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Introduction
à l'ostéopathie
L'ostéopathie est un ensemble de techniques de traitement des articulations
et des tissus dont le mode d'action et les indications restent imprécis.
Schématiquement le cheminement de la médecine scientifique
classique est: observations -> théorie -> mise au point d'un
traitement -> vérification de son efficacité. L'ostéopathie
n'emprunte pas ce cheminement, ce qui l'a longtemps fâchée
avec l'Académie de Médecine; c'est plutôt: expérimentation
à partir d'un cas fortuit (la technique manuelle est souvent découverte
par hasard) -> mise au point d'une théorie -> pas de vérification
de la théorie qui reste à l'état de croyance.
Cela n'enlève rien à l'efficacité parfois spectaculaire
de la technique. Mais vous devinez les inconvénients de ne pas
savoir avec certitude comment cela marche: difficulté à
reproduire les résultats, à enseigner la technique, à
sélectionner les patients les plus aptes à en bénéficier.
La lésion ostéopathique est sommaire: c'est une restriction
de mobilité. En clair, l'articulation n'est pas aussi mobile qu'elle
devrait l'être dans un secteur particulier. Cette différence
s'apprécie par la comparaison au côté opposé
quand c'est une articulation des membres, par rapport aux vertèbres
sus et sous jacentes quand il s'agit de la colonne.
Ainsi la lésion ostéopathique est un syndrome. C'est-à-dire
qu'elle peut traduire différentes anomalies articulaires, qui ne
sont pas précisées. Elle traite un symptôme, pas la
maladie qui en est la cause. Cette conception heurte beaucoup de médecins
attachés à la démarche scientifique traditionnelle.
En fait elle est bien adaptée à la multitude de petits problèmes
de fonctionnement qui accablent les sédentaires, à cause
des postures trop statiques et d'une réduction globable de l'activité
physique.
"Petits" problèmes n'empêche pas qu'ils soient
très pénibles, mais ils ne correspondent pas à de
réelles lésions, plutôt des décentrages articulaires.
Aucun intérêt à faire de multiples examens complémentaires
comme le font souvent les médecins non formés à l'ostéopathie.
Leur rentabilité est extrêmement faible. Ces problèmes
n'ont rien de vital et céderaient spontanément si leur porteur
s'auto-dérouillait de la bonne façon. L'ostéopathe
sert de mécano à ceux qui n'ont pas le loisir ou la patience
de modifier leur hygiène de vie. Nous allons essayer dans cette
série d'articles de vous en apprendre un peu plus sur la façon
de procéder.
Les limites de l'ostéopathie apparaissent quand la lésion
sous-jacente à la restriction de mobilité, quelle qu'elle
soit, n'est pas capable de guérir spontanément. Grossièrement
quand les séances d'ostéopathie ne vous soulagent que transitoirement,
ou quand vous avez passé la cinquantaine, il est temps d'identifier
un peu mieux ces lésions. C'est l'intérêt de ne pas
avoir un praticien trop isolé, enfermé dans sa médecine
traditionnelle ou son ostéopathie exclusive. C'est le travail en
réseau qui permet de vous faire bénéficier d'examens
plus poussés au bon moment, à moins que vous ayez la chance
d'avoir un médecin éclectique qui pratique l'ostéopathie
et vous prescrira lui-même les examens nécessaires si une
première séance est inefficace.
Quand
vous ressentez une douleur articulaire ou vertébrale, avant de
recourir à l'ostéopathie, il faut avoir une idée
raisonnable de ce que l'on traite. On ne sait pas bien ce que recouvre
la lésion ostéopathie ou restriction de mobilité,
mais on sait ce qu'elle n'est pas: fracture, tumeur, inflammation, infection.
Ce sont les circonstances d'apparition de la douleur et ses caractéristiques
qui apportent le plus de renseignements:
-En cas de traumatisme déclenchant, pas d'inquiétude si
c'était un simple faux-mouvement, par contre radios systématiques
si le traumatisme a été assez violent, même si vous
n'avez pas eu l'impression de vous casser quelque chose.
-Le "blocage vertébral", nom vulgaire de la lésion
ostéopathique sur la colonne vertébrale, est une douleur
précise ou un trajet douloureux fixe. Ce n'est pas une douleur
multiple ou imprécise, sauf si vous souffrez depuis des années
de blocages répétés ou non traités.
-La douleur n'est pas permanente: selon la posture que vous prenez, vous
"l'esquivez" plus ou moins bien. La douleur d'un blocage non
traité a tendance à s'étendre et à devenir
plus permanente. Mais ce peut être autre chose qu'un blocage, impossible
de faire l'impasse sur des examens plus détaillés. L'idéal
est bien sûr de ne pas en arriver là en ayant bénéficié
précocément d'un traitement ostéopathique.
-Les calmants sont peu spectaculaires. Les anti-inflammatoires vous soulagent
peut-être un peu, mais vous avez l'impression qu'il faudrait doubler
les doses pour avoir un résultat acceptable, ce que je vous déconseille
de faire. Cette inefficacité de médicaments pourtant puissants
peut vous paraître inquiétante. En fait elle traduit l'absence
de lésion réelle, et donc de cible pour ces traitements.
C'est votre système de perception de la douleur lui-même,
qui ne fonctionne pas normalement.
-La douleur est très énervante, particulièrement
pénible si vous avez du mal à l'esquiver. C'est comme de
rester le doigt coincé dans une porte! Mais elle n'est pas angoissante.
Vous n'avez pas une impression de réelle gravité.
-Il n'y a pas d'horaire douloureux. Vous pouvez être gêné
nuit comme jour. Si certains moments sont régulièrement
difficiles, cela proviendra de votre posture, assis, couché, penché
en avant...
Suite:
Technique d'auto-déblocage
cervical
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