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Hernie mobile
* La lésion:
La hernie est "cisaillée" au niveau du trou dans l'anneau discal
et devient indépendante du centre du disque. Sous le ligament vertébral,
elle est isolée de la réaction inflammatoire et moins agressive
pour la racine nerveuse. Elle ressemble à la hernie étranglée
si elle reste comprimée sous ce ligament. Le principal intérêt
de cette distinction était de faire une chimionucléolyse à l'époque
où elle se pratiquait encore: on injectait un enzyme dans le centre du
disque, qui hâtait son durcissement et celui de la hernie quand elle lui était
reliée. Traitement abandonné parce que fait rarement, produit pas
rentable pour le labo.
Si la hernie cisaillée n'est plus comprimée (elle a traversé le
ligament vertébral, ou ce ligament est décroché et ne la
serre plus), la hernie se comporte comme un corps libre, susceptible de migrer.
Elle a du mal à se stabiliser et à ne plus irriter la racine sciatique.
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Le tableau:
Début par une lombalgie plus ou moins brève, qui disparaît
rapidement quand apparaît la sciatique. Quand la hernie est mobile, le
trajet de la sciatique se "déplace" le long du membre inférieur:
Selon le côté de la racine nerveuse irrité, ce sont les fibres
assurant la sensibilité de telle ou telle zone de peau qui vont souffrir.
L'intensité est variable dans la journée ou d'un jour à l'autre
sans que la posture ou les efforts semblent en cause. Vous ne trouvez pas de
bonne position.
En vous examinant la mobilisation de la colonne n'influence guère la sciatique.
Le Lasègue est absent ou peu marqué par rapport à la douleur
spontanée (vous levez bien la jambe).
Le pronostic est très incertain à cause de cette stabilisation
mécanique difficile. Ce sont des sciatiques qui guérissent mais
rechutent facilement. |
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* Le traitement:
Le traitement classique par anti-inflammatoire a l'avantage d'un effet
calmant mais il bride aussi le processus de nettoyage (l'inflammation)
qui a le plus de chances d'emporter les résidus de la hernie.
Il ne faut pas le poursuivre trop longtemps, seulement à la période
la plus douloureuse et lors des rechutes. Mieux vaut utiliser les antalgiques
purs à la demande.
Si la sciatique est peu inflammatoire (réveil seulement après
des efforts ou des positions prolongées), je conseille un traitement "terroriste":
le conflit n'est pas "dur". Il faut carrément aller
nager tous les jours! (à ne pas faire si on ne décolle
pas la jambe du lit de plus de 20 cm) Les petits mouvements de la racine
nerveuse sont un bon moyen de désenterrer la situation. Il y a
toutes les chances que les douleurs soient aggravées au début.
Il faut être prévenu et prendre des calmants en conséquence.
Mais augmenter l'inflammation locale dans une évolution traînante
est un moyen de faciliter la disparition de cet embêtant fragment
de disque.
Si vous n'êtes guère enthousiaste à l'idée
de souffrir davantage ou si vous ne semblez pas avoir la condition physique
nécessaire, ce qui sera sans doute la majorité des cas,
faites quand même une marche brève plusieurs fois par jour,
en allongeant le pas jusqu'à déclencher le conflit mais
sans excès, en gardant le bassin et le rachis lombaire dans une
position qui ne réveille pas la douleur du dos (ne pas aggraver
la souffrance du disque) et en ayant pris 3/4 d'heure avant, un anti-inflammatoire
et un antalgique. C'est valable pour toutes les sciatiques non hyperalgiques.
Vous pouvez jouer la prudence et tenter le classique lombostat rigide,
moins souvent efficace que dans les hernies "attachées",
ou passer directement à l'école du dos avec un kiné et
limiter la longueur de vos enjambées (méthode inverse de
la méthode "terroriste": on cherche à éviter
le conflit avec le nerf et non pas à augmenter l'inflammation).
Enfin, ces hernies exclues sont de bonnes indications chirurgicales.
Contrairement à d'autres situations, ne vous prenez pas la tête
trop longtemps si les exercices ne donnent rien. Au bout d'un mois sans
progrès, montrez votre dossier à un chirurgien.
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