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Le médecin et vous

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Jouez-vous
aux dés
avec votre
santé?

 

 

 

 

 

 

 


Avantages et
inconvénients
d'un traitement

 

 

 

 

 

 

 

 


Clémenceau

 

 

 


Affronter la maladie main dans la main

L'information sur les traitements que l'on vous propose, du simple médicament à l'intervention chirurgicale, doit être complète. Les litiges augmentent proportionnellement à la facilité avec laquelle on se fait maintenant soigner. Il y a beaucoup plus de traitements qui relèvent du confort: du calmant pris pour une douleur pas si insupportable que ça à l'opération de chirurgie esthétique. Il paraîtrait logique que le médecin insiste d'autant plus sur les complications possibles que le traitement n'est pas indispensable: inutile d'effrayer trop quelqu'un dont l'opération des coronaires est vraiment nécessaire. Insistons plutôt sur les risques d'un lifting ou de l'ablation de nodules disgracieux aux doigts: vous jouez un peu au poker avec votre santé. Entre les deux, le remplacement d'une hanche ou d'un genou complètement usé n'est pas obligatoire, mais n'est plus seulement du confort quand les douleurs conduisent à une perte complète d'autonomie. Il faut juger au cas par cas.
Malheureusement, dans la pratique, ces notions de bon sens sont encadrées par des lois rigides: la jurisprudence se fait unanime: en cas de résultat non conforme, le médecin doit démontrer qu'il a bien informé son patient de tous les risques possibles du traitement proposé. En clair: il doit vous faire signer un papier attestant que vous êtes prévenu que le médicament prescrit peut provoquer un choc allergique (presque tous), une somnolence susceptible de provoquer un accident sur la route (décontractants, anti-douleurs), une insuffisance rénale aiguë, une hépatite mortelle... En chirurgie, il faut accepter de courir les risques des multiples causes de décès, les infections, mutilations, séquelles irréversibles. Rassemblez votre courage pour avaler la pilule ou vous soumettre au bistouri!
Si ces obligations étaient strictement respectées, l'avantage serait de limiter le recours trop facile aux médicaments. Mais à l'opposé nombreux seraient ceux qui refuseraient de prendre un traitement ayant pourtant pour eux bien plus d'avantages que d'inconvénients. Il faut laisser de l'espace à la confiance mutuelle qui permet au médecin de conseiller son patient, ne rien cacher à celui qui veut tout savoir, tempérer l'enthousiasme de ceux qui espèrent trop des traitements proposés, mais ne pas paniquer ceux qui ont tout intérêt à se faire soigner.
Plus l'indication de traiter n'est pas formelle, plus le patient est à même de peser le pour et le contre, plus il doit participer à la décision finale, éventuellement sa famille avec lui. Mais il n'est pas bon de faire peser toute la responsabilité sur le principal intéressé. A l'extrême, cela pourrait devenir: "Vous faîtes le traitement X, vous y gagnez: a)..., b)..., c)...; vous risquez: 1)..., 2)..., 3)... Maintenant, entourez votre réponse: OUI - NON". L'expérience du médecin traitant n'est pas remplaçable: c'est lui qui peut estimer au mieux ce que vous risquez: il connaît la fréquence et la gravité des complications encourues, de la maladie et de son traitement, il connaît la compétence du confrère à qui il vous confie éventuellement. Il doit dans certains cas se débarrasser d'une tendance à banaliser certains traitements; d'autres fois, c'est au contraire une réticence injustifiée vis à vis de nouveaux traitements qu'il doit vaincre. Dans les situations délicates à trancher, il est parfaitement justifié de prendre un avis supplémentaire. De moins en moins de médecins s'en formalisent, et ce ne sont pas des consultations supplémentaires qui mettront l'assurance-maladie dans le rouge, surtout si elles évitent des interventions inutiles.
Il faut donc souhaiter qu'en cas de litige la justice sanctionne plutôt le défaut d'objectivité du thérapeute que le défaut d'information. La dérive qu'elle peut entraîner est nette aux Etats-Unis, où patient et médecin se regardent en chiens de faïence en se demandant lequel va causer des ennuis à l'autre, et où la consultation du généraliste démarre à 80€ (500 Frs) parce qu'elle inclue de lourdes charges d'assurance responsabilité professionnelle.
La loi votée récemment sur l'indemnisation de l'alea thérapeutique rassure tout le monde: elle permet l'indemnisation des victimes d'accidents sans faute médicale. Son inconvénient est qu'elle risque de banaliser les traitements à risque, les médecins étant rassurés de ne pas subir eux-mêmes les conséquences des inévitables accidents qu'ils entraînent.

Choisir son généraliste

Un livre pas trop long de de Jean Doubovetzky qui réussit l'exercice équilibriste d'être parfaitement objectif sur le sujet.
Aucune influence commerciale dans cet ouvrage.
Une lecture indispensable et un investissement minime en regard de ce que vous dépensez chaque année en matière de santé.


Vous prescrit-on un placebo?
Une situation éthiquement difficile se présente assez souvent à votre médecin: doit-il vous prescrire un médicament auquel il ne croit guère (placebo ou presque) s'il pense que le fait d'avaler une pilule va vous faire néanmoins du bien? La situation se présente quand vous espérez (réclamez?) qu'un traitement efficace existe pour votre problème, et que ce n'est pas le cas. Souvent la solution la plus simple pour le médecin est de vous donner un médicament "gentil". Malheureusement s'il n'y croît guère lui-même, vous le sentirez et il n'a aucune chance de marcher. Même si les motifs sont erronés, il vaut mieux avoir sincèrement foi dans son placebo pour être un patamédecin efficace! (détails sur le placebo)
L'autre approche, bien meilleure mais délicate et dévoreuse de temps, est de mettre au clair les motifs de votre besoin de traitement: le plus souvent l'inquiétude face au vieillissement et ses conséquences, beaucoup plus sur les facultés intellectuelles que physiques. Voyez le succès des placebos qui s'adressent directement aux effets du vieillissement! Ce pas difficile étant franchi, il vaut mieux que votre médecin ne vous laisse pas en plan sur ce constat, sinon vous pourrez lui en vouloir! Il montrera suffisamment d'empathie pour vous aider à comprendre que la vie n'est pas terminée, qu'il faut chercher de nouveaux motifs de satisfaction personnelle, qu'il y a des conflits qui vous pourrissent depuis longtemps la vie et pour lesquels il serait temps d'essayer une nouvelle approche. S'il fait tout cela en une seule consultation, n'hésitez pas à lui régler un dépassement d'honoraires! Dites-vous enfin que si vous êtes là pour trouver des réponses à vos questions, c'est que votre enthousiasme pour la vie est toujours là. Il n'y a pas de solution à tout, mais le non-dit est bien pire. Les médecins ont davantage de motifs de désespérance avec ceux qui ont déjà mis dans leur fort intérieur un pied dans la tombe.
Vous devez connaître ce mécanisme important de la relation médecin-malade. Sinon, par connivence tacite à ne pas pousser les choses plus loin, vous vous retrouvez rapidement avec une "pancarte chargée" (allusion à la pancarte du lit d'hôpital sur laquelle le professeur vient biffer parfois 9 sur 10 des médicaments pris en ville, pour leur caractère "facultatif"). Osez demander à votre médecin s'il pense indispensable ce nouveau traitement. Paradoxalement ayez plutôt confiance dans ceux susceptibles de vous causer des ennuis: si le médecin vous conseille de courir ces risques, c'est qu'il pense que votre maladie est potentiellement beaucoup plus dangereuse. Il n'a aucun intérêt personnel à vous faire avaler ces pilules. C'est vrai qu'il existe une pression des industries pharmaceutiques à banaliser l'usage du médicament, qui vous touche autant que les médecins par l'intermédiaire des médias remplis de publi-information. Mais l'action des laboratoires auprès des médecins vise moins à augmenter le volume des prescriptions qu'à favoriser leur produit par rapport aux concurrents, dans des indications dont les médecins gardent le contrôle dans la majorité des cas. Ne sortez pas déboussolés de cette lecture: gardez confiance en l'indépendance d'esprit de votre médecin. Et pour les traitements délicats ou prolongés, prenez éventuellement un autre avis. Un avis compétent, pas celui de votre voisin ou de l'horoscope.


La vérité au malade
Faut-il tout dire au malade de sa maladie? Grand débat. Difficile d'instituer des règles. La seule est de dire tout à celui qui l'exige vraiment. Le libre arbitre est une chose importante. Mais combien de fois un médecin entend-il la question "Dîtes-moi la vérité" alors que la vraie demande est "Rassurez-moi, docteur"...
Quelques éléments de réflexion:
Le médecin doit parler de ce qui est compréhensible pour vous. Détaillez les aspects techniques de votre maladie et surtout des difficultés techniques qui peuvent être rencontrées n'a pas beaucoup d'intérêt quand vous êtes largué, sinon de générer une angoisse supplémentaire. Il faut toujours être dans le dialogue, pas le monologue technique.
Votre origine culturelle est très importante. Pour des motifs culturels et religieux, votre fatalisme peut varier grandement. Le fatalisme des anglo-saxons est supérieur à celui des latins, celui des orientaux supérieur à celui des occidentaux. Le malade anglo-saxon se voit ainsi facilement annoncer un temps de vie précis restant par son médecin, ce qui est rare dans les pays latins.
En France, la tendance générale est d'annoncer les diagnostics graves à la famille plutôt qu'au malade. Certaines des raisons sont bonnes: si le médecin ne connaît pas bien son patient (à l'hôpital), il peut éviter un mauvais choix psychologique: certains sont "cassés" définitivement par l'annonce d'un diagnostic grave et vont passer leur fin de vie en déprime permanente. La plupart des raisons sont mauvaises: peur de servir de bouc émissaire ou d'indiquer implicitement un bouc émissaire (le médecin qui n'a pas fait immédiatement le diagnostic?), recul devant la prise en charge psychologique qui doit normalement s'associer à une telle annonce.
Le principal défaut de notre système est l'absence de codification des maladies. On comprend facilement qu'une opération soit facturée plus ou moins chère selon la gravité et le temps passé par le chirurgien. Ce n'est pas le cas pour la consultation médicale, ce qui incite théoriquement le médecin à préférer s'occuper des problèmes légers, pas ceux qui demandent beaucoup de discussion et d'entourage. La journée du médecin est déjà longue.
La prise en charge psychologique d'une annonce grave est indispensable. Les familles sont rarement en état de s'en occuper seules. Mais elles ne doivent pas démissionner. Leur participation est essentielle. Le système de santé ne peut pas tout prendre en charge, ou cela se fera au détriment de la recherche et de l'amélioration des progrès techniques dans ces maladies. Son rôle est d'éduquer et de conseiller. On ne peut pas fonctionnariser une prise en charge psychologique. Les associations de bénévoles ont un rôle essentiel. Elles ne devraient pas prendre l'allure d'administrations, pour ne pas décourager ces bonnes volontés. Chacun doit lutter contre l'égoïsme ambiant par une action locale, auprès des gens qu'il connaît. Une comparaison: la mendicité a pris une dimension industrielle dans les grandes villes, ce qui n'incite guère à participer, alors que l'on se laisse facilement apitoyer par le galérien qui habite près de chez soi. Il ne faut pas que l'entraide psychologique prenne le même chemin. Que l'on aie pour seul conseil à celui qui est dans les ennuis: "Tu devrais aller voir un psy". N'oublions pas que le meilleur antidépresseur pour quelqu'un est de lui montrer notre sollicitude et notre affection.
Des dérives sont possibles, fréquentes même. Trop cocoonés, certains malades ont tendance à profiter de la situation. Comme pour tout comportement infantile, il faut tracer une limite entre sollicitude et assistance/dépendance. Ne donnez pas plus que vous n'êtes prêt à donner. Mais surtout expliquez. Le non-dit est plus mortel qu'une bonne engueulade!


L'avenir de la médecine de famille:
La perte des valeurs de la médecine de famille vient des contraintes économiques. Pour continuer à connaître son patient et son environnement en profondeur, le médecin doit disposer de temps. 2 écueils: l'augmentation des besoins de santé très supérieure au nombre de médecins, qui obligent ceux-ci à passer de plus en plus de temps à leur cabinet et à réduire le temps passé à chaque acte; et le blocage des honoraires de consultation, qui n'incite pas à l'éterniser mais plutôt à faire des actes techniques, plus rémunérateurs. Vous constatez de façon éloquente que les médecins à "mode d'exercice particulier" (homéopathes, acupuncteurs, magnétiseurs, etc...), qui prennent davantage de temps pour vous parler, sont tous en secteur 2 (honoraires libres). La médecine "humaine" est actuellement à 2 vitesses.


Le médecin, vous et le coût de la santé
Votre médecin doit-il faire des économies pour vous soigner? Sur un sujet aussi sensible, ce sont les attitudes extrémistes qui doivent être évitées, dans le sens du gaspillage comme dans celui de l'économie à outrance. Même entre les médecins il y a des pommes de discorde, les hospitaliers accusant les libéraux de prescriptions inutiles, les libéraux trouvant démesurée (60%) la part de l'hôpital dans les dépenses de santé par rapport au nombre de personnes soignées. On s'émeut que tel nouveau traitement soit retardé ou tel examen insuffisamment disponible (IRM) pour des motifs économiques, pourtant l'augmentation des dépenses rend hystérique les ministères concernés. Etonnant comme les avis divergent entre le professionnel de santé, l'économiste, le quidam moyen qui a ou n'a pas tâté du système de santé. Cela s'explique en une petite phrase: la France n'a aucune politique de la santé. Cela dure depuis longtemps et n'est pas prêt de changer. Les historiens nous l'expliquent, cette démission remonte à la Révolution Française, où une première tentative maladroite de régenter la santé a engendré un tel chaos que nos gouvernants n'ont plus jamais voulu s'y frotter. Les mandarins ont longtemps régné à l'hôpital sans être gestionnaires, les libéraux ont longtemps protégé leur liberté grâce à leurs patients hauts placés et à l'estime populaire, l'homme de la rue s'est battu pour que le droit à la santé devienne le même pour tous, mais y cherche maintenant d'autres avantages sociaux. Le ministre fait en apparence son boulot, relâche d'un cran la ceinture des dépenses, mais elle pète quand même chaque année!! Actuellement, nos gouvernants sentent un tel septicisme de toutes parts quand ils parlent de réforme de la santé qu'ils n'osent bouger.
Pourquoi faut-il éviter de prescrire un examen inutile? La réponse vous paraît facile. Mais pourquoi faut-il aussi éviter de prescrire un examen peu utile? Plus délicat. C'est pourtant nécessaire car nous sommes dans un budget fermé de la santé: tout le monde s'accorde que ce budget doit rester dans certaines limites, sinon ce sont d'autres comptes sociaux du pays qui risquent d'en pâtir. Si l'on effectue une dépense peu utile, c'est au détriment d'une plus utile. Ainsi on peut affirmer que les examens de sang, radios et scanners pratiqués sans grande justification ont été en partie responsables de notre retard catastrophique d'équipement en IRM. On ne peut avoir d'argent pour tout. 2 autres conséquences plus pernicieuses: 1) Les examens peu utiles ont une certaine morbidité: radios et scanners irradient, les injections peuvent déclencher des allergies, les explorations invasives (fibroscopie) toutes sortes d'ennuis jusqu'au décès. Les examens peu utiles découvrant par définition rarement quelque chose, quel est leur bénéfice en tenant compte de leur morbidité? Personne n'est capable de répondre, mais la plupart des gens agissent comme s'il était criminel de ne pas les pratiquer. 2) Quand un spécialiste pratique de nombreux examens qui s'avèrent normaux, il est forcément moins attentif que si chaque cas est un excellent motif, le risque d'erreur augmente. La médecine est encore suffisamment un art pour être dégradée par les pratiques industrielles.
Qui est responsable du gaspillage? Le patient, le médecin? La faute doit-elle retomber sur l'économiste, qui ne veut pas délier les cordons de la bourse?
Tout le monde est responsable, en fonction de sa position de client ou de prescripteur du système, et de son degré de moralité personnel.
Le patient est responsable quand il pousse son médecin à faire un examen "pour voir", ou un traitement "pour faire quelque chose". Il a ses raisons: la maladie se médiatise en un loup chaque jour plus affamé (3 cas d'encéphalite spongiforme terrorisent 55 millions de personnes, qui ont bien plus de chances de mourir d'un accident domestique), les erreurs médicales se médiatisent aussi (ne va-t-il pas oublier quelque chose?), l'examen clinique du médecin paraît de plus en plus rapide et lui-même plus dépendant de tous ses chiffres et comptes-rendus. Comment désormais confier facilement son sort à des mains qui semblent plus habituées à manier le stylo ou à taper sur un clavier? Si le médecin ne vous prescrit pas l'examen que vous attendez, personne ne devrait plus hésiter à lui en demander la raison. Les pratriciens campés dans l'idée que vous ne pouvez rien y comprendre sont en voie de disparition. Ne tombez pas dans l'excès inverse de tout vouloir savoir sur tout: vous n'étiez sans doute pas tout seul dans la salle d'attente... Si la raison n'est pas convaincante et que la situation vous angoisse beaucoup, ce n'est pas immoral de consulter un autre médecin pour lui demander son avis sur l'examen que vous pensiez nécessaire. Mais celui qui est ancré dans son idée et cherche juste un prescripteur plus conciliant... A chacun sa spécialité. Ce n'est pas parce que l'on est concerné de près que l'on peut mieux identifier la maladie dont on souffre. Les médecins vous le confirmeront, eux qui font souvent sur eux-mêmes leurs plus belles erreurs de diagnostic, quand ils ne veulent pas embêter un confrère.
Le médecin est souvent responsable de prescriptions peu utiles par manque d'assurance, sa formation n'étant pas bien à jour sur tout. Huit ans d'études pourtant, onze minimum pour les spécialistes, il est vrai que cette formation n'est pas orientée vers la pratique de la médecine libérale mais hospitalière. De toute façon la médecine évolue tellement vite que la formation doit rester permanente: c'est la formation médicale continue (FMC). La profession essaye d'y pousser l'ensemble des praticiens, mais la FMC se fait en ordre dispersé puisqu'actuellement chacun est libre de s'y coller ou non. 2 écueils principaux: valorisation purement personnelle apportée par ces formations (les médecins ont pour la plupart déjà suffisamment, voire trop, de clients), nécessité de temps alors que les consultations en absorbent déjà beaucoup.
Le médecin peut prescrire des examens inutiles dans 2 autres circonstances fréquentes: Il a peur de ne pas satisfaire son patient et de le perdre, en ces temps de fort nomadisme médical. C'est une situation fréquente dans les zones de trop forte densité médicale (région parisienne, grandes agglomérations, sud-est). Sans remettre en cause la liberté d'installation, il faudrait interdire les nouvelles implantations dans les zones "surbookées", comme cela se pratique déjà ailleurs. Autre circonstance litigieuse: le médecin prescrit un examen d'utilité limite pour multiplier les consultations (et les raccourcir). Par exemple vous avez mal au dos et apportez une radio vieille de 3 ans. Elle oscille facilement entre "assez récente" et "un peu ancienne" selon le contexte. Enfin, les plus mauvaises langues signaleront que certains médecins font travailler facilement les autres, mais cela reste marginal parmi les autres travers signalés. Les médecins ont aussi leurs raisons: Le tarif conventionnel dont ils sont prisonniers n'a pas bougé depuis 8 ans. Ce sont les actes techniques qui sont favorisés, pas l'acte intellectuel de la consultation. Les conséquences sont claires: cela ne les incite pas à discuter et à palper en détail mais à multiplier les consultations brèves avec prescription d'examens complémentaires pour pallier à la réduction de l'examen clinique du malade. Cela les incite également à préférer les maladies simples aux problèmes compliqués: une tendinite simple est bien plus "rentable" qu'un problème de dos évoluant depuis vingt ans.
Ce sont les dysfonctionnements qu'entraînent l'absence d'une véritable politique de santé.
Que devrait être cette politique dans une démocratie? Voici notre prétentieuse opinion:
Pour satisfaire les économistes, il faut un budget pour la santé. A l'échelle d'un pays, on ne peut pas se soigner à prix d'or si on en n'a pas les moyens. Ce budget devrait donc être influencé à la fois par la conjoncture économique générale et par les grands indicateurs de l'état de santé de la population.
Quoi faire de ce budget? Il faut bien différencier ce qui relève véritablement de la solidarité, et le "surplus". La solidarité doit prendre en charge sans restriction les maladies aléatoires qui rendent inégaux nos parcours dans la vie et en abrègent parfois beaucoup certains: ce sont la plupart des maladies courantes, de la virose bénigne au cancer malin. Le problème des maladies auto-déclenchées ou auto-entretenues est un cas à part. Il s'agit des situations "d'autolyse", où une personne sait qu'elle se détériore la santé par une pratique néfaste, qu'elle poursuit néanmoins. Nos voisins anglais ont déjà eu des réactions spectaculaires en refusant la prise en charge de certaines de ces maladies. Notre sensibilité est différente sur le sujet. Mais cela pourrait faire l'objet d'un débat public. Ces maladies prévisibles relève-t-elle autant de la solidarité que les autres? Sachant que la plupart de ces conduites d'autolyse relèvent de problèmes personnels, ne faudrait-il pas mettre en place des incitations à entreprendre une psychothérapie ou rejoindre un groupe de discussion plutôt qu'à prendre en charge aveuglément toutes les conséquences de ces comportements?
Le "surplus", une fois que les dépenses de solidarité sont faites, sert actuellement à prendre en charge: 1) les dépenses de confort, 2) les difficultés sociales, 3) la prévention des maladies courantes. Leur intérêt est fort différent: la prévention, c'est un investissement: la dépense ne produit aucune amélioration de l'état de santé sur le moment (campagne de vaccination, recherches sur une maladie médiocrement traitée), mais la rentabilité est assurée par une réduction future des maladies visées. Les difficultés sociales sont largement prises en charge par l'assurance-maladie, de façon tout à fait injustifiée. Nous ne parlons pas des cartes santé et autres PMU qui permettent aux plus démunis de se faire soigner gratuitement. Elles sont une grande avancée sociale, et dans notre expérience l'immense majorité des bénéficiaires n'en abuse pas. Nous parlons des arrêts de travail "limites" ou carrément de complaisance, des accidents de travail interminables, des congés de longue maladie et "invalidités" remarquablement faciles à obtenir dans la fonction publique. Ces abus sont causés majoritairement par des difficultés relationnelles au travail. Notre propos n'est pas de nier les difficultés sociales. Simplement elles ne relèvent pas de l'assurance-maladie. Elles devraient être prises en charge par les organismes à vocation strictement sociale. Que l'on sache exactement ce que coûte la santé. Que l'on ne bloque pas les installations d'IRM parce que les dépenses sociales grèvent les comptes de la sécu.
Les dépenses de confort ont des limites floues. On peut parler de dépenses "non impératives". Elles ne comprennent pas seulement les traitements légers type massages ou homéopathie. De nombreuses opérations sont des opérations de confort. Elles ne sont pas toutes remboursées. L'ostéopathie non pratiquée par un médecin ne l'est pas. La prise en charge de chacune de ces dépenses devrait être discutée. Pourquoi? Parce qu'on est dans un budget fermé et qu'elles empiètent sur la prévention et les dépenses de solidarité indispensables. Dans certains pays, les autorités ont mené des consultations publiques pour savoir ce que les gens souhaitaient voir le mieux pris en charge au niveau du confort: Voulez-vous qu'on rembourse mieux les lunettes, les soins dentaires, la chirurgie esthétique, les manipulations vertébrales, la sophrologie? Nous sentons que vous avez une opinion. Peut-être serait-il judicieux effectivement que compte l'avis de tous sur comment dépenser l'argent de tous, quand il s'agit de dépenses non obligatoires...


Médecine et recherche


Code Déontologique du patient:
1. Ne tentez pas de convaincre votre médecin de votre souffrance. Vous risquez de nuire à une précieuse objectivité scientifique.
2. Soyez toujours gai devant votre médecin. Il mène une vie agitée et stressante. Il a besoin de votre réconfort.
3. Essayez de souffrir des maladies pour lesquelles votre médecin vous soigne. Il a une réputation professionnelle à soutenir.
4. Ne vous plaignez pas si le traitement n'apporte aucun soulagement. Seul votre médecin sait ce qui est bon pour vous.
5. Ne questionnez jamais votre médecin sur ce qu'il fait. Il est présomptueux de penser que ces choses peuvent vous être expliquées en termes compréhensibles.
6. Soumettez-vous sans rechigner à tout traitement expérimental. Même si ce traitement ne vous est pas bénéfique, la publication des résultats sera d'un intérêt formidable.
7. Payez vos frais médicaux de bon coeur. C'est un privilège de contribuer au bien être des professions médicales.
8. Ne souffrez pas d'affections trop chères pour vous. C'est arrogant de contracter une affection au dessus de ses moyens.
9. Ne parlez jamais d'effets secondaires ou de faute. Vous abîmez la relation médecin-patient, qui doit rester immaculée.
10. Ne mourrez jamais en présence de votre médecin. C'est lui causer un embarras inutile.


Dossier médical: vos droits
Une loi récente (mars 02) vous autorise à accéder à votre dossier médical. Vous pouvez faire la demande vous-même ou passer par votre médecin habituel. Joignez un justificatif d'identité, cela réduit les litiges et peut accélérer la procédure. Précisez comment vous voulez accéder au dossier: consultation sur place ou envoi du dossier à vous-même ou au médecin qui vous représente. La demande peut s'adresser aussi bien à une clinique, un hôpital, qu'à un médecin particulier. Le délai d'obtention du dossier ne peut dépasser 8 jours (2 mois pour les affaires remontant à plus de 5 ans). La consultation sur place est gratuite, la copie des pièces est facturée au prix coûtant, bon marché s'il s'agit de simples photocopies, plus onéreuse si vous demandez la duplications des planches radiologiques. Le délai de conservation du dossier est de 30 ans (délai de prescription en matière de responsabilité).
Cas particuliers:
*Un mineur: seule une personne titulaire de l'autorité parentale peut demander l'accès à son dossier, mais à condition d'avoir son accord.
*Décès: 3 raisons légales permettent aux ayants-droit du défunt de demander l'accès au dossier: connaître les causes de la mort, défendre la mémoire du défunt, faire valoir leurs droits (auprès d'une assurance par exemple). Le défunt peut s'être opposé de son vivant à la communication d'informations: la demande sera rejetée. Un certificat médical ne contenant pas de renseignements couverts par le secret médical peut néanmoins être obtenu pour les assurances. S'il n'y a pas eu opposition, seules les informations concernant le motif précis de la demande sont communiquées et non l'intégralité du dossier.
*Hospitalisation psychiatrique: la demande passe par une commission spécialisée avant d'être acceptée.
Que doit contenir le dossier médical?
Pour un dossier d'hospitalisation, doivent obligatoirement figurer: fiche d'identification du malade, motif d'hospitalisation et éventuelle lettre du médecin adresseur, antécédents, résultat de tous les examens pratiqués, fiche de consultation pré-anesthésique et feuille de surveillance anesthésique, compte-rendu d'opération ou d'accouchement, prescriptions de médicaments y compris l'ordonnance de sortie, mention de transfusion éventuelle, dossier de soins infirmiers, compte-rendu d'hospitalisation avec diagnostic final. Les renseignements obtenus par des tiers (situation sociale, maladies dans la famille) ne doivent pas figurer dans ce dossier, les "notes personnelles" des médecins sont facultatives.
Si vous rencontrez de la mauvaise volonté, sachez qu'il n'y a pas en réalité de sanctions prévues si le droit d'accès au dossier n'est pas pas respecté. Mais en cas de procédure contentieuse, les tribunaux jugeront sévèrement un médecin ou un hôpital qui n'aurait pas rempli ses obligations. Vous pouvez vous faire aider par une association, par exemple l'AVIAM Association d'aide aux Victimes d'Accidents Médicaux 30 rue Léon Bourgeois 51000 Châlons en Champagne http://site.voila.fr/aviam.
Que faire de ce droit?
Cette loi est une bonne chose car elle fait disparaître une zone d'ombre dans la relation de confiance entre les malades et leurs médecins. Elle incitera à une tenue plus correcte de certains dossiers hospitaliers "désertiques". L'usage de ce droit doit se faire cependant avec intelligence. Vous avez toutes les chances de ne pas comprendre grand-chose ou comprendre de travers un dossier livré brut à votre domicile. Je souhaite que vous connaissiez un médecin franc et ouvert qui servira de médiateur en cas de litige. La majorité des demandes ne relève pas en effet de la simple curiosité! Il faut que la vôtre aboutisse, mais que la procédure reste humaine... et abordable. Il y a déjà en effet des médecins "experts" dans l'assistance juridique des personnes lésées... à des tarifs souvent exhorbitants. Les tribunaux tranchent ces litiges après avis d'experts réputés dans le domaine concerné. Vous aurez une idée assez précise du résultat en prenant tout bêtement une consultation auprès d'un praticien compétent sinon réputé. Il est clair que ce médecin ne vous dira pas d'emblée qu'il y a eu faute médicale. Ce n'est pas dans l'esprit confraternel. Cela peut paraître assimilable à du corporatisme. Mais imaginez un monde où les médecins s'auto-valoriseraient en cassant du sucre sur le dos des autres! Vous ne sauriez véritablement plus à qui faire confiance. Généralement, si vous posez clairement la question en précisant que vous avez démarré une procédure contentieuse, vous aurez une réponse. Cela peut vous éviter des démarches coûteuses et parfois démoralisantes, le préjudice étant rarement reconnu à la juste valeur de celui qui l'a subi.


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