeurs, que nous ne ferons que citer. Vous deviendriez le Maladie Imaginaire de Molière avant d'être une encyclopédie.

Démembrons un peu les atteintes mécaniques:
-En cas de vrai traumatisme, il faut éliminer une fracture et une entorse, en particulier des ligaments croisés. Les petits traumatismes chahutent une articulation qui peut déjà être détériorée: ils révèlent votre arthrose.
-La tendinite est un point douloureux plutôt précis qui termine une corde dure, le tendon, près de son attache sur l'os. Elle ne vient pas sans raison: les tendons du genoux sont épais. Déclenchement par un surmenage franc, généralement sportif. -Le syndrome rotulien donne des douleurs très mal localisées à l'avant du genou, surtout dans les escaliers, à l'accroupissement et au travail à genoux. Le simple fait de garder les genoux à 90° est pénible (cinéma, avion, voiture). Si vous avez un peu mal sur l'autre genou, vos rotules sont presque certainement coupables. Ce syndrome requiert des conseils particuliers. Il n'évolue pas forcément vers une vraie arthrose et peut apparaître dès l'adolescence.
-Arthrose et ménisques donnent des douleurs très voisines. Un petit traumatisme est souvent révélateur.
Si le genou gonfle beaucoup, les douleurs sont globales, y compris à l'arrière, où le liquide vient gonfler une poche articulaire appelée bourse poplitée (on parle de kyste poplité quand la communication avec le reste de l'articulation se ferme, seul l'arrière du genou reste gonflé).
Si le genou reste sec (peu de débris articulaires), la douleur méniscale commence volontiers par un point lors de certains mouvements (rotation, accroupissement, genou qui tape à la course) qui diffuse progressivement. La douleur de l'arthrose est moins précise, étendue d'emblée à une face du genou voire à son ensemble. Le ménisque entraîne des passages ou des accrochages douloureux (typiquement en flexion/rotation combinées), l'arthrose limite les amplitudes extrêmes de flexion et d'extension.
Un vrai blocage (le mouvement est impossible, ce n'est pas juste la douleur qui vous arrête) est parfois arthrosique, mais beaucoup plus typique du ménisque. Un lambeau de cartilage s'intercale dans la "came" articulaire. Une manipulation peut débloquer ce genou. Mais ne réparera pas les dégâts -> arthroscopie quasi-obligatoire.
-Chez l'enfant, d'autres diagnostics doivent être évoqués: ostéochondrite (infarctus d'une portion d'os -> au voisinage d'une articulation, risque d'enfoncement du cartilage et de libération d'un fragment osseux dans l'articulation), maladie d'Osgood-Schlatter (décollement du noyau osseux où s'attache le tendon rotulien, sous la rotule, chez les jeunes garçons physiquement hyperactifs).

Stades évolutifs de l'arthrose/ménisque

Très important. Vous devez identifier précisément le vôtre. Nous ne ferons que citer les stades anatomiques, que seul le chirurgien est en mesure de visualiser. Mais l'arthroscopie, opération peu agressive, reste trop lourde pour ne servir qu'à faire le bilan d'un genou.
Nos stades concernent ce qui est en train de se passer à l'intérieur de votre genou, en fonction des symptômes ressentis, et sont de gravité croissante.

1) Intolérance à l'effort:
Symptômes: Pointe sur le côté du genou, apparaissant pour des marches prolongées, un effort sportif, un accroupissement, les escaliers (typique de la rotule)
Examen du genou: RAS. En cherchant bien, vous pouvez sentir une petite pointe sensible au fond de la fente articulaire (cf examen du genou (B) )
Quelles lésions? Fissuration débutante d'une corne de ménisque, ou du cartilage d'encroûtement.
Autres examens: Les radios sont normales à ce stade. Elles ne servent qu'à éliminer d'autres causes si les symptômes ne sont pas typiques.
Comment s'adapter? Esquivez soigneusement le point douloureux: arrêtez temporairement (2 à 3 mois) le sport qui déclenche et pratiquez-en un autre, qui ne tape pas sur le genou à cet endroit. Modifiez l'orientation du pied à la marche et dans les escaliers. Cf Technique de marche (C).
Traitement médical: Genouillère utile surtout si antécédents d'entorse ou genou très mobile (personnes hyperlaxes). Aucune pilule de fond pour l'arthrose n'a démontré d'efficacité certaine, mais elles sont inoffensives. La viscosupplémentation est sans doute d'autant plus efficace qu'elle est réalisée tôt, et aurait ici ses meilleures indications, mais ce n'est pas démontré scientifiquement et vous trouverez peu de médecins disposés à vous le faire... comme il y a 10 ans on ne traitait l'ostéoporose que lorsqu'un os était déjà cassé...

2) Contusion rotulienne:
Symptômes: Après un choc direct sur la rotule, un travail à genoux prolongé: douleur mal localisée à l'avant du genou, réveillée à l'accroupissement et dans les escaliers, parfois simplement en restant assis genou plié..
Examen du genou: peu ou pas de gonflement. Pas de points douloureux nets.
Quelles lésions? Le cartilage rotulien, à l'arrière, est traumatisé.
Autres examens: tout est normal. Les examens ne sont justifiés que parce que l'on peut hésiter avec un ménisque.
Comment s'adapter? Le cartilage rotulien se répare mal, parce qu'il est rarement décompressé. Même au repos, si vous gardez les genoux fléchis, vous le comprimez. Evitez donc la position "chien de fusil" nocturne et la station assise "jeune fille de bonne famille", jambes serrées et ramenées sous le siège. La positon "PDG", jambes étalées, est inélégante mais conseillée. Décollez votre rotule, détendez-la en la poussant lentement mais fermement sur les côtés, massez les creux qui se dégagent à l'arrière.
Traitement médical: Anti-inflammatoires, repos, traitements de fond pour l'arthrose, sont inefficaces. Les genouillères rotuliennes sont utiles mais pas spectaculaires. L'adaptation ci-dessus est le plus efficace, décollements de rotule éventuellement aidés de rééducation musculaire de la cuisse. Quand la souffrance rotulienne survient et récidive sans aucun traumatisme, faites vérifier l'axe du membre inférieur par un ostéopathe, avec éventuel traitement de la hanche à la clef. C'est aussi dans cette situation que les radios ne sont pas toujours normales: possible anomalie de forme de la rotule ou de l'extrémité inférieure du fémur, favorisant un mauvais positionnement rotulien.

3) Crise inflammatoire réversible:
Symptômes: Effort inhabituel sur le genou (marche prolongée, piétinement) ou petit traumatisme déclenchant un gonflement du genou et une gêne à la marche. La douleur est modérée et ne bloque pas la marche. Les anti-inflammatoires prescrits quasi-systématiquement par le médecin, diminuent la douleur mais le genou met plusieurs jours voire quelques semaines à dégonfler complètement.
Examen du genou: gonflement global, côté intérieur ou extérieur du genou plus douloureux à la palpation.
Quelles lésions? Une extrémité de ménisque ou une zone de cartilage d'encroûtement a été suffisamment malmenée pour laisser échapper quelques fragments, qui irritent l'enveloppe articulaire avec production de synovie en excès. En cas de faux mouvement, les lésions ne sont pas toujours sévères, ce peut être un dysfonctionnement transitoire, déplacement méniscal ou coincement d'une enveloppe articulaire, résolu sans séquelles en quelques jours.
Autres examens: Pas nécessaires si l'amélioration est nette en 1 semaine.
Comment s'adapter? Evitez la station debout statique, ne marchez pas trop longtemps, massez votre genou pour faire circuler à l'intérieur. En bref, laissez la réparation se faire dans les meilleures conditions. Mais ne restez pas des semaines sans marcher: Vous n'êtes plus dans une crise réversible...
Traitement médical: Anti-inflammatoires: confortables, mais ne réparent rien. A utiliser seulement si les douleurs sont très pénibles. Si le genou est très enflé, la ponction évacuatrice suivie d'injection d'anti-inflammatoire est nettement préférable: Elle retire le liquide "poubelle" de l'articulation, soulage rapidement, et évite une distension prolongée des enveloppes articulaires. Elle fait aussi le diagnostic des hémarthroses (sang dans la cavité articulaire), qui témoigne chez le jeune (traumatisé) d'une rupture de ligament croisé (recherche impérative), d'une luxation de rotule ou d'une fracture.
Lisez Protocle de traitement d'une arthrose en phase congestive.

4) Genou bloqué:
Symptômes: Le genou ne plie pas. Ce n'est pas la douleur qui vous en empêche. Le blocage est dur, net. Ce n'est pas une raideur, qui limite seulement la fin de la flexion ou de l'extension. Ce n'est pas la gêne à la flexion d'un gros genou plein de synovie, où la résistance est souple. C'est un blocage à la flexion, pas le pseudo-blocage en ré-étendant le genou, qui est un trouble de glissement de la rotule.
Examen du genou: Peu ou pas de gonflement. Blocage vers 90 à 110° de flexion.
Quelles lésions? Gros fragment de cartilage en mauvaise position, généralement moitié de ménisque fendu, parfois lambeau du cartilage d'encroûtement replié.
Autres examens: inutiles. Arthroscopie justifiée d'emblée.
Comment s'adapter? Pas possible. Une manipulation peut débloquer le genou et apporter du confort, mais il est rare que de telles lésions puissent se réparer spontanément, surtout s'il n'y a pas eu de franc traumatisme et vous êtes âgé de plus de 40 ans.
Traitement médical: arthroscopie.

5) Arthrose progressive:
Symptômes: Pas de douleurs vives, mais une gêne croissante à la marche, aux efforts, puis à la simple station debout. Le genou devient moins souple et se déforme.
Examen du genou: Peu ou pas de gonflement, plutôt déformation "dure" (des os). Raideur à la flexion et l'extension complète, surtout si vous êtes un homme avec un genuvarum, tandis que si vous êtes une femme en surpoids avec genuvalgum, votre genou est plutôt instable dans les mouvements latéraux, se bloque moins, mais la flexion forcée est douloureuse.
Quelles lésions? Usure progressive, plus ou moins régulière et globale, souvent limitée à une moitié de l'articulation, interne (genuvarum) ou externe (genuvalgum). Le ménisque de ce côté est en piteux état, mais pas fragmenté. Il s'est usé comme le cartilage d'encroûtement sous l'effet des pressions excessives à cet endroit. Son ablation n'amène aucune amélioration.
Autres examens: Radios nécessaires pour évaluer l'importance de la perte cartilagineuse et le pronostic des traitements médicaux.
Comment s'adapter? Limitez les stations debout prolongées. "Lissez" votre activité physique, c'est-à dire que votre temps de marche et de station debout quotidienne doit être toujours le même. Si une grande marche est prévue (voyage), préparez-vous par de petites marches plus importantes tous les 2 à 3 jours. Une ampoule de hyaluronate dans chaque genou avant un voyage ou une grande randonnée n'est pas validée scientifiquement mais est dans mon expérience très efficace.
Traitement médical: Paracétamol en cas de moment pénible. Viscosupplémentation tous les ans. Evitez les anti-inflammatoires, très efficaces, mais qui ne permettent que d'ignorer la douleur sans réparer les dégâts, et qui ont de nombreux effets indésirables sur votre organisme en prise régulière, particulièrement après 60 ans.

6) Chondrolyse sévère:
Symptômes: Genou très gonflé, obligeant à marcher sans beaucoup plier. Les anti-inflammatoires calment, mais ne font pas dégonfler. Les signes persistent au fil des semaines. La différence avec une crise simple est que la ponction/infiltration n'empêche pas le genou de regonfler. Les piqûres se répètent. Le liquide de ponction contient souvent des débris visibles à l'oeil nu.
Examen du genou: Gonflement important. Points douloureux prédominants sur l'intérieur ou l'extérieur du genou.
Quelles lésions? Gros dégâs sur ménisque et cartilages: une zone est en train de partir en morceaux, sans espoir de réparation. La production de débris est continue, empêchant le genou de se calmer après une ponction et du repos. Les débris de cartilage nombreux sont captés par la membrane synoviale, qui s'enflamme de façon chronique pour les éliminer. Elle fabrique beaucoup de liquide, s'épaissit et est très irritable. Le moindre effort ou petit traumatisme redéclenche le gonflement.
Autres examens: Radio: montre une arthrose assez avancée. Attention: si le début est récent ou si les débris viennent surtout du ménisque, l'amincissement du cartilage n'est pas forcément encore visible. Arthroscanner ou IRM précisent les choses si la radio est normale, mais ne sont pas indispensables: l'histoire est caractéristique.
Comment s'adapter? Repos beaucoup plus complet, mais s'il n'est pas rapidement efficace, mieux vaut se faire laver le genou voire choisir la prothèse, car la fonte des muscles est rapide et va laisser des traces.
Traitement médical: Ponctions évacuatrices obligatoires, même répétées. Utilisation d'une grosse aiguille (après anesthésie locale) pour aspirer les gros débris et éviter qu'elle se bouche facilement. Il faut nettoyer ce genou. Certains font des lavages articulaires, c'est-à-dire qu'ils injectent de l'eau salé avant de réaspirer. Mais si votre genou gonfle spontanément, 3 à 6 ponctions simples avec injection d'anti-inflammatoire ne sont pas excessives (le médecin utilisera si nécessaire une cortisone puissante, type Hexatrione). Si ça continue, le meilleur lavage est arthroscopique. Le chirurgien régularise les plus grosses lésions, mais c'est un traitement de fortune: Il faudrait en théorie "replâtrer" les endroits abîmés, mais on ne dispose pas encore de ce genre de produit. Des débris continuent à se libérer après l'arthroscopie: attendez-vous à un soulagement, pas à une guérison. Mais elle facilite le passage du cap le plus difficile. Et quand le genou cesse d'enfler aussi facilement, c'est le moment de faire une viscosupplémentation.
Lisez Protocle de traitement d'une arthrose en phase congestive.

7) Os fissuré:
Symptômes: Age > 50 (femme) > 60 (homme). Douleur uniquement à l'appui sur le genou.
Examen du genou: Peu ou pas de gonflement, peu de déformation. Douleur diffuse à la pression du tibia lui-même, sous la ligne articulaire.
Quelles lésions? Cartilage très aminci ou disparu -> l'os encaisse directement les chocs de la marche. Il se fendille. Les douleurs sont identiques à une foulure. Vous êtes typiquement une femme de plus de 60 ans avec ostéoporose: votre os est plus fragile.
Autres examens: Pas utiles si l'arthrose est connue. Les points douloureux et l'horaire de la douleur sont typiques. Radios: amincissement net du cartilage, peu de becs osseux (l'os ostéoporotique a une formation ralentie). IRM: oedème de l'os (hypersignal T2)
Comment s'adapter? Evitez l'appui, comme pour une fracture. L'alitement complet prolongé altère beaucoup l'autonomie à votre âge -> à éviter. Station debout et marche fréquentes mais brèves (évitez d'accentuer les fissures osseuses). Semelles très souples. Rasez le sol avec le pied à la marche pour éviter les chocs à l'appui (attention aux marches et aux tapis!). Utilisez éventuellement des béquilles si une station debout longue est obligatoire. L'idéal est d'être le moins possible debout et de garder la forme avec de la gym au sol ou de la natation. L'appui est repris progressivement au fur et à mesure que la douleur osseuse diminue. Si vous êtes très attentive, ces consignes sont efficaces en 4 à 6 semaines.
Traitement médical: La viscosupplémentation n'est pas efficace sur ces douleurs osseuses. Un traitement contre l'ostéoporose est indiqué, mais son effet est très lent (6 mois à 1 an). La prothèse est souvent choisie si vous êtes en bonne forme.


Et les radios?

Elles montrent mal et trop tardivement le stade de votre arthrose: Les signes sont nets quand vous avez déjà un amincissement important du cartilage -> le chirurgien vous guette... Le premier stade, simple ramollissement du cartilage, est invisible à la radio, et même sur un scanner ou une IRM: seule l'arthroscopie le met en évidence (la pression d'une curette sur la surface du cartilage montre sa perte de fermeté), mais c'est un peu agressif comme geste seulement diagnostique.
L'utilité principale de la radio est de servir de référence pour vérifier ultérieurement à quelle vitesse votre articulation se dégrade, mais ça ne semble pas très malin d'attendre que la radio devienne moche pour démarrer les traitements... La viscosupplémentation doit être facile car d'autant plus efficace qu'elle est précoce. En même temps il est nécessaire d'affirmer le diagnostic par un bon examen clinique, pour ne pas injecter un genou pour la moindre tendinite.

Radio normale - Arthrose du compartiment fémoro-tibial interne - avec légendes


(A) Stades anatomiques de l'arthrose:
Stade 1: ramollissement de la consistance du cartilage
Stade 2: diminution d'épaisseur
Stade 3: fissures allant jusqu'à l'os
Stade 4: ulcération complète du cartilage

(B) L'examen d'un genou
Debout, placez-vous devant un miroir. Rapprochez les pieds. Si vos genoux se touchent avant les pieds, vous avez un genuvalgum (jambes qui partent trop vers l'extérieur, facteur d'usure de l'extérieur du genou et de problèmes de rotule). Si vous avez plus de 2-3 cm entre les genoux quand vos pieds sont collés, vous avez un genuvarum (jambes de cavalier, facteur d'usure de l'intérieur du genou). Cet examen n'est pas valable en cas de surpoids. L'épaisseur des genoux peut donner une impression fausse. Seule la radio montre le véritable axe des jambes.
Allongez les jambes par terre.
Genoux complètement étendus, comparez-les. Un épanchement de synovie donne un gonflement au-dessus de la rotule, sur les côtés du tendon du quadriceps, le gros muscle à l'avant de la cuisse, qui se termine sur la rotule. Prenez ce tendon large entre pouce et index et suivez-le jusqu'à la rotule. En comparant vos 2 genoux, il est très facile de percevoir un empâtement lié à la présence de synovie en excès.
Si le gonflement n'est pas sur le côté mais sur le dessus de la rotule, ce n'est pas l'articulation qui est concernée: c'est un hygroma, poche d'eau entre la peau et l'os qui apparaît après un choc ou une pression prolongée sur la rotule (travail à genoux, maladie des carreleurs).
Vérifiez que l'extension des genoux est bien complète de chaque côté. Il doit être difficile de glisser une main sous le genou plaqué au sol.
La rotule est détendue. Vous pouvez normalement la prendre et la décoller d'1 ou 2 mm du fémur à l'arrière, la pousser latéralement de presque 1 cm vers l'intérieur et l'extérieur. Tout en poussant, palpez l'arrière de la rotule dans le creux qui se dégage: c'est le seul endroit où l'on peut trouver des points douloureux spécifiques d'une rotule abîmée.
Pliez vos genoux à 45° (pas 90!). Palpez l'arrière, entre les gros tendons qui sont sur les côtés. Ici aussi, un épanchement remplit l'espace et donne l'impression d'une tension plus importante. Vous pouvez avoir l'impression d'une vaste grosseur, à consistance de pâte à pain: c'est la bourse poplitée remplie de synovie. Elle gêne la flexion complète du genou.
Toujours plié à 45°, poussez légèrement sur l'intérieur du genou pour faire bailler l'extérieur. Maintenez la poussée d'une main. Repérez la pointe de la rotule (vers le pied) de l'autre main. Glissez vos doigts vers l'extérieur, à la même hauteur. Sentez une fente, pas très large, entre les surfaces osseuses. Elle se rétrécit vers l'arrière. C'est l'interligne articulaire, séparation entre fémur et tibia. Un point douloureux très précis dans cette fente, à l'avant ou à l'arrière, est très typique du ménisque externe. Une douleur au milieu et plus diffuse sur les rebords osseux peut être aussi méniscale, mais est plus souvent une arthrose (située ici si vous avez un genuvalgum).
Une douleur sous la fente (extrémité du tibia) peut être ligamentaire (vous avez eu une entorse) ou osseuse (arthrose avancée). Une douleur au-dessus de la fente (extrémité du fémur) est ligamentaire. Sur l'extérieur du genou et chez un sportif qui court beaucoup, ce peut être l'irritation d'une bandelette tendineuse qui frotte sur l'os à cet endroit.
Poussez maintenant sur l'extérieur du genou pour faire bailler l'intérieur. Repartez de la pointe de la rotule vers l'intérieur: fente fémoro-tibiale interne, où vous trouvez vos points de ménisque interne et d'arthrose interne (sur genuvarum).
Enfin suivez les cordes des tendons à l'arrière du genou. Ceux complètement à l'arrière, bien faciles à suivre, ne posent des problèmes que chez les grands sportifs (ischio-jambiers). Plus répandue est la tendinite de la patte d'oie, tendon plus large à l'intérieur et à l'arrière du genou qui vient s'attacher assez bas sur le tibia (un peu en-dessous de la pointe de la rotule côté intérieur du tibia).

(C) Technique de marche en cas d'axe de jambe anormal
Efficace mais ne remplace pas un amaigrissement: Enlever 20kgs qui pèsent quotidiennement sur une articulation abîmée garantit d'excellents résultats au genou, même quand l'articulation est très abîmée. L'amaigrissement est particulièrement efficace sur les douleurs osseuses (extrémité du tibia) des gens corpulents. Si vous êtes mince et de tendance ostéoporotique, tournez-vous vers un traitement anti-ostéoporotique. Mais son effet est très lent (6 mois à 1 an de délai sur les douleurs).
Quel que soit l'axe, il est bon, pendant une marche ou lors de station debout prolongée, de secouer vigoureusement chacune de ses jambes, comme si vous vouliez la détacher. Cela décomprime l'articulation, permet à la synovie de mieux circuler, à vos ménisques de se repositionner, et à votre cartilage de respirer.
*En cas de genuvarum:
Genoux trop écartés. Pression excessive sur l'intérieur des articulations. Il faut ramener le genou vers la ligne médiane à la marche, pour reporter la pression sur l'extérieur de l'articulation. Cela consiste à marcher comme si vous étiez dans un défilé de mode, en ramenant le genou vers le milieu de la ligne que vous suivez en marchant. C'est plus facile en tournant légèrement les pieds vers l'extérieur. Si vos douleurs surviennent très vite à l'appui normal (souffrance osseuse) vous devez sentir immédiatement que cette technique de marche est meilleure, même si elle n'est pas naturelle. Laissez-vous guider par votre douleur.
*En cas de genuvalgum:
Genoux trop rapprochés. Pression excessive sur l'extérieur des articulations. Ecartez les genoux à la marche en tournant légèrement vos pieds vers l'intérieur.



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