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Discopathie simple (barre lombaire) Mise à jour: 12/08

 

La douleur en barre lombaire,
qui ne l'éprouve pas au moins une fois dans sa vie?
La plupart du temps on s'étire, un peu d'attention aux positions,
une boîte d'anti-inflammatoires: tout disparaît. Réparé....
Souvent, la barre revient, traîne, s'installe à demeure.
Inquiétude: Devrai-je avaler des pilules en permanence?
Est-il prudent de continuer les efforts au travail?
Tout le monde a un conseil à vous donner: 
ostéo mio, kiné rêvé, aimants calmants,
planche vibrante, école du dos, ceinture, gym Mézières...
Défricherez-vous cette jungle?
Et si vous n'avez pas grand temps ou argent à y consacrer?

 Cet article comprend 2 parties:
A) L'explication détaillée du fonctionnement du disque et l'histoire des lésions
B) Les conseils pratiques à suivre
Le texte est long: vous pouvez sauter directement à la 2ème partie,
revenir lire la première de temps à autre,
pour vous enthousiasmer à suivre les consignes!
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L'articulation vertébrale

Le disque, amortisseur entre 2 vertèbres, est souvent considéré à tort comme une unité anatomique indépendante.
C'est une articulation de liaison entre ces vertèbres, un peu particulière:
-La capsule, membrane épaisse et solide
qui assure la stabilité des articulations à leur partie la plus profonde,
est remplacée dans le disque par l'annulus,
anneau fibreux encore plus épais et solide,
indispensable en raison des petites surfaces articulaires entre vertèbres,
de l'importance de la stabilité de la colonne pour la moelle épinière
et les racines nerveuses qui passent au milieu.
-Le liquide synovial, à consistance de blanc d'oeuf, lubrifiant des articulations,
devient dans le disque un gel très épais, le nucleus,
aux propriétés d'amortissement excellentes
bien contenu par l'annulus.



 

Disque en coupe verticale:
Nucleus (foncé) entouré par les fibres de l'annulus
1 et 2 = ligaments vertébraux communs à l'avant et à l'arrière

 

 

Disque en coupe horizontale

 

 

Disque en vue extérieure:
Fibres de l'annulus entrecroisées assurant une union solide des 2 vertèbres


L'élasticité du disque permet ainsi une mobilité dans tous les axes entre les 2 vertèbres,
mais sur de faibles amplitudes, et c'est l'addition de ces petits mouvements
sur les 23 étages vertébraux qui nous permet finalement de toucher nos pieds.

L'amortisseur discal:
Répartition d'une pression verticale - Flexion vers l'avant-> déplacement du noyau vers l'arrière

Malheureusement les disques les plus bas sont très sollicités:
-poids de la moitié supérieure du corps et de ce que l'on porte
-courbure vertébrale accentuée sur la charnière entre dernières vertèbres et sacrum
-> contraintes en cisaillement importantes sur le disque.
-probablement une tare résiduelle de l'évolution: nous étions quadrupèdes et la partie basse de la colonne n'était pas prévue pour des poids et des mouvements en rotation aussi répétitifs.

Contrairement à une idée répandue, les dégâts ne sont pas seulement liés aux efforts effectués,
et donc aux métiers physiques.
Il peut arriver, c'est vrai, que la lésion du disque soit liée à un traumatisme (chute, effort violent),
mais la plupart du temps c'est un déséquilibre
entre petites agressions de la vie quotidienne sur l'anneau discal,
et capacités de réparation débordées ou pas assez actives.
L'effort déclenchant devient alors l'ultime demande de trop
qui achève votre disque fragilisé
et lui fait pleurnicher une vilaine hernie.
L'hérédité a un rôle partiel (1):
On ne peut pas vraiment parler de "familles de lombalgiques"
même si la fréquence de ces douleurs en donne l'impression.

La lésion discale, c'est en effet une rupture progressive des fibres de l'annulus,
qui crée une zone de fragilité, dans laquelle s'engage le nucleus sous pression.
La douleur est provoquée par une inflammation de l'annulus,
processus qui tente de réparer les dégâts.
Bonne nouvelle!, qui devrait consoler les douloureux: Quand ça fait mal, c'est que ça répare.
L'évolution naturelle est une raréfaction des crises inflammatoires,
avec un disque qui se durcit et s'immobilise,
comme un genou ou une hanche usés se bloquent progressivement.

Les étapes de la détérioration discale

Sur ce disque vu en coupe, voyez le noyau central s'insinuer progressivement entre les fibres de l'anneau sous l'effet des pressions et de la rupture des fibres. L'arrière (la peau du dos) est en haut Le disque a fortement diminué de hauteur et de mobilité. L'arthrose touche aussi l'arrière de la colonne: articulations postérieures riches en terminaisons nerveuses en connexion avec la peau de la région lombaire, de la fesse, des hanches, de l'abdomen

Sur une coupe de profil:
- en haut un disque normal, noyau bien ferme et fibres de l'anneau intactes
-en bas noyau aplati, fibres fissurées à l'arrière, laissant un chenal pour une éventuelle giclée de hernie discale lors d'un effort.

Vue de l'extérieur: Les déformations des rebords osseux aboutissent aux fameux"becs de perroquet", peu agressifs en eux-mêmes parce que poussant en zone libre (ils ne sont pas envahissants comme un cancer ou compressifs comme une hernie), mais les nerfs qui sortent des orifices de la vertèbre peuvent frotter contre eux et s'irriter.
Vu de l'extérieur (ce n'est plus une coupe):
-le disque normal en haut a l'allure d'un gros boudin de caoutchouc, ferme et épais
-le disque malade en bas a diminué de hauteur. L'amortissement entre les vertèbres se fait moins bien -> l'os encaisse davantage de chocs, se répare hâtivement et un peu anarchiquement: apparaissent des déformations sur les rebords
Le disque abîmé n'assurant plus une jonction ferme entre les vertèbres, celles-ci peuvent se décaler l'une de l'autre: c'est le spondylolisthésis.
Complication d'après la cinquantaine, qui favorise les douleurs ou la faiblesse dans les jambes par étroitesse du passage pour les nerfs et la moelle épinière.

Les contraintes sur une articulation vertébrale sont influencées par les voisines:
surtout les plus proches, mais même les distantes:
Une boîterie du genou, une raideur de hanche,
provoquent des mouvements anormaux et répétitifs sur la colonne.
Une épaule bloquée vous oblige à vous tordre les vertèbres pour des gestes simples.
Et bien sûr les autres vertèbres doivent prendre en charge leur part de mouvement:
Les courbures de la colonne la transforme en un grand ressort vertical:
si une portion perd durablement sa souplesse, le reste se déglingue.
Le fonctionnement du squelette doit être apprécié dans sa globalité
même pour une douleur très précise
à partir du moment où elle est chronique.

Autre point important: La richesse en nerfs de la colonne:
Non seulement les plus grosses racines nerveuses en partent,
très exposées aux déplacements du disque,
mais les enveloppes articulaires sont très riches en terminaisons nerveuses:
Même si vous n'êtes pas douillet, ces douleurs sont très envahissantes,
et surtout mauvaises conseillères:
Elles irradient le long des nerfs -> indiquent mal l'endroit en cause sur la vertébre.
L'intensité n'est pas proportionnée aux dégâts -> on est trop prudent et on se démuscle le dos.
Il est donc difficile "d'esquiver" sa douleur de dos en changeant ses mouvements et ses positions
comme on le ferait avec un poignet ou une épaule douloureuse.

Les médicaments habituellement utilisés ciblent la douleur,
mais, anti-inflammatoires, sont plutôt une bêtise sur le fond,
réduisant le processus de réparation,
qui devient peut-être insuffisamment actif pour aller jusqu'à son but.
Difficile de le savoir, car il peut y avoir aussi entretien des dégâts par une conduite inadaptée.
La bonne utilisation des anti-inflammatoires en tout cas,
c'est une prise brève et visant à rendre les douleurs supportables,
pas de guérir ce dos...

Les médicaments n'ayant aucune efficacité sur le disque,
reste 2 principes pour traiter sur le fond cette lésion:
1) Diminuer les agressions du disque
2) Stimuler sa réparation

1) Diminuer les agressions:
Quitter un métier physique pour travailler dans un bureau n'est pas forcément une bonne idée.
Porter un objet lourd n'est pas une agression systématique sur la colonne,
tout dépend comment le mouvement est effectué.
Imaginez 2 cylindres en métal reliés par un caoutchouc épais: c'est à peu près l'articulation vertébrale.
Si vous tordez les cylindres dans tous les sens, le caoutchouc va forcer et tendre à se fissurer.
Si vous pressez les cylindres l'un vers l'autre dans l'axe, le caoutchouc va s'étaler et absorber la pression.
Un effort pratiqué le dos droit et plat (attention si vous êtes très cambré: rentrez le ventre et voûtez un peu le bas du dos) n'est pas agressif (le poids s'exerce dans l'axe de la colonne), contrairement à un effort en rotation ou en inflexion sur le côté droit ou gauche.
Ces efforts sont même nécessaires.
Car ce sont les pressions sur les disques qui stimulent la réparation.
Une colonne statique devant un bureau n'est pas incitée à se réparer.
Les pressions prolongées sur le même endroit du disque le détériorent plus sûrement que des efforts intermittents lors de postures variées.


Les mouvements du disque évitent les pressions prolongées sur les mêmes fibres de l'anneau, contrairement aux positions statiques

2) Stimuler la réparation:
Le disque, différent en cela du joint caoutchouc, s'auto-répare en permanence.
"L'entretien" est assuré par des cellules spécialisées, mais le renouvellement des tissus fibreux comme l'anneau discal est très lent.
Le disque ne contient pas de vaisseaux sanguins.
Les nutriments indispensables à la maintenance cellulaire diffusent à partir de l'os, dont la couche extérieure est très riche et vaisseaux.
Cette diffusion est influencée par les pressions locales, un peu comme dans une éponge:
compressée, les liquides circulent peu à l'intérieur,
décompressée, la circulation et le renouvellement se font facilement,
les alternances de pressions et de dépressions étant les plus efficaces,
comme quand vous rincez l'éponge.

Si la réparation ne compense pas les agressions,
l'évolution se fait vers la dégénérescence du nucleus,
et de nouvelles fissures de l'annulus,
risque de hernie discale si cet anneau cède,
sinon affaissement progressif et durcissement du disque,
qui devient de moins en moins mobile, et finit par provoquer moins de crises lombaires,
douleurs souvent remplacées par celles plus sourdes et chroniques de l'arthrose.

Les anti-inflammatoires ne font que vous aider à ignorer cette évolution défavorable.
Tentez plutôt de faire disparaître la cause de cette douleur, sonnette d'alarme persistante.

En pratique

Résumons les points essentiels de la verbeuse 1ère partie:
-Le disque est une sorte de joint caoutchouteux entre 2 vertèbres.
-Limitez les torsions répétitives qui le détériorent.
-Alternez pressions et dépressions qui stimulent sa réparation.
-Les contraintes sur une articulation vertébrale sont influencées par ses voisines
-> Les exercices doivent être ciblés sur la zone douloureuse pour une part,
mais une gymnastique générale est indispensable.

1) Limitez les torsions:
Les grands principes de l'école du dos:
-Porter une charge bien centrée sur le disque ne pose pas de problème
(à ne pas faire toute la journée quand même en période douloureuse)
-Le mouvement de rotation du bas du dos (les épaules tournent vers la droite ou la gauche) est le plus à limiter
suivi par l'inflexion sur le côté (l'épaule droite ou gauche s'abaisse)
et enfin par la flexion (en avant) et l'extension (en arrière).
-Tournez le bassin et non les lombaires:
le mouvement doit partir des hanches.
Attention! Habitude à respecter surtout en période douloureuse,
n'en faites pas une règle permanente, au risque de vous déglinguer ailleurs.
-Quand vous bricolez, jardinez, contruisez,
ne restez pas trop longtemps sur le même poste:
démarrez plusieurs activités en même temps,
et alternez les postures.

La ceinture lombaire à baleines est très utile,
mais davantage comme guide que comme "armure".
En effet, pour qu'elle verrouille correctement les lombaires,
il faut la serrer à fond -> difficile à supporter bien longtemps.
Le double serrage (ceintures "activity" avec un grand velcro central et 2 velcro supplémentaires sur les côtés) permet de redonner un tour de vis sans tout défaire: utile si vous portez souvent l'engin.
Mais la limite de la ceinture est qu'elle n'empêche pas la pression verticale sur le disque -> il faut obligatoirement l'associer aux étirements.
Son rôle de "gendarme" est le plus intéressant: elle vous rappelle de limiter les torsions et les inflexions, en gênant ces mouvements.

2) Alternez pressions et dépressions: Le point essentiel: Plusieurs méthodes:
-Suspendez-vous à une barre: Pour être efficace, il faut être solide sur les bras,
et bien relacher le bas du dos pendant 1 à 2 minutes: Pas si facile.
-Plus facile: L'appareil à muscler les lombaires: Au lieu de se redresser en arrière pour l'exercice normal, il faut laisser pendre le tronc vers le bas, par-dessus la barre d'appui ventrale
-> le poids du tronc tracte les lombaires.
il faut toujours bien détendre le bas du dos.
Vous pouvez faire également la musculation pour laquelle l'appareil est conçu,
mais attention: le renforcement musculaire isolé comprime les lombaires
-> associer impérativement des étirements vers l'avant
(touchez les pieds sans plier les genoux, debout ou jambes allongées sur le sol).
Enfin système D pas cher: une balançoire réglée à hauteur de taille,
posez un coussin confortable sur la planche et basculez le tronc par dessus:
Le poids du tronc tracte vos lombaires
tandis que les jambes font contrepoids.
-Mer ou piscine pas loin? Allez nager sur le dos à chaque pause déjeuner:
Ne faites pas le dos crawlé, mais la "brasse sur le dos": chassez vigoureusement des pieds et des mains vers l'arrière, ce qui secoue votre colonne dans l'axe.
1/2 heure tous les midis est une des solutions les plus efficaces
quand le bureau vous oblige à écraser ce malheureux disque toute la matinée.
-Les trampolines sont devenus accessibles pour un particulier:

Voyez ces vidéos sur des exercices rapides et progressifs, dont certains sont faciles à faire en toutes circonstances.

-Enfin il existe bien des occasions de faire des auto-agrandissements,
sans matériel particulier: essayez de gagner des centimètres en rentrant le ventre et le diaphragme.
Tirez un bras longuement vers le plafond, légèrement vers l'autre côté,
jusqu'à sentir un bon relachement tout le long de votre colonne,
Pareil pour l'autre bras.
Ayez ce réflexe facile quand vous venez de maintenir une position inconfortable ou prolongée:
Vous diminuez rapidement la pression sur les fibres de l'anneau discal qui viennent d'être sollicitées,
vous réduisez le risque d'incarcérer un fragment de noyau discal entre ces fibres.

3) Gymnastique générale:
-Si vous êtes déjà souple mais pas très musclée (généralement vous êtes une femme), vous devrez vous concentrer sur la musculation de la ceinture abdominale.
-Si vous êtes bien musclé mais raide (un homme), faites surtout du stretching,
assouplissez en particulier les hanches, les ischio-jambiers.

 


(1) L'hérédité influence potentiellement:
-les courbures vertébrales,
-le métabolisme du cartilage et donc la capacité de réparation du disque,
-la dureté de l'os vertébral qui vient comprimer l'anneau discal
-la diffusion des nutriments vers le disque, moins bonne à travers un os dense.


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