
Schéma vertèbres cervicales inférieures

Schéma vertèbres cervicales supérieures

Schéma ligaments cervicaux extérieurs

Schéma ligaments cervicaux intérieurs

Rapports de l'artère vertébrale avec les vertèbres
cervicales

Schéma vertèbres cervicales inférieures
|
Voici les 8 catégories de causes de ces douleurs.
Les noms sont ceux utilisés par les médecins et sont un
obscur jargon au premier abord, mais nous les expliquons en détail
et... vous comprendrez désormais de quoi parlent vos compte-rendus
d'examens.
En fait, en ayant lu ce texte, vous en saurez plus que la plupart des
médecins. Certes, ils sont formés correctement à
dépister les causes graves des douleurs vertébrales. Mais
ils ne connaissent pas les différentes origines des douleurs quotidiennes,
bénignes mais bien pénibles, rangées sous l'appellation
générale "cervicalgies fonctionnelles". Vous quitterez
le cabinet avec une ordonnance standard, ciblée pour rendre la
douleur supportable.
Voici comment aller plus loin: (n'hésitez pas à afficher
les schémas de la colonne ci-contre)
1) Discopathie simple
Textuellement souffrance simple d'un disque. Simple ne veut pas dire que
ce n'est pas gênant. Elle peut être brève et on n'y
fait guère attention (vague douleur cervicale pendant quelques
semaines), mais aussi s'étaler sur plusieurs années.
Elle est fréquente sur les radios (diminution de hauteur du disque
et déformation des rebords des vertèbres autour). En fait
même banale dès 25-30 ans. Les chutes dans l'enfance sont
fréquentes. Elles laissent sans doute des petites entorses et de
petites instabilités vertébrales qui vont user certains
disques plus vite que d'autres.
Ne mettons pas nos enfants dans une camisole pour autant. La grande majorité
de ces atteintes radiologiques n'entraînent aucun symptôme.
Ne vous effondrez pas au compte-rendu de ces radios, même si le
médecin en rajoute une couche sur votre "belle" arthrose:
il est plutôt content quand il trouve un suspect !, beaucoup de
gens souffrant de façon régulière avec des radios
normales.
Les discopathies cervicales sont moins souvent douloureuse qu'au niveau
lombaire. Pourquoi? Probablement parce que sur les disques lombaires,
les pressions sont plus importantes et figées. Les cervicales sont
mobilisées souvent et avec une plus grande amplitude. Les pressions
ne restent jamais longtemps au même endroit.
Mécanisme d'apparition:
Inflammation du disque modérée et intermittente tentant
de réparer les dégâts discaux liés à
une mobilité anormale ou des pressions locales excessives. Rappelons
que l'inflammation n'est pas seulement destinée à faire
souffrir! C'est le processus réparateur des tissus de l'organisme.
Dans certains cas, cette inflammation n'est pas assez active et la réparation
est trop lente pour compenser les dégâts recréés
quotidiennement sur le disque. C'est ainsi que l'on voit apparaître
une réelle dégradation du disque, avec amincissement, plutôt
par crises successives que progressivement, jusqu'à sa disparition.
Les 2 vertèbres finissent par se toucher et l'articulation discale
s'immobilise. Contrairement à ce que vous pourriez imaginer, cela
signe souvent la fin des douleurs discales, même si d'autres peuvent
apparaître. De nombreuses personnes voient ainsi leurs douleurs
s'améliorer spontanément après des années
de problèmes continuels. C'est aussi la méthode utilisée
par le chirurgien pour améliorer les cas les plus difficiles: comme
la prothèse discale n'est pas encore au point, il réalise
une arthrodèse, c'est-à-dire une soudure des 2 vertèbres
par greffe osseuse ou vissage d'une plaque métallique. Avant, tentez
sérieusement les moyens que nous indiquons ci-dessous, car il n'est
pas possible de faire marche arrière.
Diagnostic (ce que vous ressentez):
Sensibilité cervicale plutôt que douleur, mal localisée,
prédominant peu d'un côté par rapport à l'autre,
réveillée par tous les mouvements mais de façon modeste,
irradiation le long du cou mais pas plus loin. C'est une douleur chronique:
elle s'installe pour plusieurs mois ou années en l'absence de traitement
adapté. Son début est insidieux plutôt qu'aigu.
Traitement:
Les anti-inflammatoires sont efficaces mais je les déconseille
sauf en cas de phase aiguë, pour leurs vertus sur la douleur plutôt
que sur l'inflammation. Ils pourraient avoir un effet d'entretien en réduisant
la réparation discale.
Le vrai traitement de fond: Etirements axiaux effectués régulièrement
chaque jour, renforcement musculaire isométrique en posture indolore
(limitation des contraintes sur le disque en améliorant la protection
par les muscles), éviter les postures longtemps figées de
la tête, minerve rigide pour les cas les plus difficiles.
2) Hernie discale molle
Mécanisme:
Causée par un geste traumatique (activités imposant des
tractions brutales sur la base du cou, bras en élévation)
plus souvent que par un choc d'origine extérieure. En général
pas de cause évidente: c'est une hernie progressive. C'est-à-dire
qu'elle s'est constituée par étapes lors de petits traumatismes
du disque ou des postures prolongées. Des fibres de l'anneau discal
se sont rompues, un chenal s'est formé sous la pression du noyau
(voir <anatomie du disque>) et a permis la migration d'une partie
de la gélatine qui le constitue: c'est la hernie molle, qui vient
faire douloureusement pression sous le ligament vertébral à
l'extérieur du disque (cause de la douleur cervicale) et éventuellement
comprimer le nerf qui sort de la vertèbre à cet endroit
(cause de la névralgie cervico brachiale, douleur irradiée
le long de l'épaule et du bras jusqu'aux doigts).
La hernie est considérée comme un corps étranger
par les tissus environnants. Une réaction inflammatoire se forme
autour d'elle pour essayer de l'éliminer. C'est bénéfique
d'un côté (la hernie peut disparaître quand les douleurs
initiales ont été très violentes, témoin d'une
inflammation vive), mais de l'autre côté, le nerf, qui est
en contact direct, n'apprécie pas. Les enzymes de l'inflammation
agressent le tissu nerveux fragile et déclenchent un oedème
qui accentue la compression du nerf.
Le nerf est constituté de différentes catégories
de fibres nerveuses: celles de la douleur, celles faisant remonter la
sensiblité vers le cerveau, celles commandant la force.
L'inflammation stimule les fibres de la douleur. La compression modérée
déclenche des troubles de sensibilité (vous ne sentez pas
ou mal dans la zone dont le nerf assure les sensations). La compression
sévère provoque en plus une perte de force, voire une paralysie:
les fibres dites "motrices", qui véhiculent la force,
sont plus grosses et moins fragiles que les fibres de la sensibilité.
Le nerf est une grosse "corde" constitué de très
nombreuses fibres de ces trois catégories. Elles forment différents
contingents qui assurent la fonction du nerf sur des portions successives
de son territoire. Au bras, le territoire est une bande allongée
sur un côté du bras, de l'épaule jusqu'aux doigts.
C'est la topographie aux doigts qui permet d'identifier le plus facilement
de quel nerf il s'agit. C'est très important pour le diagnostic
du médecin quand il s'agit de vérifier si une lésion
vertébrale est cohérente avec ce trajet.
Selon le côté du nerf le plus exposé au niveau du
conflit vertébral, tel contingent de fibres nerveuses va souffrir
le plus, telle portion du territoire du nerf sera le plus douloureux.
Quand le conflit "bouge", cas les moins sévères,
la douleur prend surtout une portion du bras, et se déplace. Quand
le conflit est majeur, tout le nerf est comprimé, l'ensemble du
territoire au bras est douloureux, du cou jusqu'aux doigts.
Si la compression n'est pas trop sévère, la fibre nerveuse
n'est pas détruite et récupère en quelques semaines:
votre perte de sensiblité et de force récupère bien.
Si la compression est majeure, les fibres peuvent être définitivement
abîmées. Une récupération est possible, mais
beaucoup plus lente (plusieurs mois), moins par repousse nerveuse que
par prise en charge des zones anesthésiées ou paralysées
par des ramifications des fibres encore intactes.
Lisez: Comment
favoriser la réparation nerveuse?
Inquiet de l'évolution de votre paralysie à la lecture de
ces lignes? Ca vous donne envie de vous faire rapidement opérer
pour lever la compression du nerf?
Ce n'est pas si simple. En fait les lésions sont presque toujours
maximales d'emblée. Pour éviter toute lésion définitive
du nerf, il faudrait opérer dans les heures qui suivent le déclenchement
de la hernie. Irréaliste en pratique. Et le chirurgien n'intervient
pas avec un risque zéro. Anesthésie générale,
cicatrice dans une zone délicate: pour certains ce ne sera pas
le bon choix. Il faut donc temporiser. Le médecin apprécie
l'importance des lésions du nerf lors de son examen, et en contrôle
l'évolution. Sûr que si la perte de force ou de sensibilité
s'accentue... vous aurez affaire au bistouri.
Pour vous faire réfléchir: les études les plus fiables
comparant traitement avec opération ou non dans les paralysies
ne trouvent pas de différence sur la récupération
à 1 an de distance. Bien sûr, ce ne sont pas ces études
statistiques qui doivent guider les choix individuels. Et la balance penchera
probablement de plus en plus en faveur de la chirurgie au fur et à
mesure que les techniques s'améliorent.
Retenez une chose importante: ce ne sont pas le caractère aigu
de la douleur ou brutal d'une paralysie qui sont des indications chirurgicales.
Une inflammation aiguë a de bonnes chances de faire disparaître
la hernie et de résoudre le conflit. Une paralysie brutale d'emblée
est liée à des lésions déjà irréversibles
des fibres nerveuses et ne sera pas améliorée par la levée
chirurgicale de la compression. L'indication chirurgicale, c'est un conflit
qui s'aggrave, ou plus couramment qui ne s'améliore pas d'une semaine
à l'autre avec le traitement médical habituel.
Diagnostic:
Contexte de traumatisme ou micro traumatismes (efforts inhabituels répétés
sur le cou). Douleur cervicale plus brutale et plus violente que la discopathie
simple, accompagnée ou suivie d'une irradiation aiguë le long
de l'épaule et du bras. Cette irradiation est la plus violente
et "efface" la douleur vertébrale. Le trajet est souvent
complet jusqu'à certains doigts. Perte de sensibilité permanente
et de force sont possibles. Un simple changement des sensations dans la
zone douloureuse, mais avec perception du toucher, est fréquent
et pas très grave. Réveil de la douleur en écartant
le bras du corps vers le haut et vers l'arrière, tête tournée
vers le côté opposé. N'insistez pas à le faire,
mais c'est un moyen de vous rendre compte que ça s'améliore
quand le mouvement redevient plus facile. Si vous avez été
manipulé, vous êtes sans doute aggravé (mais une amélioration
est possible, tout dépend où se déplace la hernie),
ou la douleur est apparue dans le bras alors que vous n'aviez mal qu'au
cou.
Traitement:
Seul cas de figure où il faut charger l'ordonnance: anti-inflammatoires,
cortisone, calmants purs, relaxants musculaires, morphine sans hésiter
si les calmants habituels ne suffisent pas.
Moins utilisés par les médecins mais très utiles:
-Les compresses thermiques, à mettre au congélateur et à
appliquer en froid sur le trajet douloureux du nerf (les terminaisons
nerveuses sont superficielles et vont être facilement anesthésiées
par le froid). Enlevez dès que c'est suffisamment engourdi, et
réappliquer par intermittence, pour ne pas déclencher de
problème de circulation.
-Les baumes révulsifs: "baume du tigre" et équivalents,
qui au contraire saturent les terminaisons nerveuses par une sensation
de chaleur, ce qui les engourdit également. La pharmacopée
classique n'est plus riche de ces produits, car les plus efficaces (Dolpyc
®) pouvaient causer des brûlures sévères, appliqués
en trop grande quantité. Mais beaucoup de boutiques de naturopathie
les distribuent encore.
Les traitements plus lourds: Immobilisation par minerve rigide. Infiltration
"foraminale" (le foramen est le trou vertébral où
sort la racine nerveuse), réalisée en service de radiologie,
parfois impossible (vertèbres cervicales basses inaccessibles chez
les personnes ayant un cou court). Tractions cervicales. Et bien sûr
opération. Délicate, mais les suites sont moins difficiles
que les opérations des disques lombaires.
3) Dérangement vertébral
Mécanisme:
Conflit bénin mais aigu (migration d'un fragment du noyau discal
sans hernie, traumatisme d'un nerf dans un faux-mouvement, coincement
de franges ligamentaires dans une articulation vertébrale, décalage
des surfaces osseuses d'une articulation après faux-mouvement ou
choc) conduisant à un dysfonctionnement chronique maintenu par
les contractures musculaires paravertébrales: ça fait mal
-> les muscles se raidissent autour -> le blocage est enterré,
rien ne peut se dégager. Evolution possible vers des lésions
permanentes? Personne ne peut le dire avec certitude, mais quand une arthrose
touche une vertèbre et pas ses voisines, c'est qu'elle ne fonctionne
pas comme les autres...
Diagnostic:
Début aigu ou rapide. Non traitées, ces douleurs peuvent
devenir permanentes pendant des années, mais vous devez vous souvenir
qu'au début elles étaient intermittentes.
Limitation de mobilité dans un ou quelques axes du cou, mais certains
restent libres.
Douleurs irradiées à la tête, au cou, à l'épaule
et au bras selon la vertèbre concernée, mais le territoire
de l'irradiation est dit "tronqué": il est plus réduit
et peut chevaucher les territoires habituels des gros nerfs. Déclenchement
des douleurs par un point "gâchette" sur le côté
de la vertèbre, entre les muscles à environ 2 cm sur le
côté et sur l'avant du milieu (arrière) du cou.
Traitement:
C'est le royaume des traitements manuels, ostéopathie et concurrents.
C'est quasiment un test diagnostique: votre douleur disparaît rapidement
en même temps que la limitation de mobilité. Sachez quand
même que des accidents peuvent survenir avec les manipulations (moins
souvent qu'avec les médicaments). Essayez peut-être une méthode
non forcée avant le "cracking", mais surtout choisissez
soigneusement votre thérapeute... et détendez-vous.
Lisez
La récidive évoque un entretien du dérangement par
une posture ou une activité professionnelle répétitive,
ou une instabilité vertébrale.

4) Instabilité
vertébrale
Mécanisme:
Mobilité excessive d'une articulation entre 2 vertèbres,
généralement secondaire à un traumatisme avec entorse
cervicale, parfois micro-traumatismes répétés ou
décompensation d'un trauma ancien.
Diagnostic:
Même visage que le dérangement vertébral, mais les
douleurs sont plus diffuses et de survenue plus progressive. Surtout le
traitement manuel n'entraîne qu'une amélioration brève,
voire peut aggraver, même sans manipulation.
Attention: le traitement manuel est opérateur-dépendant,
c'est-à-dire que les effets sont très aléatoires
selon la technique employée, le thérapeute, la façon
de l'appliquer sur vous. C'est beaucoup moins simple que d'administrer
une pilule! C'est plus une procédure artistique que scientifique.
Si une manipulation n'a rien donné, a aggravé ou n'a pas
"tenu", vous avez peut-être quand même un simple
dérangement vertébral mais n'êtes pas passé
entre les bonnes mains au bon moment.
Si votre thérapeute vous semble compétent et a une bonne
réputation, refaites une séance. Mais n'insistez pas sur
un traitement inefficace. Changez de manipulateur après 2 ou 3
échecs, ou changez d'orientation diagnostique: pensez à
l'instabilité vertébrale, surtout quand la manipulation
vous soulage, mais jamais durablement.
Traitement:
Collier souple lors des postures tête figée. Ne pas l'utiliser
trop facilement sinon effet défavorable sur la musculature. Musculation
dite "isométrique" (on force sans bouger) détail.
Rééducation dite "proprioceptive", ressemblant
à la rééducation de l'entorse de cheville détail.
5) Radiculite uncarthrosique
L'uncarthrose est l'arthrose du disque inter-vertébral.
Mécanisme:
La racine du nerf est à l'étroit dans le foramen, l'orifice
qui lui permet de sortir de la colonne vertébrale. Ce trou peut
être rétréci par une arthrose (épaississement
des rebords osseux) et/ou une vieille hernie discale durcie. De petits
frottements répétés entraînent une irritation
et un gonflement de cette racine, qui se retrouve encore plus à
l'étroit et agressée: auto-entretien. Le conflit est figé
et peu inflammatoire, contrairement à la hernie molle. Sa résolution
est lente et difficile.
Diagnostic:
Arthrose cervicale existante (mais indolore jusquà présent).
Déclenchement par des mouvements répétitifs inhabituels,
bras en élévation, ou tractions sur le bras écarté
du corps. Début plutôt progressif, le trajet douloureux du
nerf à l'épaule et au bras est rarement complet d'emblée,
souvent douleur cervicale et à l'arrière de l'épaule
au début puis extension au bras. Le nerf n'est pas assez comprimé
pour que vous ressentiez d'importants troubles du toucher ou de la force.
L'électromyogramme, examen médical qui teste l'état
des nerfs, est normal ou confirme une discrète atteinte de la racine
nerveuse. C'est un examen plutôt pénible et absolument pas
indispensable dans cette situation. Il sert dans les situations peu typiques
à éliminer d'autres causes à vos douleurs.
Traitement:
Efficacité médiocre ou nulle des anti-inflammatoires et
antalgiques, même la cortisone en comprimés est peu spectaculaire.
L'infiltration du foramen est beaucoup moins efficace que sur une hernie
molle. Les traitements manuels (ostéopathie) réveillent
la douleur plus souvent qu'ils ne la calment, même sans manipulation
vive. Mais ils peuvent améliorer secondairement s'ils détendent
le foramen. Les techniques ne sont pas les mêmes que sur un dérangement
vertébral: importance d'un diagnostic précis. Mais ce n'est
pas de toute façon une très bonne indication des méthodes
manuelles. Le traitement le plus sûr, malheureusement lent et contraignant:
immobilisation par une minerve rigide ou semi-rigide.
Canal cervical rétréci:
Citons ici l'irritation de la moelle épinière par un rétrécissement
du canal osseux au centre des vertèbres cervicales. Ce n'est pas
une cause de douleur cervicale, mais de fourmillements, engourdissements
et faiblesse des bras et des mains, voire des jambes. La symétrie
des symptômes dans les 2 bras est évocatrice, très
différente des douleurs commençant d'un côté
et basculant vers l'autre quand ce sont les racines nerveuses qui sont
irritées. L'absence de douleurs cervicales est un piège
pour le médecin, mais aussi un argument important quand il pense
au diagnostic. L'électromyogramme est l'examen qui vous sera proposé:
il différenciera cette atteinte de la moelle épinière
d'un syndrome du canal carpien au poignet ou d'une maladie des nerfs eux-mêmes.
6) Douleurs cervicales
projetées: articulation de la mâchoire,
troubles de la motricité des yeux, dents.
Une douleur projetée est une souffrance localisée à
un endroit... qui ne vient pas de cet endroit. Ici il s'agit donc de douleurs
ressenties sur les vertèbres cervicales, sans que celles-ci soient
responsables.
Mécanisme:
Les causes sont musculaires et nerveuses:
a) Les articulations temporo-mandibulaires (ATM):
relient la mandibule au crâne. Les mauvaises positions de ces articulations sont extrêmement fréquentes.
Or elles sont très utilisées (mastication, parole, déglutition). Le dysfonctionnement entraîne une stimulation excessive et permanente des zones très sensibles situés au fond de la cavité articulaire.
Par un mécanisme nerveux réflexe, apparaissent des contractures et des points douloureux non seulement dans la région de l''oreille, mais aussi au niveau cervical, dont les nerfs s'interconnectent avec ceux de l'ATM.
Cette cause de cervicalgie est un piège d'autant plus grand, qu'elle peut apparaître après un traumatisme en coup du lapin (encore appelé "fléau cervical" ou "whisplash" par les anglais): l'extension du cou dans le whisplash fait bailler la mâchoire, et le retour brutal en flexion écrase les ATM et peut entraîner leur luxation partielle, avec ultérieurement des douleurs cervicales qui ne sont pas liées à une quelconque entorse cervicale.
L'ATM doit être évoquée systématiquement quand les traitements ostéopathiques vertébraux n'amènent qu'une amélioration partielle et temporaire.
Les symptômes de l'ATM sont des douleurs juste en avant de l'oreille, gênant la mastication. Les craquements et bruits divers dans l'oreille, l'impression de sable, sont très typiques mais inconstants. Votre ouverture de bouche est limitée (normalement on peut y insérer au minimum 3 doigts, et habituellement 4). Dernier signe caractéristique: quand vous ouvrez lentement la bouche, la mandibule dévie un peu sur le côté avant de revenir au centre en fin d'ouverture.
b) Défaut d'occlusion:
Les dents ne se touchent pas d'un côté quand la mâchoire est serrée.
La répercussion sur la colonne cervicale peut être neurologique, par le même mécanisme que l'ATM, ou musculaire car certains muscles de la mastication s'attachent directement sur les vertèbres.
c) Muscles des yeux:
C'est plus compliqué: si leur fonction est altérée (trouble de convergence, d'accomodation, paralysie oculaire partielle...), le cerveau corrige automatiquement leur tonus pour assurer la meilleure vision possible... et aussi le tonus des muscles du cou dont la commande est étroitement associée à celle des yeux (la position de la tête est très calquée sur la direction du regard). Un surmenage oculaire peut ainsi entraîner un surmenage cervical... et des douleurs à ce niveau.
d) Nerf dentaire:
Stimulation permanente par un abcès, un kyste, un plombage au contact: entraîne une pousse de ramifications nerveuses et des liaisons anormales entre neurones au niveau de la moelle épinière -> douleur d'un territoire totalement indépendant, colonne vertébrale, bras, jambe (c'est une cause possible de sciatique).
Diagnostic:
Difficile car rare et méconnu des médecins. On est souvent
chez le mauvais spécialiste. A évoquer devant une douleur
permanente peu influencée par les positions et les mouvements de
la colonne, pas de points douloureux vertébraux nets, examens complémentaires
tous normaux (ou dans les limites de la normale pour l'âge) et échec
des thérapeutiques habituelles. Vous êtes en fait le mieux
placé pour orienter le médecin, en vous rappelant qu'il
y a eu un soin dentaire dans les semaines ou mois ayant précédé
le début des douleurs, ou en indiquant que vous avez des problèmes
visuels, ou que vous avez des craquements ou une gêne à mastiquer .
Traitement:
Celui de la cause quand elle a pu être identifiée: rééducation
d'un trouble de convergence visuel, prismes oculaires, traitement orthopédique de l'ATM, gouttières
dentaires, traitement ostéopathique de la mâchoire, ablation
d'un plombage dentaire parti à côté de la dent (radio
dentaire).
Très souvent, ces différents problèmes sont intriqués: les informations sensorielles anormales transmises par l'oeil, la mandibule ou le pied entraînent des perturbations des automatismes du squelette, avec des douleurs chroniques, volontiers vertébrales, incompréhensibles pour la personne qui en souffre... et malheureusement aussi pour la majorité des médecins.
C'est le domaine de la posturologie, discipline au carrefour de plusieurs spécialités: rhumatologie, ostéopathie, dentiste, kinésithérapeute, orthoptiste, podologue. Si vos douleurs résistent à tous les traitements habituels, vous avez sans doute intérêt à consulter un posturologue dans une de ces spécialités.
7) Cervicalgies secondaires
Cancers, infections, inflammations rhumatismales, méningite...
Les grandes craintes du médecin autant que du malade, source de
multiples examens complémentaires souvent injustifiés. Evitons
autant la paranoïa que les oeillères. Il y a des critères
bien précis pour évoquer ces diagnostics.
Mécanisme:
Toutes les causes de cervicalgies secondaires ne sont pas de mauvais pronostic.
La désagrégation aiguë d'une calcification provoque
un torticolis majeur avec handicap fonctionnel impressionnant, mais guérit
vite et complètement avec les anti-inflammatoires. Diagnostic sur
les radios: calcification d'un disque ou près de la colonne, qui
peut disparaître lors de la crise. Il y a une forte inflammation
sur les tests sanguins, et souvent une augmentation des globules blancs
pouvant faire croire à une infection.
Les autres causes sont les tumeurs primitives (beaucoup sont bénignes,
neurinome, méningiome, dilatation de la moelle) ou secondaires (métastases
d'un cancer localisé ailleurs), et les infections: méningites,
spondylodiscites (infections du disque et des vertèbres adjacentes),
abcès le long des vertèbres ou du pharynx.
Citons aussi les douleurs musculaires primitives, très rares,
contrairement à une idée largement répandue. Cf
FAQ. Même les myopathies et la maladie de Parkinson sont des causes
de douleurs cervicales d'origine vertébrale, favorisées
par l'insuffisance ou au contraire l'excès de tonus musculaire,
et non pas causées directement par ces maladies.
Diagnostic:
Dans les douleurs cervicales "mécaniques", bénignes,
on ne trouve pas: fièvre, amaigrissement, grande fatigue générale
(sauf si vous ne passez que des nuits blanches à cause des douleurs),
inflammation ou infection sur les examens sanguins. La cervicalgie secondaire
doit alarmer aussi par: l'importance de la douleur, pouvant entraîner
un repli sur soi-même (on se plaint moins qu'on ne le devrait);
l'efficacité des calmants, bonne mais insuffisante (la douleur
de vertèbre "bloquée", bénigne, peut être
très aiguë, mais comme elle n'est pas liée à
une lésion grave, vous trouvez les calmants, même les plus
forts, sans effet net); l'absence d'évolution favorable. Devant
l'un de ces signes, la radio de la colonne est indispensable, mais de
lecture difficile. L'IRM est l'examen de choix.
Traitement: Selon la
cause.
8) Cervicalgie refuge
Vous devez connaître ce diagnostic, que les médecins sont
obligés d'évoquer pour éviter des traitements inutiles
voire dangereux.
Mécanisme:
La douleur rachidienne psychosomatique n'existe pas. Il faut que les médecins
s'en persuadent sinon ils n'arriveront jamais à sortir d'affaire
certains malades. La cervicalgie refuge est la majoration d'une douleur
vertébrale bénigne, que vous considérez comme grave
parce que vous avez d'autres soucis et qu'il est plus facile pour vous
de "charger" votre colonne. C'est la "cheminée d'évacuation"
de vos problèmes. Mais il existe un réel dysfonctionnement
vertébral: vous êtes contracté et vous servez anormalement
de votre colonne. Vous créez sur vous-même des effets néfastes
(effet nocebo) qui ne sont pas virtuels.
Les vrais simulateurs existent mais sont rares. On n'est pas de toute
façon dans la définition de la douleur psychosomatique.
Cette identification de la cervicalgie refuge est importante, car son
principal danger est la conduite inadaptée des traitements. Elle
génère beaucoup d'examens inutiles, qui ne sont pas forcément
normaux. Vous pouvez avoir une hernie discale ancienne et indolore (elles
sont fréquentes sur les scanners faits sur des gens bien portants)
que l'on croit responsable de votre problème. Une opération
risque de faire de vous un véritable handicapé! Plus besoin
après d'en rajouter.
Heureusement ceux qui ont une cervicalgie refuge vont rarement jusqu'à
accepter une opération. Mais certains chirurgiens vous brossent
un tableau tellement noir si vous ne vous faites pas opérer...
Diagnostic:
Vous l'aurez fait bien plus facilement que le médecin à
la lecture de ces lignes. Vous passez trop de temps à convaincre
entourage et médecins que vous êtes très gêné.
Les examens n'expliquent pas bien l'importance et la durée de vos
ennuis. Il y a un retentissement rapide du stress sur les douleurs. Vous
êtes un occidental, citadin.
Traitement:
On peut l'aborder par les 2 bouts: soit par la psychothérapie et
les psychotropes, solution que choisissent malheureusement la plupart
des médecins. Soit par le trouble vertébral et les traitements
physiques, qui est en fait l'approche que vous préférez
puisque c'est celle que vous présentez. Traitons votre colonne
et vous parlerez facilement du reste. Souvent c'est chez l'ostéopathe
que vous déviderez le fil de vos difficultés, plus que chez
le psy!
Principal obstacle à votre guérison: les bénéfices
à rester malade: cocooning familial, salaire maintenu à
son niveau antérieur sans travailler, ou pas de nécessité
financière de reprendre son activité (un licenciement pour
inaptitude ou une petite rente pour invalidité peut être
le but recherché). La frontière n'est pas toujours nette
entre le vrai profiteur et celui qui se persuade d'être un véritable
handicapé. Tâchez de ne pas être trop convaincant,
ça laisse toujours des traces!
Concluons sur une note plus optimiste,
en précisant la fréquence de ces différentes causes
de cervicalgies:
*Les cervicalgies secondaires, les plus graves, sont les plus rares. Un
rhumatologue, sauf recrutement particulier, n'en voit que quelques cas
par an.
*Les cervicalgies projetées sont rares mais certainement sous-diagnostiquées.
*La cervicalgie "refuge" est fréquente en milieu professionnel
stressant, quasi inexistante à la campagne. C'est une création
du vingtième siècle.
*Hernie discale molle (plutôt avant 50 ans) et radiculite uncarthrosique
(plutôt après 50 ans) viennent ensuite, avec une fréquence
comparable.
*Les causes bénignes sont de loin les plus fréquentes: Dérangement
vertébral, instabilité vertébrale, discopathie simple.
Elles peuvent entraîner des douleurs très pénibles...
mais ne vous emporteront pas. Si vos douleurs sont anciennes (plusieurs
années), vous êtes forcément dans cette catégorie.
Encore des points obscurs? Consultez la FAQ
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