Est-il
prudent de voir directement un manipulateur ou faut-il voir son médecin
d'abord? Faut-il voir un manipulateur médecin ou non-médecin?
Ce site est fait par des rhumatologues mais le corporatisme en est absent.
Notre but sera toujours de présenter une information objective.
Depuis 2002, le diplôme d'ostéopathie est reconnu en France.
La situation demeure floue pour de nombreux manipulateurs non-médecins
car les formations ne sont pas toutes reconnues. Il n'y a toujours pas
de remboursement par la Sécurité Sociale, sauf dans le cadre
d'une consultation médicale. La plupart des ostéopathes
"cotés" ne désirent pas ce remboursement, qui
les obligeraient à revoir leurs honoraires à la baisse et
à subir un contrôle sur leur activité. Les médecins
empruntent le même chemin, dans un contexte de stagnation des tarifs
conventionnés avec la sécu: ceux qui se lancent dans l'ostéopathie
quasi-exclusive ont tendance à se déconventionner complètement,
ne permettant plus le remboursement des soins, et créant de fait
une médecine à 2 vitesses. Est-ce normal? Nous en discutons
ici.
Le succès des manipulations repose essentiellement sur l'habileté
manuelle, pas sur des connaissances théoriques. Les connaissances
sont importantes pour comprendre ce que l'on fait, et donc pour transmettre
ces connaissances. Un manipulateur faiblement intéressé
à l'anatomie et aux méthodes scientifiques peut avoir une
bonne compétence pratique, une habileté de bidouilleur.
C'est le rebouteux de campagne qui rend bien des services depuis des décennies
malgré l'hostilité de la médecine traditionnelle.
Celle-ci aurait mieux fait de s'y intéresser plus tôt, et,
au lieu de faire du dénigrement systématique, d'encadrer
ces pratiques. Il a fallu attendre en France un Robert
Maigne pour qu'un éclairage scientifique soit enfin apporté
à cette médecine particulièrement populaire.
Certains manipulateurs sont cependant des mécaniciens sans formation
d'ingénieur: les plus honnêtes n'expliquent pas comment marchent
leurs techniques, les autres fabriquent des théories d'autant plus
impératives qu'elles sont ésotériques! Ils transmettent
des "trucs", qui ne fonctionnent que s'ils sont reproduits de
façon strictement identique et dans une situation rigoureusement
analogue. Leur expérience personnelle, plus vaste, n'est pas transmissible
parce qu'eux-mêmes ont bien du mal à codifier ce qu'ils font.
Un anatomiste, qu'il soit médecin ou non, peut faire un compte-rendu
compréhensible et transmissible: "j'ai mis en tension tel
muscle, j'ai mis en raccourcissement tel autre...". Un physiologiste
peut commencer un début d'explication: "telle action réduit
le signal douloureux de tel nerf", "tel étirement rééquilibre
l'axe de fonctionnement de telle articulation...". Disons-le tout
net: aucune explication claire et définitive n'a encore été
donnée aux effets des manipulations. Plusieurs mécanismes
peuvent expliquer la façon dont les manipulations opèrent.
Les connaître permet de comprendre comment manipuler voire s'auto-manipuler
avec succès, au-delà des effets de manche dont aiment à
s'entourer certains thérapeutes à chapeau pointu. Pour les adhérents:Le
mode d'action des manipulations
Un médecin peut être un très mauvais manipulateur,
un non-médecin habile peut trouver sans aucune connaissance préalable
comment faire céder des douleurs vertébrales. Intuitivement
on peut même penser que ce sont plutôt ceux qui s'orientent
vers les métiers manuels de la médecine (les kinés)
qui seraient plus doués que ceux qui choisissent les bouquins.
Ce n'est pas si simple car intervient aussi la réussite aux études:
des étudiants brillants au concours de médecine auraient
pu faire de bons kinés, d'autres choisissent la kiné parce
qu'ils ont raté médecine ou professeur d'éducation
physique mais ne sont pas forcément de bons manuels. En fait aucun
diplôme ne permet actuellement de sélectionner les thérapeutes
manuels les plus compétents. C'est une méthode trop empirique.
La seule "notation" est le degré de satisfaction des
personnes traitées, ce qui est important mais trop vague pour être
quantifié. Nous ne conseillerons donc pas de faire réaliser
la manipulation par un médecin plutôt qu'un non-médecin.
C'est une affaire de personne, et aussi de confiance car il n'est pas
bon d'être crispé si l'on doit se faire manipuler.
Les choses sont différentes quant à l'indication de la manipulation.
Certains manipulateurs non-médecins ne sont pas formés à
reconnaître les cas à ne pas toucher. Aux Etats-Unis où
l'ostéopathie a depuis longtemps une reconnaissance officielle,
les ostéopathes ont une formation médicale complète,
avec 4 années d'étude des sciences fondamentales. Seule
une partie fait réellement des manipulations par la suite, les
autres exerçant une médecine tout à fait classique.
Ce n'est pas le cas des ostéopathes non-médecins en France,
qui ont suivi pour la plupart des formations très détaillées
et très performantes, mais où la médecine manuelle
est considérée comme universelle, et où le dogme
a tendance à remplacer la réflexion et le consensus. Ces
ostéo sont donc très recentrés sur les manipulations.
Beaucoup cependant prennent leurs distances vis à vis des dogmes,
leur expérience personnelle les y incite. Il y a toujours des bons
et des mauvais résultats. Mais en cas de doute, ils ne peuvent
pas prescrire les examens qui permettraient d'y voir plus clair, n'étant
pas intégrés au réseau classique de santé.
Globalement en France, il y a peu d'accidents ou de retards diagnostiques
dus aux ostéopathes non médecins. Les médecins se
font bien sûr des gorges chaudes de ces accidents, mais combien
de personnes meurent chaque année de la prise de médicaments
non strictement indispensables?
Le faible nombre d'accidents vient cependant du fait que les français
ont encore peu tendance à aller voir un non-médecin pour
un problème qui n'a pas reçu de diagnostic. Les ostéos
voient en grande majorité des gens qui sont de bonnes indications
à leurs techniques. Autant il est nécessaire que les médecins
traditionnels soient mieux formés aux indications des techniques
manuelles, autant il ne faudrait pas que les ostéo non-médecins
soient utilisés comme diagnosticiens généralistes.
Nous reparlerons des risques plus loin.
La première fois, il est préférable qu'un médecin,
habitué aux problèmes vertébraux et sans à
priori négatif sur aucun traitement, fasse les examens nécessaires,
établisse un diagnostic et conseille sur le traitement le plus
adapté. Si celui-ci comporte des manipulations, vous êtes
libre de les faire chez le thérapeute qui vous inspire le plus
confiance, et peut-être que l'avis de vos amis et voisins sera plus
utile que les diplômes que vous verrez accrochés aux murs...
Reproche principal à (certains) manipulateurs non-médecins:
ne pas chercher à s'intégrer dans un réseau de santé.
Il est pourtant très facile de prendre son téléphone
pour appeler le médecin traitant, ou conseiller au patient d'aller
le voir pour faire des examens. Les freins: on est placé dans la
situation du "sauveur" par le consultant, on demande un tarif
un peu élevé (et non remboursé) pour un simple avis
(mais on peut nuancer). C'est pourtant le travail en équipe qui
permet d'éviter les erreurs. Rien ne vaut le bon vieux "staff"
sur les cas difficiles.
Reproche principal à (certains) médecins: ne pas connaître
les indications des manipulations et diaboliser tous les manipulateurs
non-médecins. S'ils ne manipulent pas eux-mêmes, ils se privent
d'une facette importante du traitement des affections vertébrales.
En dehors des techniques manuelles,
que penser des conceptions des ostéopathes, étiopathes,
chiropracteurs... ?
C'est là où le conflit avec l'Académie de Médecine
se polarise. Ces cadres théoriques ont été créées
par des mécaniciens inventifs, pas des ingénieurs, sur la
base de constatations ponctuelles. C'est malheureusement à l'opposé
de la démarche scientifique qui consiste à proposer, à
partir de la théorie, des expérimentations capables de la
confirmer ou de l'infirmer. Ces expériences n'existent pas et c'est
dommage, car on ne peut nier l'effet placebo important d'une manipulation,
geste qui peut être perçu comme aussi invasif qu'une injection
(dans les études comparant l'infiltration d'un produit actif à
de l'eau salée, l'effet placebo de la piqûre est considérable).
Sans respecter la démarche scientifique, les ostéopathes
et apparentés ont néanmoins bâti une école
de pensée qui déborde largement le cadre des douleurs vertébrales.
2 éléments à décharge: un courant se fait
jour pour remettre en question les dogmes et rationaliser les conceptions
des précurseurs historiques; et il faut admettre que la démarche
scientifique classique est très mal adpatée aux techniques
manuelles: il est difficile de codifier l'affection et le traitement administré,
c'est-à-dire appliquer un traitement strictement identique à
des personnes présentant strictement la même affection, et
le comparer chez un nombre suffisant de patients à un simulacre
réaliste... mais pas efficace (sur quels critères?).
Certaines douleurs en apparence viscérales peuvent avoir pour origine
un problème vertébral (voir douleur
abdominales, thoraciques). Réciproquement
certaines affections des viscères peuvent se révéler
par des douleurs en apparence musculaires ou vertébrales. Certains
ostéopathes sont capables de faire la différence entre une
maladie réellement accessible aux manipulations ou non. Mais ce
n'est pas une formation très répandue. C'est dangereux d'aborder
les maladies viscérales sous l'angle de la médecine manuelle,
car le risque est grand de négliger une affection grave et de rater
un traitement efficace. Un retard de traitement n'a jamais de conséquences
vitales dans les indications de la médecine manuelle, contrairement
à celles de la médecine classique.
Nous conseillons donc pour vos troubles digestifs, pulmonaires, palpitations,
douleurs corporelles diverses, de toujours commencer par faire un bilan
médical classique. Celui-ci va éliminer une maladie grave.
Ce n'est pas toujours facile. La médecine répertorie toutes
les maladies mais le diagnostic est parfois difficile et peut demander
du temps. L'évolution permet souvent d'y voir clair. L'absence
de nouveaux symptômes est généralement rassurante,
même si les troubles initiaux persistent. Si les médecins
vous affirment qu'il ne se passe rien de grave, libre à vous de
tater de la médecine manuelle voire des patamédecines.
Vous entrez dans le domaine des croyances, mais au moins vous n'avez pas
perdu une chance de vous faire mieux soigner.
L'antagonisme entre manipulateurs non-médecins et médecine
classique repose moins sur un conflit d'intérêts que sur
la mauvaise formation des médecins en France à reconnaître
et à traiter les problèmes de blocages vertébraux.
Ils conseillent rarement les manipulations et autres traitements physiques
à base d'étirements quand il le faudrait. Il est vrai qu'il
est difficile de prescrire ces traitements encore mal codifiés
sans les connaître bien soi-même. Un bon thérapeute
manuel est un artiste qui utilise les outils à sa disposition en
fonction de ce qu'il trouve, comme un sculpteur suit les veines du bois
pour révéler une création qui est déjà
en partie dans son matériau. Cela explique les résultats
très variables selon la personne qui officie.
De
plus, le manipulateur n'agit pas que par des moyens physiques. Une séance
vous place dans un état de détente qui est un véritable
état d'hypnose plus ou moins profonde. Dans cet état second,
le discours lénifiant du thérapeute soutient considérablement
le traitement manipulatif proprement dit en vous persuadant que votre
colonne peut refonctionner normalement après ces quelques ajustements.
Les manipulateurs sont donc aussi des psychothérapeutes (comme
la plupart des gens qui s'occupent des douleurs physiques et morales),
mais la plupart utilisent ces méthodes sans avoir conscience de
la façon dont elles interviennent. Ils préfèrent
parler de "flux céphalo-rachidiens" et autres fantaisies
sans fondement scientifique. Beaucoup de thérapeutes manuels très
compétents sont ainsi incapables d'expliquer clairement comment
ils soulagent leurs patients, car ils se rendent bien compte que leur
action ne se résume pas à faire craquer des vertèbres.
Les conséquences sont celles d'une séance d'hypnotisme:
le patient déballe facilement les aspects les plus intimes de sa
vie, que parfois il n'a avoué à personne d'autre jusque
là. Il ressent un soulagement immédiat, dès la fin
de la séance. Il peut au contraire en retirer un malaise, voire
réagir très négativement, quand les mots qu'il ne
fallait pas ont été prononcés lors de cet état
particulièrement réceptif. Il faut aussi se méfier
des séances qui n'ont pas été "fermées",
car le manipulateur ne connaît pas forcément ces notions:
s'il ne vous rend pas la plénitude de vos sensations à la
fin de la séance, vous pouvez rester dans un état second,
et arriver chez vous sans vous souvenir du tout du trajet!
L'effet placebo est également d'importance considérable
dans les thérapies manuelles. Ce n'est pas un effet purement mental.
Il déclenche d'authentiques réactions bénéfiques
(si vous êtes réceptif au discours du thérapeute)
ou néfastes (si vous êtes sceptique et inquiet) dans votre
corps. Vous vous auto-améliorez (ou auto-aggravez). Lisez cette
étonnante information sur l'effet placebo. C'est par ce biais
que vous pouvez être soulagé... sans même avoir été
touché!
Illustré de nombreux exemples, ce guide permet de comprendre
les fondements de l'ostéopathie et ses différentes
applications. Chaque indication est présentée dans
le détail, complétée par des informations pratiques:
quand consulter, nombre de séances, contre-indications éventuelles.
Le plus : Des exercices d'auto-ostéopathie
vous permettront de prévenir les premières douleurs
ou d'entretenir le résultat.
Prise en charge, législation, adresses: toutes les réponses
pour choisir en connaissance de cause un thérapeute si nécessaire.
La
chiropratique:
A l'heure où l'ostéopathie utilise de plus en plus de techniques
indirectes et antalgiques pour éviter les incidents des manipulations,
la chiropratique devient la spécialité la plus centrée
sur la manipulation vertébrale. La lésion de base en chiropratique
est la subluxation vertébrale. Le traitement est une mobilisation
très sèche et courte, contrairement aux autres techniques
qui utilisent généralement des bras de levier plus importants.
Le site des
chiropracteurs français,
qui s'efforce de codifier et rationaliser cette pratique.
Le guide sceptique
de la chiropratique, en anglais, mais vous pouvez utiliser un traducteur
en ligne: celui de Voila
ou de Altavista
Quels
sont les risques des manipulations?
Le risque le plus fréquent est le réveil de votre douleur
habituelle. C'est habituellement temporaire, de quelques heures à
quelques jours. Ce peut être plus durable. En mobilisant la zone
de conflit, le résultat n'est jamais parfaitement prévisible.
Il faut que la personne traitée soit prévenue, et que le
thérapeute reconnaisse un résultat défavorable, qui
ne met pas forcément sa compétence en cause.
L'accident grave d'une manipulation cervicale est l'accident vasculaire
cérébral: troubles de sensibilité, coordination,
langage, vision... ne disparaissant qu'1 fois sur 5. Il peut survenir
immédiatement ou dans les 48 heures. Aucun signe prédisposant
n'a été mis en évidence. L'accident est imprévisible.
N'en retirez pas une appréhension extrême si vous devez vous
faire manipuler. Ces accidents sont tout à fait exceptionnels.
Une centaine de cas ont été publiés dans la presse
scientifique depuis le début des manipulations dans les années
30. Il y en a eu certainement davantage, mais cela reste très inférieur
au risque que vous prenez en avalant des médicaments même
anodins en apparence, ou en conduisant votre voiture!
L'accident le plus sévère d'une manipulation lombaire est
la mobilisation défavorable d'une hernie discale aboutissant à
une sciatique très douloureuse ou paralysante, ou un syndrome de
la queue de cheval (troubles des sphincters, urgence chirurgicale). Il
est en fait fréquent de voir un banal lumbago transformé
en sciatique après une manipulation. Le lumbago est généralement
du à une migration de fragment discal, qui peut déjà
être une hernie, mais qui n'est pas au contact d'un nerf sciatique.
La manipulation peut justement l'amener au contact. Il ne s'agit souvent
pas de sciatique violente, mais elles peuvent traîner longtemps.
La plupart du temps on n'ose pas vous remanipuler, ou vous avez déjà
changé de thérapeute, échaudé par le résultat,
et êtes revenu à un traitement plus classique par anti-inflammatoires
ou infiltrations. Pourtant une nouvelle manipulation serait sans doute
le traitement le plus radical, car le problème est essentiellement
mécanique et peu accessible aux médicaments**.
Nous sommes au coeur d'une controverse: faut-il manipuler ou non en cas
de hernie discale? Beaucoup de médecins pensent que non, à
cause de ces sciatiques paralysantes qui peuvent survenir. En fait ces
accidents sont très exceptionnels si l'on pense au nombre de personnes
qui sont manipulées avec succès sans avoir eu de scanner
au préalable et qui ont probablement une hernie discale. Nous ne
conseillons d'ailleurs pas de faire un scanner systématiquement
avant de manipuler: la présence d'une hernie n'est pas une contre-indication
formelle et il n'y a pas de caractères précis au scanner
qui permettent de déterminer le risque d'accident. Les contre-indications
aux manipulations ne sont pas écrites: c'est l'expérience
et l'examen clinique du thérapeute qui lui permettent de savoir
ce qu'il peut faire. Ayez donc affaire à une personne compétente
pour un traitement qui est, plus que les autres, opérateur-dépendant.
Voyez aussi:
Pour les adhérents:Vous n'avez pas eu de radios avant une
manipulation. Est-ce normal?
Pr
Robert Maigne
Maigne est le premier médecin français à s'être
intéressé aux médecines manuelles sous l'angle scientifique.
Il a sorti de l'opprobe un secteur essentiel de la prise en charge de
l'appareil locomoteur, décrié par ses pairs parce que "rebouteux"
et non scientifique, et pourtant tellement quotidien... Lui-même
fut l'objet d'ostracisme de la part de ses collègues, avant que
ses travaux obtiennent enfin la reconnaissance qui leur est due. Actuellement
l'école Maigne a une réputation internationale. Elle est
reconnue comme le meilleur centre européen de formation aux médecines
manuelles. Elle est internationalement celle qui a bâti le meilleur
cadre scientifique pour expliquer des méthodes manuelles qui font
la démonstration de leur efficacité au quotidien, en les
dépoussiérant des justifications souvent farfelues qui les
accompagnent.
Adresses:
Ordre des médecins 01 53 89 32 00
Union fédérale des ostéopathes non-médecins
04 75 25 79 04
Association française de chiropratique 01 45 55 24 18
Fédération européenne des ostéopathes 03 88
37 04 76