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La hernie progressive
* La lésion:
La gélatine du noyau discal migre très progressivement par une
petite lésion de l'anneau, sur plusieurs semaines, plusieurs mois, voire
plusieurs années.
* Le tableau:
Rappelons avec ce tableau particulier qu'une hernie discale peut n'entraîner
aucun symptôme (ou un vague mal de dos auquel on ne fait guère attention)
quand elle se forme progressivement, sans déclencher de réaction
inflammatoire importante. C'est pour cela que scanners ou IRM pratiqués
chez des gens bien portants retrouvent des hernies. Et que la hernie que l'on
vient de découvrir chez vous n'est pas forcément responsable de
vos ennuis. C'est au médecin de vérifier que vos symptômes
(côté et trajet de la douleur, perte de réflexe, de sensibilité ou
de force, difficulté à lever la jambe tendue) sont bien cohérents
avec la lésion découverte.
Les hernies progressives commencent par donner une lombalgie vague et intermittente
sur le côté. Elles peuvent finir par arriver au contact d'une racine
nerveuse et déclencher une sciatique d'apparition progressive sur plusieurs
semaines ou mois, de caractéristiques proches de la sciatique arthrosique
(Cf ci-dessous), sauf que vous n'êtes pas à l'âge de l'arthrose. |
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* Le traitement:
Ne pas faire scanner et IRM trop facilement, car il est difficile pour
vous d'oublier un compte-rendu où il est question de hernie. Il
faut stabiliser la migration discale,
-soit pour les peu motivés par la pose d'un lombostat très
rigide (corset thermoformé), à porter du matin au soir
pendant minimum 1 mois (plutôt 2 à 3 mois) puis sevrage
progressif sous couvert de reconditionnement des muscles de la colonne à l'effort
en kiné,
-soit pour les plus courageux par une musculation de la ceinture abdominale
d'emblée et une école du dos verrouillant l'étage
concerné.
Le repos complet n'est pas souhaitable. Il n'est pas efficace et vous
conduit tout droit à des conflits avec l'employeur, vos proches,
et le médecin pour finir quand il en a marre de vous prolonger.
Il vaut mieux adapter le poste de travail:
-soit vous vous arrangez directement avec l'employeur pour éviter
les postures assises ou debout prolongées, les efforts répétitifs
en rotation ou en inflexion de la colonne (l'idéal est un travail
varié, avec des pauses permettant de faire des étirements
voire un créneau sportif -natation++)
-soit le médecin traitant explique la situation au médecin
du travail, qui fait l'interface avec l'employeur pour adapter le poste.
N'utilisez l'arrêt de travail complet qu'en cas de crise, après
un effort, et brièvement (quelques jours). Puis reprenez le traitement
de fond cité plus haut. Si les crises sont fréquentes et
importantes, le lombostat s'impose avant la musculation.
Manipulations: moins risquées que dans la hernie étranglée,
mais résultat moins constant et moins définitif que dans
le DIM (blocage vertébral), du moins si la hernie est assez avancée,
car au tout début elle donne un tableau de DIM typique et réagit
bien aux manipulations (petits coincements réversibles à l'intérieur
de l'anneau). Typiquement, avec une hernie progressive, on a tendance à se
faire manipuler de plus en plus souvent et le résultat tient de
moins en moins bien. Il est temps de faire un peu de muscul...
Quand on manipule une hernie discale responsable d'une lombalgie pure,
il peut apparaître une douleur sciatique, alors que la lombalgie
est spectaculairement soulagée: la manipulation a en fait arraché l'ancrage
du ligament vertébral postérieur, ce qui décomprime
la hernie (disparition de la douleur ligamentaire vertébrale)
mais augmente son volume et peut la déplacer vers le foramen,
rétrécissement où le nerf sciatique est le plus
exposé au conflit. Mais c'est une compression molle, "desserrée" qui
donne rarement une sciatique violente et réagit plutôt bien
au traitement médical.
Enfin, voyez les vidéos sur les exercices pour lombalgies, également conseillés pour ce type de sciatique quand la douleur n'est pas trop sévère et permanente. 
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