

L'AUTOMÉDICATION
(Docteur P. SICHERE)

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Introduction: Utiles, les médicaments?
Ce site est complètement indépendant de l'industrie
pharmaceutique. Faisons un point sur l'intérêt général
des médicaments avant d'aborder les avantages et inconvénients
de ceux utilisés en rhumatologie:
Malgré le nombre colossal de pilules avalées chaque année
sur la planète, et le budget qui s'ensuit, il existe très
peu de données sur l'intérêt global des médicaments
en santé publique.
Bien sûr les médicaments sauvent quotidiennement des vies,
surtout dans les pays pauvres où l'on s'attache à l'essentiel.
C'est pour les antibiotiques que le comptage est le plus facile, du moins
en apparence: un malade meurt ou non d'une infection grave selon qu'il
a reçu ou non un antibiotique.
En réalité les choses sont beaucoup moins simples: les infections
sont de gravité très variable; il faudrait savoir combien
de malades s'en seraient tirés sans antibiotique, ce qui n'est
éthiquement pas possible; combien vont mourir quand même
parce que l'infection a fait des dégâts avant que l'antibiotique
ne la jugule; combien vont mourir du traitement lui-même: allergie
foudroyante, libération de toxines liée à la destruction
brutale des germes, effets secondaires sur un organe vital (rein, foie,
coeur)... De très nombreuses personnes sont mortes indirectement
par l'utilisation abusive des antibiotiques: apparition de résistances
qui ont rendu certaines infections mortelles.
Ainsi déjà, pour un médicament aussi "carré"
qu'un antibiotique, apparaît la notion de balance bénéfice/
risque. Imaginez comme est floue la position du fléau de cette
balance, quand le médicament modifie de quelques % vos chances
de faire une maladie particulière. L'industrie pharmaceutique pèse
lourdement vers le côté "avantages" de la balance.
Le médecin est soumis à d'importantes pressions intellectuelles
et financières, et réagit de façon variable selon
son esprit critique et son éthique.
La réalité est qu'il n'existe pas de données fiables
pour apprécier l'intérêt général d'un
médicament: il faudrait disposer d'études comparant des
populations traitées ou non, en nombre et sur une durée
suffisante, en étant certain qu'améliorer un symptôme
ou une complication soit bien du au médicament lui-même,
et ne déclenche pas d'autres problèmes. Ces études
n'existent pas. A cause des lacunes dans la compréhension des maladies,
de l'impossibilité de recueillir tous les paramètres de
santé, de la subjectivité de certains paramètres
(le retentissement d'une maladie est très personnel), du manque
de fiabilité du recueil des données, de la manipulation
éventuelle des résultats à cause des énormes
intérêts financiers en jeu.
Les médecins sont obligés de jongler avec des études
qui se contredisent. Ils tentent d'apprécier leur validité
et de se faire une opinion avec des "méta-analyses",
qui regroupent tout ce qui a été publié sur un sujet
précis.
On est toujours en train de regarder par le petit bout de la lorgnette.
Personne n'est capable de vous dire combien de vies sont sauvées
par la pilule que vous prenez tous les jours pour le cholestérol
ou l'hypertension, encore moins si la vôtre le sera. Des questions
pourtant fondamentales.
Les méta-analyses aboutissent à des résultats stupéfiants,
comme remettre en question l'intérêt de la plupart des chimiothérapies.
Imaginez-vous annoncer cela à ceux qui en subissent les inconforts
majeurs?
L'homéopathie et les autres médecines alternatives sont
le reflet du manque de confiance croissant dans le médicament.
Ce ne sont pas de bonnes réponses. Il faut au contraire redonner
son importance au médicament: ce n'est pas un traitement à
prendre à la légère: on n'avale pas une pilule parce
que l'on n'a rien de mieux à faire. Pesez le pour et le contre.
Le médecin est quand même bien placé pour vous conseiller,
lui qui ne doit pas avaler plus du dixième de ce qu'il prescrit
dans les mêmes circonstances. Au lieu de l'inciter à remplir
l'ordonnance parce que c'est angoissant de repartir sans traitement, demandez-lui
ce qu'il prendrait, lui, en pareil cas...
Parenthèse: le médicament n'est pas seul dans cette situation:
il arrive aussi que l'on opère parce ce que l'on ne sait pas quoi
faire d'autre, que l'on utilise les médecines alternatives parce
que "au moins ça ne fera pas de mal": pas sûr,
s'il existe un traitement plus efficace. Informez-vous (lisez-nous!),
soyez un consommateur averti. Sachez aussi que l'information personnalisée
se monnaye, et que le grand drame de la médecine actuellement est
que les professionnels ne sont pas incités à prolonger les
consultations pour affiner le diagnostic et vous fournir ces explications.
La compétence des médecins est très mal utilisée.
On les a persuadés que le bon sens et l'examen du malade étaient
largement insuffisants dans une affaire aussi délicate que la santé.
On les a presque transformés en opérateurs de saisie pour
examens complémentaires.
Revenons aux médicaments. Qui nécessitent un grand ménage.
Pour retrouver la solennité et le caractère indispensable
de certains traitements. Pour ne pas vous retrouver avec cinquante produits
dans la pharmacie et des idées fausses ou très vagues sur
leur rôle. Pour ne pas avaler quotidiennement un chapelet de graines
"proposées dans..." (dixit le dictionnaire Vidal) l'éloignement
du spectre de la maladie...
Automédication:
10%
des médicaments sont pris en France sans prescription. C'est moins
que chez nos voisins, sans doute parce que les médicaments sans
ordonnance ne se trouvent pas encore dans les supermarchés comme
chez les anglo-saxons. Mais comme nous sommes de (très) gros consommateurs
de médicaments, ça nous place dans le peloton de tête
des médicaments auto-prescrits. Quelles conséquences?
Certaines sont favorables: faite à bon escient, l'auto-médication
peut diminuer le déficit de la Sécu! Les motifs réels
sont plus prosaïques: pas le temps d'aller chez le médecin,
marre des salles de (très longue) attente. L'envie de faire l'économie
d'une consultation n'est pas un motif aussi important qu'on l'imagine:
les plus enclins à l'automédication sont les plus hauts
diplômes et les plus hauts revenus.
Quels sont les risques? Les produits autorisés en vente libre ont
du faire la preuve de leur caractère inoffensif. Des allergies
sont toujours possibles: utilisez les médicaments que vous connaissez,
pas ceux que vous a conseillé untel. Ne faîtes pas de mélanges,
vous pouvez potentialiser des effets néfastes, comme l'aspirine
et l'ibuprofène sur l'estomac. Si un médecin vous prescrit
un traitement, demandez si vous pouvez y mélanger votre cuisine
personnelle. Mais l'écueil essentiel est: savez-vous exactement
ce que vous traitez? Reprendre des calmants parce que vous avez souvent
mal au dos ou la migraine semble "normal" (avez-vous eu une
consultation spécialisée?), mais finir une boîte d'antibiotiques
parce que l'on recommence à tousser... ce n'est pas forcément
le même germe, vous n'aurez sans doute pas de quoi faire un traitement
assez prolongé. Reprendre des anti-inflammatoires pour une épaule
régulièrement douloureuse, c'est ignorer les avertissements
d'un tendon agressé en permanence. Sachez que, même pour
un médecin, il est difficile de faire un bon diagnostic sur soi-même.
On est trop concerné pour avoir l'objectivité nécessaire.
Les
anti-inflammatoires font-ils des trous dans l'estomac?
Les
anti-inflammatoires couramment prescrits sont dits non stéroïdiens
(AINS) par opposition aux stéroïdiens qui sont les dérivés
de la cortisone. Ils ont une réputation bien établie d'agression
pour l'estomac.
Cette réputation est très largement exagérée.
Les AINS ont effectivement un effet délétère sur
la couche de mucus qui protège la paroi de l'estomac des sucs acides
qu'il contient. Première idée reçue dont il faut
tordre le cou: l'effet moins nocif des formes injectables et des suppositoires.
Il s'agit d'un effet sur le métabolisme des cellules de l'estomac
et non pas par contact direct du médicament sur la paroi. La nocivité
est donc identique. Même la forme gel cutané a pu être
rendue responsable de complications digestives quand elle est utilisée
en larges quantités.
La très grande majorité des brûlures d'estomac est
due à l'anxiété, le tempérament "bilieux".
L'effet nocebo des anti-inflammatoires est très important, du fait
de leur réputation sulfureuse. C'est-à-dire que le fait
de savoir que l'on avale un produit agressif a de fortes chances de provoquer
une intolérance, en dehors de toute lésion réelle
de l'estomac.
Prendre un AINS si vous êtes anxieux a donc toutes les chances de
poser un problème.
En général, les médecins le contournent par la co-prescription
d'un inhibiteur de la sécrétion acide. C'est très
efficace, mais la plupart du temps injustifié. Ce qui est traité,
ce sont les aigreurs dues à l'anxiété. Certains sont
mêmes tellement satisfaits de la disparition de ces aigreurs qu'ils
continuent l'anti-acide après avoir arrêté l'AINS.
Un élément important de réflexion: la majorité
des personnes admises en urgence pour un ulcère perforé
n'ont eu aucune douleur d'avertissement en prenant leur AINS.
Bien évidemment, les ulcères déclenchés par
les AINS existent. Mais ils sont beaucoup moins fréquents qu'on
l'imagine. Il est très difficile de déterminer la responsabilité
propre du médicament: la maladie pour laquelle on le donne provoque
un stress qui est également coupable. Nombreux sont ceux qui sont
privés définitivement des bénéfices de ces
médicaments pour avoir fait une gastrite ou un ulcère bénin.
C'est souvent une attitude excessivement prudente.
Que
penser des nouveaux AINS, censés ne plus agresser l'estomac, du
retrait du VIOXX?
Ces
produits, les "cox-2 sélectifs" sont apparus sur le marché
français en 2000. Lors de leur lancement, ils ont fait l'objet
d'une campagne promotionnelle tendancieuse dans de nombreux médias:
"nouveaux traitements de l'arthrose", lisait-on partout. Leur
effet est strictement identique à celui des autres anti-inflammatoires,
fréquemment utilisés dans l'arthrose, et leur arrivée
ne pouvait intéresser que ceux qui en étaient privés
à cause d'antécédents d'ulcère. Les études
montrent effectivement l'absence d'effet digestifs graves avec ces produits.
Attention, les intolérances, comme nous les avons décrites
ci-dessus, restent fréquentes, puisqu'elles sont souvent dues à
l'anxiété et à l'effet nocebo. Les autres effets
secondaires des AINS, aphtes, perturbation du fonctionnement rénal,
etc..., restent identiques. Beaucoup sont d'ailleurs découragés
par la liste impressionnante d'effets secondaires décrits dans
la notice de ces produits. Il faut savoir qu'à notre époque
de "sécuritite" galopante, les laboratoires sont obligés
de tout signaler, même le plus rare, le plus bénin et le
moins certain des effets indésirables attribués à
leur produit. Nul doute que si les fabricants des autres AINS devaient
recommercialiser leurs produits, les notices s'enrichiraient d'aussi impressionnante
façon (les autorisations de mise sur le marché étaient
moins sévères au cours des précédentes décades).
Retour de manivelle: les nouveaux AINS ont été accusés
d'augmenter le risque de maladie cardiovasculaire. Le Vioxx a été
retiré du marché. Les autres sont sur la sellette. Une véritable
bombe médiatique! Tous les malades se sont alarmés. Et pourtant,
le Vioxx a diminué notablement la mortalité liée
à la prise d'anti-inflammatoires, en évitant beaucoup plus
de décès par accident digestif qu'il n'en a créés
par ses effets indésirables cardio-vasculaires. Son retrait était
donc discutable. Toute cette affaire repose sur un mauvais usage du médicament,
comme nous en parlons dans notre intro.
Les
anti-inflammatoires sont-ils plus efficaces en piqûre?
La
puissance anti-inflammatoire et la tolérance pour l'estomac de
ces médicaments est en fait la même, qu'il s'agisse de la
forme comprimé, suppositoire ou injectable. Mais la plupart des
anti-inflammatoires ont un effet calmant propre, analogue à l'aspirine
et indépendant de leur action sur l'inflammation. Cet effet calmant
est parallèle à la concentration du produit dans le sang,
plus importante dans les 2 heures qui suivent une injection, ce qui expliquerait
l'effet plus net que vous pouvez ressentir. N'oublions pas que la piqûre
a un effet suggestif important... L'action de fond sur votre maladie n'est
pas meilleure. La tolérance digestive non plus (fréquence
d'ulcères identique avec les injections et les suppo). A vous de
voir si vous préférez les bleus aux fesses plutôt
que prendre un calmant pur en supplément.
Les
perfusions intra-veineuses d'anti-inflammatoires sont faites en hospitalisation
car réclament une surveillance plus étroite. Elles sont
réputées plus efficaces encore que les intra-musculaires*.
Mais là encore il n'est pas démontré que leur puissance
anti-inflammatoire soit supérieure. Le repos strict imposé
par l'hospitalisation participe certainement beaucoup au résultat.
Cortisone:
Nous
traitons ici de la cortisone prise par comprimés ou injections
régulières, ce qui diffère des infiltrations de cortisone
qui sont occasionnelles.
La cortisone est une hormone fabriquée par la glande surrénale.
Elle a des effets anti-inflammatoires et comme on peut l'administrer à
des doses largement supérieures aux doses naturelles, cela en fait
l'un des médicaments les plus puissants utilisés en rhumatologie.
Les effets indésirables:
Ils sont tous dépendants de la dose quotidienne et de la durée
du traitement. En-dessous de 7 mg de prednisolone (produit le plus utilisé)
par jour, la dose est proche de la fabrication naturelle de cortisone
par l'organisme: il n'y aucun effet indésirable démontré
à long terme, voire les personnes dont la glande surrénale
devient un peu paresseuse avec l'âge pourraient s'en porter mieux**.
Entre 7 et 12 mg (petite dose), les effets indésirables sont discrets
et tardifs (plusieurs années de traitement). Entre 12 et 20 mg,
ils sont plus nets mais pas chez tout le monde. Au-dessus de 20 mg et
après plusieurs semaines de traitement, ils sont quasi systématiques
mais là encore il y a de grosses variations individuelles.
* L'estomac: La cortisone peut irriter l'estomac voire favoriser un ulcère,
mais le risque est beaucoup plus faible qu'avec les anti-inflammatoires
classiques. L'association de cortisone et de ces anti-inflammatoires n'est
pas recommandé chez les fragiles de l'estomac et les personnes
âgées. Le risque est majoré. Les nouveaux anti-inflammatoires
(celecoxib, rofecoxib) n'ont pas cet inconvénient.
* Le sucre: La cortisone a un effet opposé à l'insuline
sur le taux de sucre (glycémie) dans le sang. Elle favorise donc
le diabète, mais chez ceux qui ont déjà tendance
à en faire (chez les autres, la sécrétion d'insuline
s'adapte). Le diabétique doit surveiller sa glycémie, et
le médecin adaptera éventuellement le traitement si un déséquilibre
survient.
* La tension artérielle, l'aspect rondouillard du visage: Ces 2
effets sont liés à la rétention d'eau et de sel qu'entraîne
l'action de la cortisone sur le rein. Le <régime sans sel>
limite cet inconvénient et doit être suivi strictement si
la dose dépasse 12 mg par jour. La tension artérielle sera
vérifiée par le médecin au premier contrôle
du traitement. Elle ne monte guère chez les personnes déjà
traitées. Il faut vous méfier si vos chiffres sont souvent
limites et que vous n'êtes pas traité.
* La prise de poids: 2 mécanismes: 1) La rétention d'eau
et de sel, fait prendre des kilos normalement peu nombreux (si vous respectez
le régime sans sel) et réversibles à la diminution
du traitement. 2) La graisse ne s'accumule pas vraiment sous l'effet de
la cortisone, elle se répartit différemment sur le corps.
Chez certaines personnes, l'appétit est stimulé. Mais la
plupart des vraies prises de poids sous cortisone viennent de la diminution
d'activité physique qu'entraîne la maladie pour laquelle
on la donne.
* L'ostéoporose: est accentuée par la cortisone. Cet effet
ne devient net qu'au bout de plusieurs mois à plusieurs années.
C'est donc en cas de traitement prolongé que le médecin
vous proposera une prévention, surtout si vous êtes une femme
et si vous êtes âgée.
* La cataracte: est accentuée, pas déclenchée, par
la cortisone. Le traitement risque d'avancer l'âge de votre opération
de cette maladie.
* L'ostéonécrose: Un Vrai Gros Problème de la cortisone,
heureusement exceptionnel. Les petites artères qui alimentent les
os peuvent se boucher dans le cadre de maladies diverses ou sans raison
apparente. Il semble que la cortisone à forte dose puisse favoriser
cet accident. Sur le moment on ne sent absolument rien, mais l'os ne se
répare plus, et s'il y a des contraintes importantes dessus il
peut finir par s'enfoncer. L'atteinte la plus vache est celle de la tête
du fémur: si elle se déforme, cela peut finir par une prothèse
de hanche, à n'importe quel âge. C'est très rare,
redisons-le, et cela concerne les traitements à forte dose, dans
des maladies où aucun traitement n'est très sympathique.
N'arrêtez pas brutalement un traitement par cortisone qui a duré
plusieurs semaines, surtout si la dose est forte. Le médicament
inhibe la fabrication naturelle de cette hormone par l'organisme. Le temps
qu'elle reparte, vous pourriez faire de sérieux ennuis. Si pour
une raison quelconque vous n'êtes plus d'accord avec la poursuite
du traitement, discutez-en tout de même avec votre médecin
pour qu'il vous le diminue progressivement.
Mais ne vous laissez pas trop effrayer par la liste des effets que nous
venons de détailler ou par ce que vous avez entendu dire sur la
cortisone. Ce n'est pas un médicament que les médecins emploient
à la légère. S'ils vous le conseillent, c'est pour
une maladie dont les dangers potentiels sont bien supérieurs. N'hésitez
pas à réclamer des explications détaillées
sur le sujet. Un manque de confiance dans votre traitement, quel qu'il
soit, va nuire à son efficacité.
Les antalgiques de niveau
1:
Médicaments
ayant principalement un effet anti-douleur. Dans cette catégorie
se classent les produits les plus sûrs: aucun effet secondaire grave
à redouter. Beaucoup sont en vente libre. Ceux qui ne le sont pas
ne sont pas plus dangereux pour autant. C'est pour que le médecin
puisse prescrire des trucs que vous n'aurez pas essayé! Les différentes
spécialités commerciales contiennent généralement
un médicament unique. C'est la forme et le dosage qui varient.
La référence est le paracétamol. Vu le nombre
de boîtes déjà avalées par les populations,
son innocuité est garantie. Même les allergies sont exceptionnelles.
Attention pourtant, il y a une dose limite à ne pas dépasser,
sinon vous pouvez faire une hépatite très grave. La dose
maximale a été récemment augmentée à
4 grammes par jour. Vous pouvez prendre jusqu'à 2 comprimés
à 500 milligrammes toutes les 4 heures dans la journée,
sans dépasser 8 comprimés par 24 heures.
Les anti-inflammatoires à faible dose (ibuprofène,
naproxène) sont vendus comme antalgiques. Ce sont les plus utilisés
en Amérique du Nord, tandis que le paracétamol est plus
populaire en France. Ils ne sont pas complètement dénués
d'effets sur l'estomac, mais le risque est minime, ce qui les a autorisés
à la vente libre.
L'aspirine doit être classée à part. C'est
un excellent médicament. Pour beaucoup il va être plus efficace
que les antalgiques de niveau 2. Il est en vente libre. Le calmant idéal?
Malheureusement ses risques digestifs sont bien connus. Quelques-uns vont
se faire un trou dans l'estomac. Son effet est rapide mais pas très
prolongé, ce qui peut favoriser les abus (survenue de vertiges
et de bourdonnements d'oreille). La dose maximale est de 1 gramme 4 fois
par jour mais il vaut mieux rester à 3 grammes par jour et espacer
les prises d'au moins 5 ou 6 heures. Les autres ennuis de l'aspirine sont
les allergies et les saignements facilités. En pratique elle a
reculé comme médicament de 1ère intention derrière
le paracétamol et l'ibuprofène, mais reste une référence
pour son efficacité. Elle a été trop décriée
dans les médias, peut-être parce que ce n'est plus un produit
très rentable et que les laboratoires préféreraient
voir utilisés des nouveautés commercialement plus intéressantes.
Nos conseils: si vous avez déjà utilisé l'aspirine
sans souci, prenez-en pour les douleurs occasionnellement vives. C'est
moins un traitement des douleurs continues à cause de son effet
bref. Soyez prudent en période de grand stress (principal moteur
des ulcères) et à partir de la soixantaine. Utilisez éventuellement
une protection pour l'estomac si vous l'employez régulièrement.
Les antalgiques
de niveau 2:
Contrairement
aux précédents, les antalgiques de niveau 2 sont majoritairement
des associations de médicaments: on additionne le paracétamol,
référence du rapport efficacité/innocuité,
à un produit agissant sur le système nerveux central, comme
la morphine mais sans les risques de dépendance. Le plus prescrit
(et génériqué) est le dextropropoxyphène-paracétamol.
L'association opium-paracétamol a aussi un très bon rapport
efficacité/tolérance. Enfin le tramadol est le plus récent,
le seul disposant de comprimés à libération prolongée
(1 pour 12 heures) mais le plus mal toléré. Les effets indésirables
sont dose-dépendants: somnolence, étourdissements, constipation.
Vous ne les testerez pas juste avant de prendre le volant. La susceptibilité
individuelle à ces produits est très variable. En première
prescription, votre médecin utilisera généralement
un des 2 premiers produits, réservant le tramadol aux résultats
insuffisants.
Il peut exister une véritable dépendance vis à vis
de ces calmants, surtout chez les personnes âgées. S'agit-il
d'une dépendance à l'effet? On a mal partout à cet
âge. Est-ce l'idée qu'on ne peut pas vivre sans une pilule
pour calmer? C'est très fréquent chez les plus anxieux.
Est-ce une vraie dépendance vis à vis du cousin de la morphine
qu'ils contiennent? C'est rare, et il n'y a jamais en fait de difficulté
à arrêter brutalement. En pratique la dépendance associe
ces différents motifs à des degrés divers. Si vous
voulez vraiment savoir si le médicament est encore utile, théoriquement
il faut non pas l'arrêter mais le remplacer par un placebo. Mais
vous trouverez difficilement des placebos d'aspect similaire.
Cannabis contre
la douleur?
Les
effets calmants des dérivés du cannabis ont été
étudiés, certains demandant sa légalisation comme
médicament. Il est en effet aussi efficace que la codéine
et les anti-inflammatoires, mais avec davantage d'effets secondaires sur
le système nerveux: tremblements, vertiges, somnolence, délire...
Un créneau où il est plus efficace: les névralgies
chroniques. Son intérêt pourrait être aussi économique:
plus facile à se procurer dans les pays pauvres. Le sujet de la
légalisation des drogues douces restant très sensible, il
n'est pas prévu d'en faire un médicament pour le moment.
Le joint reste une automédication "artisanale".
Traitement des
douleurs aiguës: morphine et dérivés:
La
morphine fait peur à certains, est trop facilement employée
dans d'autres cas. Elle devrait être donnée très facilement
dans des douleurs aiguës et permanentes quand on sait que c'est juste
un cap difficile à franchir: la maladie va évoluer favorablement,
avec ou sans l'aide d'autres traitements. C'est aussi le médicament
des douleurs terminales et sans issue (cancers incurables). Nous sommes
beaucoup plus réservés quant à l'utilisation dans
des douleurs chroniques (non cancéreuses). L'effet a tendance à
s'épuiser et il faudrait augmenter régulièrement
la dose pour le conserver. Si on s'est laissé piéger ainsi
et que l'on veut abandonner, ça ne se passe pas sans grosses difficultés:
la dépendance physique se manifeste. Il faut diminuer progressivement
les doses pour que votre corps aie le temps de re-fabriquer ses propres
calmants (endorphines). Mais il faut diminuer. Car si vous êtes
dépendant, vous freinerez le processus...
Pourquoi l'effet s'épuise-t-il? Tous les calmants marchent
bien sur les douleurs provenant de lésions "actives",
récentes. Dans la douleur prolongée apparaît un dysfonctionnement
du système nerveux. La douleur n'est plus proportionnelle à
la lésion. Elle devient autonome. Elle galope toute la journée
comme un cheval sans sa bride. En utilisant la morphine on atténue
plus nettement la douleur de lésion, mais pas ce dysfonctionnement
du système nerveux, qui ramène progressivement votre douleur
à son niveau initial.
Quelles sont les bonnes indications de la morphine? Toutes les
douleurs aiguës insuffisamment soulagées par les antalgiques
de niveau 2. Il est justifié d'utiliser d'emblée la morphine
pour les douleurs les plus violentes, sciatique, cruralgie, névralgie
cervico-brachiale. Dans les douleurs chroniques nous l'avons vu nous sommes
plus restrictifs. Il faut avoir épuisé les moyens non médicamenteux,
kiné, électrostimulation antalgique, etc... et avoir bien
étudié votre façon de vivre cette douleur dans votre
environnement habituel. Un bilan psy est nécessaire, ne vous en
formalisez pas. Il ne faut pas vous donner de la morphine parce que l'on
a rien d'autre à essayer...
Quand vous démarrez la morphine, attendez-vous à
quelques déboires. Beaucoup sont nauséeux et "à
côté de leurs pompes". A partir d'une certaine dose
la constipation devient un sérieux problème. La paresse
de votre intestin est favorisée par une paresse physique globale.
Pour limiter ces inconvénients, votre médecin démarrera
à dose progressive et vous conseillera une prévention de
la constipation. Vous augmenterez plus ou moins vite selon votre tolérance,
jusqu'à une dose qui dépend uniquement du résultat.
On utilise des comprimés à libération prolongée
(1 pour 12 heures) ou des patchs cutanés. Vous pouvez avoir en
plus des comprimés à libération immédiate
pour passer les caps difficiles. La morphine utilisant les mêmes
récepteurs que les antalgiques de niveau 2, il ne faut pas les
continuer: ils vont empêcher son action. Vous pouvez continuer le
paracétamol, mais son effet passe inaperçu quand on est
sous morphine. Les anti-inflammatoires et les myorelaxants peuvent être
aussi continués, mais les seconds additionnant leur somnolence
à celle de la morphine, vous risquez d'être "zombifié".
Certaines personnes ne réagissent pas à la morphine à
dose habituelle, probablement parce qu'elles ont déjà une
sécrétion naturelle d'endorphine très efficace.
Voyez
aussi calmants et effets secondaires,
douleur et psychisme.
Les relaxants
musculaires (myorelaxants):
Les
relaxants musculaires se divisent en 2 catégories:
- Les relaxants musculaires purs: sans effet sur la vigilance.
Ils sont considérés comme des traitements d'appoint car
le muscle est rarement le principal coupable dans les douleurs rhumatologiques.
- Les benzodiazépines: ces
médicaments ont plusieurs effets: somnifère, décontractant
musculaire et anxiolytique (luttant contre l'anxiété), diminution
des douleurs neurologiques. Ils sont plus puissants que les précédents
mais ont des effets indésirables plus marqués du fait de
ces actions multiples. Ce sont des "ralentisseurs" de neurones
et certains auront l'impression désagréable d'avoir de la
mélasse dans la boîte crânienne. D'autre au contraire
vont être plutôt énervés. Les plus difficiles
à assommer sont les grands nerveux. Ce sont eux en général
qui tirent les meilleurs bénéfices de ces produits.
*Benzodiazépines somnifères et chutes chez les personnes
âgées:
Les méchantes petites pilules dont ne peuvent se passer certains
seniors pour dormir sont accusées de favoriser les chutes. Séquence
classique: somnifère au coucher, lever nocturne précoce
pour une vessie pressante, radar perturbé par le somnifère,
chute, fracture du col du fémur. Il semble en fait que l'on aie
un peu trop diabolisé ces médicaments: une étude
sérieuse n'a pas pu confirmé une augmentation du risque
de fracture chez ceux qui en prennent. Mais ce ne doit pas être
une incitation à les utiliser facilement. A cause des autres risques:
dépendance, troubles de la mémoire et de l'attention.
La bonne façon d'utiliser les somnifères est de les prendre
ponctuellement, pour passer un cap difficile: douleurs nocturnes, voyage
avec décalage horaire, stress ou surmenage inhabituel. Si vous
avez une tendance régulière à l'insomnie, ne touchez
pas à ces produits: vous deviendrez très vite accro, incapable
de fermer l'oeil sans votre pilule. Il existe d'autres méthodes
contre l'insomnie et les ruminations: exercice physique régulier
dans la journée, exercices intellectuels avant le coucher. Vous
devez fatiguer votre corps et votre cerveau pour qu'il ait envie de se
reposer. Cherchez la méthode qui vous convient le mieux.
Pansement alcoolisé:
Effet
anti-inflammatoire rapide à la phase aiguë d'une contusion,
entorse, arthrite, tendinite. Peut s'additionner sans problème
aux médicaments par voie orale, pas d'effets secondaires. En pratique:
placer des compresses ou du coton entourant la zone à traiter,
imbiber largement d'alcool à 60 ou 70° modifié (pas
d'alcool à 90°, qui déssèche trop la peau), entourer
d'un plastique (rouleau de film plastique alimentaire par exemple) puis
d'une bande velpeau pour tenir le tout. A garder 12 heures sur 24, par
exemple à faire le soir et tout ôter au matin.
Médicaments
placebos
Traitement >
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