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Entorse de cheville
Mise à jour 4/10

 

 

 

 

 


Bombe à froid

Ce site détaille peu les traumatismes aigus, auxquels le rhumatologue a rarement affaire; ce sont plutôt les urgentistes et les chirurgiens orthopédistes qui les prennent en charge. Si vous êtes isolé, retenez le protocole GREC:
Glaçage - Repos articulaire (légère traction sur le talon dans l'axe de la jambe et immobilisation de la cheville) - Elévation - Compression
Les antalgiques sont justifiés d'emblée si la douleur est très mal supportée. Evitez par contre les anti-inflammatoires systématiques: l'inflammation est le processus réparateur. Ne les utilisez que si les antalgiques sont insuffisants.

Indiquons l'existence des orthèses stabilisatrices de cheville dans les entorses sans fracture: elles immobilisent moins strictement qu'un plâtre ou une résine et sont beaucoup plus confortables, plus pratiques aussi qu'un strapping qui doit être refait régulièrement. Vous les trouverez rarement en rayon dans les services d'urgence car elles sont plus coûteuses qu'une bande ou une résine. Mais l'investissement vaut le coup.

L'entorse de cheville est fréquemment un motif de consultation chez le rhumatologue quand les douleurs s'éternisent.
5 causes possibles, qui peuvent être associées:

1) Les contusions osseuses: impact ayant déclenché des microfissures ou un tassement de l'os sans fracture visible: comme dans les fractures, les douleurs ne surviennent qu'à l'appui, et les délais de consolidation sont identiques, 4 à 6 semaines, voire plus si vous marchez quand même. Méfiance également vis à vis des petits arrachements osseux qui peuvent passer inaperçus sur les premières radios. Le médecin vous demandera un contrôle au bout d'une dizaine de jours et vous risquez, à retardement, une résine d'immobilisation. Dans tous les cas vous guérirez si vous respectez vos douleurs d'appui.

2) La cicatrice ligamentaire reste sensible longtemps. Cette cause est bénigne. Les douleurs s'atténuent avec la reprise des activités. C'est souvent l'excès de précaution qui prolonge la gêne. Une entorse doit être immobilisée plus ou moins strictement et durablement selon la gravité de la déchirure appréciée par le médecin. Au bout de 1 à 4 semaines, le reconditionnement de la cheville à la marche peut commencer. C'est une rééducation simple qui peut être effectuée seul pour ceux qui n'ont pas le temps d'aller voir un kiné: asseyez-vous, empaumez votre talon et dérouillez lentement votre cheville par des mouvements de rotation; une tension légèrement douloureuse est normale, mais ne déclenchez pas de douleur vive. Massez les zones sensibles, cicatricielles, pour les assouplir. Rééduquez votre musculature endormie par l'immobilisation forcée: marche de loisir quotidienne en terrain plat, vélo; commencez par de courtes durées puis augmenter progressivement. En cas de cheville qui flanche facilement, souvent après des entorses à répétition, fabriquez-vous un plan instable, une planche carrée sous laquelle vous fixez une demi-sphère en bois de 3 à 4 cm de hauteur (plus c'est haut plus c'est difficile), montez dessus en vous tenant au début à quelque chose de solide et essayez de garder votre équilibre. Vous renforcez ainsi votre musculature, qui va doubler vos ligaments détendus, et vous rattraperez plus vite cette cheville qui part au prochain faux pas. Une chevillère peut être très utile, davantage pour améliorer les sensations de position de l'articulation que pour l'immobilisation; elle n'a pas besoin d'être renforcée sauf si vous comptez reprendre rapidement des activités sportives contraignantes pour la cheville. Si la rééducation bien conduite aggrave les douleurs, stoppez. Vous avez probablement une contusion osseuse non consolidée si vous êtes encore à moins d'un mois de l'entorse, plutôt une lésion cartilagineuse ou une algodystrophie dans le cas contraire.

3) La cheville est très instable: l'immobilisation n'a pas été assez stricte au début, ou c'est votre pénultième entorse et vos ligaments ne tiennent plus grand-chose. La gêne persistante est un mélange de douleurs des ligaments toujours surmenés, de phénomènes de "coincement" des enveloppes articulaires entre les extrémités osseuses, et de souffrance du cartilage surmené à certains endroits par l'instabilité. Il est important de ne pas faire de confusion entre instabilité et laxité: si votre cheville se tord facilement dans tous les sens, c'est une laxité (ligaments très souples), normale chez les femmes. Une instabilité se juge sur l'existence de mouvements anormaux: en empaumant votre talon, on ne doit pas pouvoir faire de mouvement horizontal à votre pied par rapport à la jambe. Avant d'envisager un traitement plus agressif, il faut s'attacher très sérieusement à corriger les facteurs qui surmènent votre articulation, à savoir presque toujours un surpoids et une musculature insuffisante pour protéger l'articulation. Si ces mesures bien suivies ne suffisent pas, dans les grandes instabilités, une opération visant à retendre vos ligaments a de très bonnes chances de succès.

4) Il existe des lésions du cartilage: un traumatisme sévère peut entraîner une lésion autre que ligamentaire. La radio dépiste bien les lésions osseuses, mais celles du cartilage passent inaperçues. C'est sans doute la cause la plus fréquente de douleurs longtemps persistantes. L'immobilisation initiale par un plâtre n'est pas suffisante dans ces lésions. Il faut éviter tout appui, ne pas utiliser donc un plâtre de marche, ou le simple poids du corps va gêner la cicatrisation du cartilage, surtout si l'immobilisation fait porter en permanence ce poids sur la zone lésée. Les lésions cartilagineuses sont difficiles à démontrer. Même l'IRM, de haute réputation, échoue à les voir. L'arthroscopie est le seul examen performant, mais c'est déjà une opération, et elle n'apporte pas de solution thérapeutique. C'est un peu agressif pour avoir seulement une confirmation du diagnostic. Le traitement repose sur la limitation de la marche mais surtout de la station debout statique. Vous devez repérer soigneusement les postures de la cheville qui sont défavorables et les esquiver soigneusement. Ce n'est pas en effet tout le cartilage qui est lésé, et si vous laissez la zone fragilisée tranquille, elle finira par cicatriser. Les traitements de fond du cartilage, utilisés dans l'arthrose, n'ont pas démontré d'efficacité dans cette indication. L'acide hyaluronique n'a pas été testé mais pourrait marcher**, si le diagnostic est certain.

5) L'algodystrophie peut compliquer une banale entorse de la cheville.